Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Namibie

Territoire d’Afrique australe ; 750 000 hab.



La géographie

La Namibie (nom porté depuis 1968 par le Sud-Ouest africain) s’étend sur 824 292 km2 entre l’Angola et la Zambie, au nord, le Botswana, à l’est, et la république d’Afrique du Sud (province du Cap), au sud. Par un couloir étroit, dit « de Caprivi », entre la Zambie et le Botswana, elle atteint la Rhodésie. Sa façade maritime sur l’Atlantique, entre les embouchures de la rivière Cunene au nord et du fleuve Orange au sud, s’étire sur 1 300 km, entre 17° et 29° de lat. S. Sa plus grande largeur atteint 720 km.

La disposition générale du relief, façonné dans les roches variées du vieux socle précambrien, est relativement simple. À l’intérieur s’étendent des hauts plateaux, entre 1 200 m et 2 000 m d’altitude, descendant vers les cuvettes intérieures du Kalahari et de l’Etosha Pan. De l’ordre de 250 mm par an dans les hautes terres méridionales (Namaqualand), la pluviosité augmente vers le nord dans le Damaraland et l’Ovamboland (entre 250 et 500 mm), où se concentre la majeure partie de la population. Les hautes terres sont séparées de la mer par une large zone de montagnes et de collines (prolongement occidental du grand escarpement) et par une étroite plaine côtière encombrée de dunes, l’ensemble constituant le désert côtier du Namib, avec une pluviosité moyenne annuelle inférieure à 250 mm, et à 125 mm sur la bande littorale (aridité liée à l’existence du courant froid de Benguela).

Le couvert végétal, quasi absent de la zone désertique littorale, consiste en une steppe pauvre dans le Namaqualand, passant vers le nord et l’est au Thornveld (formation sèche graminéenne discontinue à petits arbres et épineux) et, dans l’extrême nord du pays, à divers types de savanes.

La population — passée d’environ 200 000 habitants en 1921, à 750 000 en 1970 — est concentrée sur les hautes terres du centre et du nord (la densité moyenne étant donc inférieure à 1 hab. au km2). Les Blancs (90 000) sont concentrés dans la capitale, Windhoek (36 000 hab.), et dans les deux villes portuaires de Walvis Bay (enclave de la république d’Afrique du Sud, mais administrée par la Namibie) et Lüderitz ; ils sont en majorité d’origine allemande et afrikaner. Les métis, environ 30 000, sont contremaîtres, pêcheurs, employés de chemin de fer. La population africaine comprend près de 600 000 Bantous (les statistiques rangent sous cette rubrique les Hereros, Damaras, et surtout 340 000 Ovambos), concentrés dans le Nord, où la pluviosité plus importante permet, avec l’élevage bovin, l’agriculture non irriguée du maïs et du millet (cultures alimentaires de base). Les Hottentots, au nombre d’environ 35 000, sont des pasteurs purs, occupant les hautes terres plus sèches du Namaqualand. Il existe enfin environ 20 000 Bochimans vivant de chasse et de cueillette dans le Thornveld des marges du Kalahari.

Le cheptel est estimé à 2,5 millions de bovins, plus de 3,5 millions de moutons et 1,5 million de chèvres. Le Sud est une région d’élevage extensif du mouton, et en particulier du mouton karakul (la production de peaux d’agneaux karakul approchait 4 millions en 1969), tandis que le Centre et le Nord sont surtout des régions d’élevage bovin extensif par les Bantous et, pour une faible partie du troupeau, dans de vastes fermes européennes de plusieurs milliers d’hectares, autour de Windhoek.

Mais la principale ressource du territoire est l’industrie minière (environ la moitié du produit intérieur brut et le tiers de celui-ci pour la seule extraction des diamants). Le diamant est exploité en gisements alluviaux le long du littoral et sur le plateau continental, au nord de l’embouchure de l’Orange. Le cuivre, le plomb et le zinc sont exploités dans les districts de Tsumeb et Grootfontein dans le nord du territoire, et le manganèse à Otjiwarongo. De nouveaux gisements d’étain ont été découverts à Cape Cross, au nord de Walvis Bay.

L’industrialisation concerne surtout le traitement du poisson (env. 1 Mt de prises par an), seconde richesse de la Namibie, à Walvis Bay notamment : pilchards et langoustes en conserve ou congelés, huile et farine de poisson. Il existe aussi des brasseries, des tanneries et quelques conserveries de viande.

Le territoire possède 2 325 km de voies ferrées. L’axe principal relie Windhoek à Upington (et donc au réseau ferré de la république d’Afrique du Sud) avec des bretelles vers les ports de Lüderitz et de Walvis Bay. Il existe deux bretelles vers l’intérieur, l’une vers Otjiwarongo et les districts miniers de Tsumeb et Grootfontein, l’autre vers Gobabis.

R. B.


L’histoire


Avant l’arrivée des Européens

Les plus anciens occupants du pays, les Bochimans, ont laissé une étrange sculpture, qui a longtemps intrigué les spécialistes, et des peintures rupestres, telle la Dame blanche, du Brandberg. Les Bochimans ont été rejoints par les Namas, branche des Hottentots ; les Namas résulteraient d’un ancien métissage entre des Bochimans et des Hamites : les migrations des Bantous les auraient peu à peu refoulés. En pratique, venus d’Afrique orientale, les Namas arrivent en Afrique australe vers le xiie s.

Vers 1550-1600, des Bantous (ce terme désigne essentiellement des ethnies assez diverses parlant des langues voisines), Hereros et Ovambos, apparaissent dans la région ; ils refoulent les aborigènes, mais ne dépasseront guère la région de Windhoek. Au xixe s., les Namas, dominés pendant trois siècles par les Bantous, regagnent du terrain ; les uns sont des « Néo-Namas », repoussés de la colonie du Cap par la colonisation boer, les autres sont des « Basters », métis de Namas et de Boers, à qui ils ont emprunté la langue afrikaans, et de qui ils ont appris l’usage des armes à feu.

Ces migrations, ces mouvements de populations, fort complexes, expliquent la dispersion actuelle des groupes ethniques : les Bochimans ont été refoulés dans les zones désertiques et semi-désertiques, les Namas sont confinés dans le sud du pays, les « Basters » dans le centre, les Hereros dans le centre-nord, et les Ovambos dans le nord, au sud du territoire de l’Angola.