naturelle (histoire) (suite)
Les programmes de l’enseignement secondaire s’alignent sur cette nouvelle orientation ; l’expression sciences naturelles est remplacée par biologie ou, plus tardivement, par sciences de la vie. Maint biologiste manifeste un complexe de supériorité vis-à-vis du naturaliste, dont le portrait partial tend au ridicule ; cet homme des champs et des prés porte une boîte verte, une musette avec quelques flacons et un filet à papillons.
Il faut bien reconnaître qu’actuellement l’observation du vivant dans la Nature s’avère de plus en plus difficile en raison de la disparition des biotopes devant l’envahissement des constructions. Que de mares, de ruisseaux, de tourbières, de marécages, de prairies, de coteaux au peuplement végétal et animal xérophile sont à jamais disparus ! La science expérimentale pratiquée dans un laboratoire sur des animaux d’élevage présente un certain confort que n’apporte pas toujours la quête dans la Nature.
Et surtout, certains, en souriant de la vieille histoire naturelle, estiment que zoologie et botanique n’offrent plus grand intérêt ; seuls quelques progrès de détail sont à attendre.
Une réhabilitation opportune
Ces conceptions trop courantes depuis plusieurs décennies sont erronées. La faune s’est considérablement enrichie, et, sans vouloir donner un tableau exhaustif des découvertes parfois importantes (embranchement des Pogonophores créé en 1944 pour des animaux rares et mal connus jusqu’à cette époque), on citera deux exemples significatifs. Un inventaire récent (Ch. Bocquet, 1971) mentionne la découverte, dans la région de Roscoff, de 1945 à 1970, de 334 espèces, sous-espèces ou variétés, dont 34 pour le règne végétal et 300 pour le règne animal. Pour la faune, 44 genres, 4 familles, 1 sous-ordre et 1 ordre nouveau ont été décrits, bien que la zone de Roscoff ait été particulièrement bien fouillée antérieurement à 1945, en raison même de la présence du laboratoire maritime, fréquenté par de nombreux chercheurs.
Le second exemple se rapporte à la faune interstitielle des eaux littorales et souterraines ; le peuplement de ce biotope fort particulier est encore en cours d’étude ; une faunule originale, riche en Protozoaires, en Turbellariés, en Archiannélides et en Crustacés, y a été découverte ; sa description, sa taxinomie, les modifications du cycle des diverses espèces sont observées et analysées.
Les vieilles sciences fondamentales sont indispensables à la biologie expérimentale ; elles en sont le support obligatoire. Et peut-être atteignons-nous un point critique : l’engouement actuel pour l’écologie oriente vers un retour à la Nature. Animal et plante ne sont plus considérés isolément ; l’individu cède le pas à l’écosystème, c’est-à-dire aux êtres vivants qui fréquentent un biotope déterminé. Une étude scientifique des rapports des êtres vivants avec leurs milieux nécessite une identification des espèces, de leur fréquence, de celle des individus ; le milieu prospecté doit être analysé ; il faut connaître sa structure, sa composition, son degré d’homogénéité. Ces indications renseignent sur les moyens les plus adaptés à la récolte de la faune et permettent la réalisation de plans d’échantillonnages. Le naturaliste-écologiste équipé d’un appareillage spécialisé fréquentera de nouveau le terrain pour observer et comprendre les documents qu’il obtiendra.
A. T.
➙ Botanique / Buffon / Cuvier / Géologie / Lamarck / Minéralogie / Zoologie.