Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Nantes et Saint-Nazaire (suite)

La banlieue est également récente. À l’exception de l’échappée portuaire vers l’ouest (Couëron, 13 396 hab.), le peuplement avait longtemps tenu dans les limites de la ville étendue (6 446 ha). Aujourd’hui, il déborde. À l’ouest, Saint-Herblain (40 225 hab.) fait dans l’agglomération une entrée massive avec une Z. U. P. de 168 ha (7 800 logements prévus) et une Z. A. D. de 210 ha. Au nord, l’habitat remonte le Cens vers Orvault (20 239 hab.). À l’est, il atteint, au-delà des tenues maraîchères de Doulon, Sainte-Luce-sur-Loire (5 959 hab.). Au sud, où il commence à prendre pied solidement, Saint-Sébastien (17 794 hab.), Vertou (13 913 hab.), Les Sorinières (3 149 hab.) mêlent à leurs emprises maraîchères et viticoles un tissu résidentiel ; Rezé (36 118 hab.), où Le Corbusier lançait en 1955 sa fameuse Cité radieuse, « unité d’habitation » de près de 300 logements avec école maternelle et salle de jeux, groupe au Bas-Landreau 1 500 logements collectifs ; Bouguenais (10 137 hab.) abrite, en bordure de l’aéroport (Château-Bougon), une usine de construction aéronautique. C’est aussi en banlieue que se développent les nouvelles zones industrielles : Saint-Herblain (57 et 50 ha), Carquefou (180 ha, 110 autres ha prévus, centre commercial de gros), Vertou (95 ha), Rezé (70 ha), Cheviré (300 ha), Bouguenais (146 ha). La banlieue nantaise compte près de vingt communes. Sa population, qui représentait 27 p. 100 de la population de l’agglomération en 1954 (83 000 hab. contre 223 000 pour Nantes), en représentait 31 p. 100 en 1962 (110 000 contre 246 000), 43 p. 100 en 1975 (près de 200 000 contre 263 689). Tandis que Nantes s’accroissait, entre ces dates, de 19 p. 100, elle augmentait de 64 p. 100. Elle est aussi plus jeune : 30 p. 100 de « moins de quinze ans » contre 23 p. 100 à Nantes (France, 24 p. 100), 62 p. 100 d’adultes contre 65 p. 100 (France, 63 p. 100), 8 p. 100 de « plus de soixante-quatre ans » contre 12 p. 100 (France, 13 p. 100).


Saint-Nazaire

Saint-Nazaire a peu de ressemblances avec Nantes. Plus petit, il est aussi, ville neuve, plus homogène. Bâti après 1856 sur un plan en damier soudé au port, en croissance rapide dès ses origines (5 318 hab. en 1851, 18 300 en 1876, 43 281 en 1936), mais choisi par l’Allemagne, en 1940, comme base sous-marine, il était complètement rasé, pendant la dernière guerre, par les bombardements alliés (7 900 immeubles détruits sur 8 000). Derrière la base, restée intacte, un Saint-Nazaire nouveau est né. Une même géométrie en commande le plan, mais en plus ample. Sur un quadrillage de voies larges et claires, l’axe de la cité a été décalé, de la rue Henri-Gautier à l’avenue de la République, de 600 m vers l’ouest, l’hôtel de ville déplacé de 700 m. Le rejet de la gare, jadis en cul-de-sac, du centre vers le nord, et de larges réservations d’espaces le long du port ont permis le desserrement du quartier des bassins, jadis surpeuplé. Obliquement à ce réseau, un second damier, s’articulant sur lui autour de la place de l’Hôtel-de-Ville, suit le tracé des plages (boulevard du Président-Wilson). Une reconstruction heureuse, adoptant un collectif bien équilibré d’immeubles de deux à trois étages, des places ordonnancées, des parterres fleuris, des jets d’eau, un grand jardin public, un parc paysager, un parc des sports ont fait du triste Saint-Nazaire d’autrefois une cité gaie, avenante, animée. Vers l’ouest, un peuplement moins rigoureux gagne le rebord du plateau cristallin parmi les bois et les étangs.

