Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

natation (suite)

On envisagea pour la première fois un championnat du monde en 1900, dans le cadre des jeux Olympiques de Paris, afin que cette appellation attirât le public. Mais les véritables premiers championnats du monde se sont déroulés en 1973 à Belgrade, organisés par la Fédération internationale de natation amateur (F. I. N. A.), d’ailleurs créée seulement en 1908, durant les jeux Olympiques de Londres. Jusqu’alors, la natation était apparue à l’échelle mondiale, dans le cadre des jeux Olympiques d’Athènes en 1896, mais, douze ans plus tard, le président de la fédération anglaise, George Hearn, estima qu’il était utile de discuter de nouveau des règles, notamment celles de l’amateurisme. Huit nations étaient présentes à ces conversations, tenues en juillet 1908 (Belgique, Danemark, Finlande, France, Allemagne, Grande-Bretagne, Hongrie, Suède). Il apparut nécessaire de fonder un organisme établissant des règles concernant la natation et le water-polo, de dresser une liste de records du monde et de prendre la responsabilité de former un programme olympique de compétitions. La langue officielle fut le français, d’ailleurs conservé dans la dénomination de l’organisme mondial, la langue anglaise étant acceptée dans la définition des règles. Actuellement, la F. I. N. A. regroupe plus de cent pays. Dans le cadre de la F. I. N. A., la Ligue européenne de natation groupe vingt-huit nations, et, grâce à une organisation comparable à celle de la fédération internationale, règle les problèmes spécifiques posés par les compétitions européennes.


Les jeux Olympiques

L’évolution historique de la natation doit être suivie d’abord au fil de la mise au point des styles, et notamment du crawl, la nage la plus rapide. Ensuite, les différentes manières de nager étant réglementées, les jeux Olympiques, seul véritable rassemblement mondial de l’élite (jusqu’en 1973), permettent de suivre les progrès de ce sport, liés à l’amélioration qualitative et quantitative de l’entraînement.

Bien que le fameux nageur hawaiien Duke Kahanamoku ait expliqué en 1912, après son succès sur 100 mètres à Stockholm, qu’il avait appris le crawl d’après un style de nage utilisé dans les îles du Pacifique depuis des générations et que des récits de l’Antiquité offrent même des descriptions d’une nage fort proche du crawl, on considère que le crawl est sinon de création, du moins de mise au point australienne, dans le contexte de la natation sportive moderne. À l’origine de celle-ci, en Grande-Bretagne, la brasse régnait et le crawl était inconnu. Pourtant, aux environs de 1840 apparaissait l’english side stroke (« nage de côté à l’anglaise »), reconnaissable à sa position, mais aussi à un mouvement alterné des bras sous l’eau et à un ciseau, et que l’on nomme encore en France la marinière. Cette forme de nage se précisa grâce aux observations que fit l’Australien C. W. Wallis sur les nages des indigènes du Pacifique, qui évoluaient sur le côté, mais en sortant, pour leur part, un bras hors de l’eau. Ce style, parvenu en Europe, fut nommé single overarm side stroke ou plus simplement overarm stroke, soit, littéralement, « nage avec bras au-dessus de l’eau » ; il fut considéré comme le plus efficace jusqu’à la fin du siècle en ce qui concerne le sprint et jusqu’en 1910 environ pour le demi-fond. Le trudgeon lui succéda. Dû à un Anglais (J. Trudgen), qui lui donna ce nom, ce style fut emprunté aussi à des nageurs de couleur, des Cafres, d’Afrique du Sud, dont la façon de nager était caractérisée par un mouvement alterné des bras, mais cette fois au-dessus de l’eau avec position ventrale du corps. Repris et divulgué en Europe, il fut également nommé double overarm stroke, lorsqu’il s’accompagna d’un ciseau de jambes, alors que le trudgeon originel, se pratiquait avec un mouvement de jambes de brasse. C’est en double overarm stroke que l’Australien Frederick Lane réussit 1 mn au 100 yards (91,40 m) en 1902, après avoir remporté le 200 mètres des jeux Olympiques de 1900 à Paris dans la Seine.

C’est à la naissance du siècle que l’on a retrouvé la première trace du crawl actuel, né des recherches d’un Australien, Richard Cavill, qui combinait le mouvement du double overarm stroke avec un battement de jambes. À la suite des observations faites sur un autre nageur australien, Alec Wickham, et une fois encore sur des indigènes (de Ceylan) ainsi que d’après des tests chronométrés dans l’établissement de bains que lui avait légué son père, autre pionnier de la natation, Cavill juxtaposa le mouvement de bras du double overarm stroke à un battement de jambes opéré alternativement et sur un plan vertical. Il fut battu dans la compétition durant laquelle il inaugura cette manière de nager à Sydney, en 1898, mais sa vitesse au démarrage attira l’attention de tout le monde. L’autre initiateur du crawl, Alec Wickham, réalisa 24 s 6/10 au 50 yards en 1904 ; selon l’Australien Frank Beaurepaire, médaillé olympique et historien de la natation, il avait appris cette nage avec les indigènes des îles Salomon, où il résidait. Le crawl était né, et il porta longtemps en Europe le nom d’australian crawl ou même d’australian splash (« éclaboussement australien »). S’il s’imposa dès 1908 aux jeux Olympiques de Londres en sprint grâce à l’Américain Charles Daniels, il ne fut accepté en demi-fond qu’après 1920, car on l’estimait peu économique. Le Suédois Arne Borg conquit enfin dans ce style les records mondiaux du 400 mètres et du 1 500 mètres. À la recherche stylistique allait succéder l’amélioration incessante de l’entraînement, provoquant un progrès des performances considérables.

L’Europe perdit sa supériorité après les jeux Olympiques de 1908 et ne parvint jamais à la reconquérir, du moins dans les épreuves masculines.

En 1912, à Stockholm, les médailles d’or se partageaient entre le Canada, les États-Unis, l’Australie en nage libre, tandis que, pour la première fois, des nageuses étaient engagées dans une compétition olympique, qui consacra l’Australienne Fanny Durack, comme l’avait été chez les hommes Kahanamoku, soit deux pionniers et très grands noms de la natation sportive.