Nash (John) (suite)
Sa fortune coïncide avec son mariage. En 1798, il épouse la jeune conquête du futur George IV : Mary Ann Bradley (1763-1851) ; la même année, il lui aménage un hôtel particulier à Londres et lui bâtit East Cowes castle dans l’île de Wight. Si ces demeures sont aujourd’hui détruites, comme bien d’autres œuvres importantes de Nash, citons, parmi celles qui subsistent, la plus ancienne de ses villas à l’italienne, Cronkhill (Shropshire, 1802), et les castels gothiques de Luscombe (Devon, v. 1800) ou de Killymoon (en Irlande, v. 1802), sans omettre la série de cottages du village modèle de Blaisehamlet, près de Bristol (1811).
Le prince devenu régent en 1811, Nash est nommé Deputy surveyor general (1813-1815), ce qui le place en position de Premier architecte comme jadis Christopher Wren*, le grand ancêtre de l’urbanisme londonien. Il va pouvoir réaliser dans la capitale la percée entre Regent’s park et Carlton house (réalisée en une douzaine d’années, avec les éléments annexes), permettant enfin une circulation transversale ; ce seront Portland place et Regent Street, la plus belle artère du monde au dire de Stendhal. Pour éviter toute monotonie et ménager ses perspectives, Nash en brise l’enfilade en trois tronçons reliés par des éléments incurvés : le portique circulaire de l’église All Souls (Langham place) et le Quadrant, alors percé d’arcades. Ces ordonnances courbes « à la romaine », exécutées en briques plâtrées et trop transformées depuis pour permettre une comparaison avec celles de Bath (réalisées en pierre par les Wood père et fils entre 1727 et 1775), témoignent cependant du génie urbanistique de leur auteur.
La faveur du prince (couronné en 1820) et ses libéralités ont permis à l’architecte de montrer l’éclectisme de son talent dans une œuvre singulière et qui est restée intacte : le pavillon royal de Brighton (1815-1823), transformé en étonnante féerie hindoue grâce à une large utilisation des ressources du métal. Par contre, l’aménagement de Buckingham house en palais, à partir de 1821, fut interrompu par la mort du roi (1830). Nash, désormais sans appui et en butte à l’hostilité administrative, en fut réduit à se retirer à Cowes, son château de l’île de Wight, où il devait mourir peu après.
H. P.
T. Davis, The Architecture of John Nash (Londres, 1960) ; John Nash, The Prince Regent’s Architect (Londres, 1966).