Bien distinct des quartiers résidentiels, le port rassemble l’activité industrielle. Ses deux plans d’eau, bassins de Saint-Nazaire et de Penhoët, accessibles de la rade par un avant-port fait de deux longues jetées, du chenal par une écluse couverte et la forme-entrée Louis-Joubert, s’entourent d’entrepôts, d’une criée, d’une zone industrielle de 8 hectares (boulevard Paul-Leferme). La base sous-marine (300 m × 125 m) a été reconvertie à des fins industrielles. Sur le chenal lui-même, les grandes cales de constructions navales (cale Jean-Bart) alternent avec les ateliers (usines aéronautiques Sud-Aviation). Au nord de la zone portuaire, à la sortie de la ville, le quartier de Penhoët, le faubourg de Méan et les abords de la voie ferrée se sont couverts de cités ouvrières (le Pré Gras, Herblins, Savine). Au-delà du Brivet, pressés par les marais de la Grande Brière, Trignac (7 254 hab.) et Montoir-de-Bretagne (5 369 hab.) accueillent des industries nouvelles (zones industrielles de Trignac, 19 ha ; de la Ramée à Montoir, 22 ha). Ville laborieuse, Saint-Nazaire compte 45 p. 100 d’ouvriers (Nantes-ville, 35 p. 100), 30 p. 100 d’employés (Nantes, 23 p. 100). Elle est aussi une ville jeune (26 p. 100 de « moins de quinze ans », 64 p. 100 d’adultes, 10 p. 100 de « plus de soixante-quatre ans »).


L’aménagement régional

La basse Loire s’est industrialisée et urbanisée. Elle a triplé sa population en un siècle (de 180 000 à 550 000 hab.). Elle n’en est pas moins confrontée à d’irritants problèmes. Elle souffre sur le marché de l’emploi d’un pernicieux déséquilibre. L’industrie, par la dimension modeste d’un grand nombre d’entreprises, est souvent, à Nantes surtout, dans une position marginale. Le capital marchand et terrien ne s’y est jamais engagé franchement. Dans la mesure où, comme partout, elle se concentre, c’est au détriment de la sous-traitance, en recul très net. La construction navale est sujette à des crises. L’évolution des commandes (fin des paquebots, déclin des navires de guerre de surface, besoins croissants en très gros tonnages marchands) et la concurrence internationale l’obligent à de constants efforts d’adaptation. Contrairement à l’impression que pourrait laisser l’éventail de ses activités, l’industrie de la basse Loire est aussi trop peu diversifiée. Elle manque de secteurs de base. Elle paie cher en cela ses handicaps énergétiques du siècle dernier. L’implantation à Fos d’un complexe sidérurgique national qu’elle convoitait a été pour elle une cruelle désillusion. Ses industries chimiques sont notoirement insuffisantes pour un grand port. La faiblesse des emplois qualifiés, comme dans la construction navale, où 85 p. 100 de la main-d’œuvre sont affectés à la construction et à la réparation des navires, souligne l’urgence de profondes reconversions techniques (mécanique, électronique) en même temps que celle d’une formation professionnelle bien conduite. Dans le commerce, la grande surface emporte la petite boutique. À la terre, la concentration terrienne élimine la petite, voire la moyenne exploitation : 15 200 exploitations, le tiers d’entre elles (de 46 600 à 31 400), ont disparu en Loire-Atlantique entre 1955 et 1970. Face à une offre d’emploi instable, voire fragile, la demande d’emploi, elle, presse. La population de la basse Loire est prolifique. Avec des taux de natalité de 18 à 19 p. 1 000 et de mortalité de 11 p. 1 000, elle accuse un taux d’accroissement (de 7 à 8 p. 1 000) supérieur de moitié au taux moyen français. Elle se renforce d’apports migratoires bretons qui représentent la moitié de l’accroissement urbain (3 500 annuellement pour l’agglomération nantaise). Les demandes d’emploi non satisfaites oscillent constamment de 8 000 à 10 000. Le chômage est élevé, les salaires bas. Le climat social est parfois tendu. La basse Loire figure dans le régime des aides maximales à la décentralisation accordées par l’État.