Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Nantes et Saint-Nazaire (suite)

Avec 88 800 emplois sur 107 600 rassemblés à Nantes (83 p. 100), le secteur tertiaire est plus groupé encore que l’industrie. Au service de la grande ville, dont il représente 56 p. 100 des emplois, il en exprime aussi l’audience régionale. Centre de redistribution, Nantes compte 16 000 personnes dans les commerces de détail, 7 300 dans les commerces de gros. Elle multiplie depuis 1955 chaînes d’alimentation et grandes surfaces, a créé en 1964 le premier centre commercial de gros en France (Carquefou, 24 ha) et en 1968 un marché d’intérêt national pour la commercialisation de ses produits maraîchers. Sa foire-exposition souligne chaque année l’importance de ses transactions agricoles (grains, vins, produits d’élevage). Nantes est un gros marché de cuirs et peaux, l’un des premiers marchés mondiaux du poil angora. Centre de banques et d’assurances (3 400 emplois), elle est la seule ville de l’Ouest à posséder une Bourse des valeurs. Elle a aussi une Bourse des bois. Cité d’art dans un cadre agréable, sur les routes de la Bretagne et des plages atlantiques, elle anime un mouvement touristique intense (cathédrale, églises, château ducal, musées, visite du port, promenades sur l’Erdre et la Sèvre Nantaise, fritures, parc zoologique de la Jonelière, circuit du muscadet). De Nantes rayonne sur toute la Bretagne, la Vendée, l’Anjou une puissante firme de transports routiers.

Le rôle de Nantes n’est pas moins prépondérant sur le plan des services publics et de l’enseignement. Sa gestion locale, son autorité départementale, sa promotion, en 1960, à la tête de la région de programme des Pays de la Loire portent à une vingtaine de directions et à 25 000 emplois son potentiel administratif. Elle abrite le service de l’état civil des Français de l’étranger, le service du casier judiciaire central, 13 consulats. Son centre hospitalier est le mieux équipé de toute la France de l’Ouest. Sa consécration intellectuelle est brillante. Nantes a une école nationale de la marine marchande (ancienne école d’hydrographie fondée en 1671 par les Jésuites), une école des beaux-arts, une école d’architecture, un conservatoire, des écoles techniques supérieures de mécanique, électricité, télécommunications, industries agricoles et alimentaires, commerce, un centre de promotion industrielle jouant le rôle de Bourse de sous-traitance, un centre de productivité commerciale, une école de commerce de détail, un institut des pêches maritimes. Son université, rétablie en 1962, groupe des enseignements et des centres de recherche scientifiques, littéraires, juridiques, économiques, médicaux, pharmaceutiques ; elle compte plus de 12 000 étudiants. La zone d’influence de Nantes, qui couvre la Loire-Atlantique, trois de ses quatre départements limitrophes, Vendée, Maine-et-Loire et Morbihan, et le Sud-Finistère, rassemble deux millions d’habitants.

Le rôle régional de Saint-Nazaire, en regard, paraît mince : 18 800 emplois tertiaires, 41 p. 100 de ses actifs. Nantes l’assumait depuis longtemps quand la ville est née. La coupure de l’estuaire l’a toujours interdit vers le sud : le pays de Retz, qui lui fait face, est dans la dépendance nantaise. Le développement de la ville en a en partie pallié le handicap. Saint-Nazaire ravissait à Savenay (en 1868) sa sous-préfecture ; il emploie 4 000 personnes dans ses administrations, 7 000 autres dans le commerce ; s’étant émancipé de la tutelle nantaise, il a sa propre chambre de commerce. Saint-Nazaire, enfin, emploie dans son port un millier d’actifs.


Le port

Le trafic du port autonome de Nantes-Saint-Nazaire atteignait, en 1974, 14,5 Mt, le classant au cinquième rang des ports français. Les échanges sont très déséquilibrés : 85 p. 100 aux entrées, 15 p. 100 aux sorties. Les hydrocarbures représentent à eux seuls les quatre cinquièmes du total. Donges, par sa raffinerie et l’approvisionnement de celle de Vern-sur-Seiche, pèse dans le mouvement d’un poids considérable : 7 Mt de pétrole brut et 1,5 Mt de produits raffinés aux entrées, 2 Mt de raffinés aux sorties (75 p. 100 de l’ensemble du trafic). Nantes et Saint-Nazaire se partagent le reste, à raison de 19 et 6 p. 100. Nantes (importations, 2,5 Mt ; exportations, 0,3 Mt) a gardé de ses relations coloniales un important commerce de bois, de sucre, de tapioca, de bananes, d’agrumes, d’épices, reçoit des houilles (0,3 Mt contre 1 Mt avant la Seconde Guerre mondiale), des engrais (phosphates), des tourteaux, des produits métallurgiques, des métaux non ferreux, des pyrites, du soufre, du papier, des goudrons, des primeurs, des pommes de terre, des vins, des viandes, expédie ou réexpédie du fer-blanc pour un tiers de ses exportations, des houilles, des produits d’épicerie, des céréales, des matériaux de construction, des cendres de pyrites, des articles manufacturés (machines, moteurs, objets métalliques, équipements). Saint-Nazaire reçoit pour plus de moitié de ses importations (400 000 t sur 750 000) des oléagineux (arachide), et, pour le reste, des métaux, des engrais, des bois, des tourteaux. Il exporte des huiles, des produits métallurgiques, des fuels (150 000 t).

La basse Loire est en relation avec tous les ports français (23 p. 100 de ses échanges) et 70 États étrangers environ, aux premiers rangs desquels les pays de la Méditerranée et du Moyen-Orient pour ses approvisionnements en pétrole brut (Arabie Saoudite, Libye, Syrie, Liban, Iraq, Algérie [42 p. 100]), les États-Unis (soja, tourteaux), l’U. R. S. S. (produits pétroliers, anthracites), les Pays-Bas (produits sidérurgiques et alimentaires), la Grande-Bretagne (fines). Elle entretient des liens étroits avec les pays du Nord (bois, papier, farines de poisson), les départements d’outre-mer (sucres et mélasses), les États émancipés d’Afrique noire (bois et fruits tropicaux).

L’ensemble du port autonome dispose de plus de 10 km de quais, d’une centaine d’engins de levage de grande puissance, de 15 ha de hangars, de trois docks flottants, de 35 km de voies ferrées. Nantes assure la plus grande partie des manutentions de « marchandises générales » ; Saint-Nazaire s’est récemment équipé pour le trafic par conteneurs.