Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Munich (suite)

Le rapide essor a encore d’autres explications : proximité des Alpes favorisant tous les sports de montagne, abondance des plans d’eau aux environs de la ville (sports nautiques), facilités de communications (autoroute, chemin de fer, aéroport [plus de 1,5 million de voyageurs]). Tout cela favorise le tourisme : près de 500 hôtels et pensions avec plus de 20 000 lits, près de 4 millions de nuitées dont 1,5 pour les étrangers.

Le complexe olympique

Le complexe olympique de Munich s’est implanté sur un vaste terrain, l’Oberwiesenfeld, situé à 4 km du centre de la ville. Le complexe olympique proprement dit couvre 30 ha ; le reste du terrain (plus de 100 ha) a été rétrocédé gratuitement à des promoteurs moyennant la construction d’habitations et notamment des 4 800 logements du village olympique. L’ensemble a été valorisé par la création d’autoroutes, d’une ligne de métro, d’un immense parking et par l’implantation du siège social de la BMW.

Le terrain a été modelé en forme d’amphithéâtre, le fond étant occupé par un lac artificiel. Le stade (80 000 places), le palais des sports (12 000 places) et la piscine (9 000 places) sont disposés autour d’une place (où se trouvait la flamme olympique). Ces installations sont caractérisées par une très grande unité architecturale : la composition retenue pour l’enveloppe extérieure, aux structures multidirectionnelles, est la même que celle du pavillon allemand à l’exposition de Montréal en 1967. Fondée sur les travaux du même architecte, Frei Otto (né en 1925), une immense tente formée d’un réseau de câbles d’acier, de pylônes et de Plexiglas fumé se développe au-dessus des trois constructions. Le regroupement de ces trois éléments sous une seule tente, symbole du rassemblement, à la fois partie architecturale et urbanistique, répond à un souci d’intégration au paysage : le rythme de développement de la couverture suit à tout moment celui de la topographie.

M.-M. F.

F. R.

➙ Bavière.

 O. Boustedt, Die Wachstumskräfte einer Millionenstadt (Munich, 1961). / E. Dheus, München, Strukturbild einer Grosstadt (Stuttgart, 1968).


L’art à Munich

La vocation de Munich en tant que ville d’art ne date que de la seconde moitié du xvie s. Les ducs, puis Électeurs de Bavière de la maison de Wittelsbach édifient alors leur Résidence, dont les bâtiments forment un complexe organisé autour de cinq cours. La principale, la cour de la grotte (Grottenhof), est l’œuvre de l’architecte Friedrich Sustris (v. 1540-1599), né d’une famille venue des Pays-Bas, qui lui a donné le décor de concrétions à la mode dans les jardins d’Italie et l’a ornée d’une fontaine dont la statue de Persée a été sculptée par un autre Néerlandais d’origine, Hubert Gerhard (v. 1550-1620). Près de cette cour existait déjà une galerie destinée au Cabinet de l’Électeur et à ses antiques (Antiquarium, 1569-1571), au surabondant décor maniériste peint et sculpté. Au bord des cinq cours viendront se placer les corps de bâtiments ultérieurs de la Résidence.

En ce qui concerne l’architecture religieuse, la vieille cathédrale du xve s. (Frauenkirche) est éclipsée par l’église des Jésuites, Sankt Michael (1583-1597), à coupole, sans collatéraux, et dont les chapelles s’ouvrent sur la nef comme au Gesù de Rome : elle servira de modèle à toute l’architecture jésuite de l’Allemagne. Hubert Gerhard a orné sa façade d’une statue monumentale de son patron.

Ce sont les architectes qui, après la désastreuse guerre de Trente Ans, rallument le flambeau et créent le rococo bavarois, dont l’élégance ne va pas toujours sans quelque complication décorative, notamment dans les stucs. Le plus brillant d’entre eux est François de Cuvilliés (1695-1768), originaire du Hainaut et formé en France, qui crée à la Résidence les Riches Appartements (Reiche Zimmer, 1730-1737), malheureusement détruits en 1944, et le théâtre de la Cour (v. 1750), qui a pu être reconstitué, avec un soin extrême, à un emplacement différent de l’ancien. Autre joyau de Cuvilliés : le pavillon d’Amalienburg (1734-1740) dans le parc de Nymphenburg, aux portes de la ville. Par contre, la Johann-Nepomuk-Kirche, construite vers 1733 par les frères Asam*, dont elle prolonge la maison, est exempte d’influence française : un baroque bavarois exaspéré la caractérise, très vivant avec sa note paysanne.

L’ère néo-classique, spécialement riche de monuments à Munich, est inspirée par Louis Ier de Bavière et par ses architectes Leo von Klenze (1784-1864), bon connaisseur de l’Antiquité, et Friedrich von Gärtner (1792-1847). Louis Ier avait projeté de faire de Munich une sorte d’Athènes du Nord ; ses réalisations portent à la fois sur l’urbanisme et sur l’architecture, et cela dans deux quartiers distincts de la ville. Il crée une percée rectiligne, la Ludwigstrasse, entre le portique des généraux (Feldherrnhalle), pastiche florentin, et la porte de la Victoire (Siegestor). L’architecture de la rue, là où elle existe, est d’une grande dignité, sans vain ornement, mais quelque peu monotone. À son extrémité voisine de la Résidence, la Ludwigstrasse passe le long du jardin de la Cour (Hofgarten), bordé par des arcades propices à la promenade.

L’autre entreprise majeure de Louis Ier a été la place Royale (Königsplatz), entreprise grandiose qui ne fut jamais complètement réalisée. On y accède par les Propylées (1846-1862) de Klenze et l’on y voit la Glyptothèque (1816-1830) du même architecte, construite pour recevoir les sculptures antiques et singulièrement les marbres éginétiques qui sont l’une des gloires de Munich. Non loin de la place, l’Ancienne Pinacothèque, toujours de Klenze et l’un des musées de peinture les plus illustres du monde, a été reconstruite après avoir subi de très graves dommages.

Si l’on joint à ces ambitieux ensembles deux églises d’inspiration plutôt romantique, la Ludwigskirche, construite par Gärtner de 1829 à 1843 pour recevoir les fresques de Peter Cornelius (1783-1867), et la Bonifazius-Pfarrkirche (1835-1850), où est enterré le roi Louis Ier, si l’on tient compte encore du portique dorique de la Ruhmeshalle (portique de la Gloire, 1843-1853) par Klenze, précédé de la statue gigantesque de la Bavaria par le sculpteur Ludwig von Schwanthaler (1802-1848), on admettra que Louis Ier a eu à Munich une influence décisive, lui a donné un style qui a distingué cette capitale entre tant d’autres et a été fort admiré.