Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Mozambique (suite)

Une loi organique portugaise sur l’outre-mer (1972) transforme la « province » de Mozambique en « État » et institue une assemblée élue pour moitié au suffrage universel et pour moitié par les corps intermédiaires. Cette mesure ne met pas fin à la guerre de libération. L’espoir d’une issue accompagne le changement de régime intervenu au Portugal le 25 avril 1974. Le 7 septembre, à Lusaka, est signé entre les représentants du nouveau gouvernement de Lisbonne et ceux du FRELIMO un accord sur l’indépendance du Mozambique. Cet accord est un moment contesté par les extrémistes européens.

Le 20 septembre 1974, le haut commissaire portugais installe le gouvernement de transition, présidé par Joaquim Chissano, chargé d’administrer le pays jusqu’à la proclamation de l’indépendance le 25 juin 1975. À cette date, Samora Moïse Machel devient président de la nouvelle République. À l’extérieur, le Mozambique se rapproche de la Zambie et de la Tanzanie et, soutenant les nationalistes africains en Rhodésie, il ferme sa frontière avec cette dernière en mars 1976.

J. C. N.

➙ Afrique noire / Empire colonial portugais / Portugal.

 J. de Oliveira Boleo, Moçambique (Lisbonne, 1951 ; nouv. éd., 1966). / S. H. Beaver et L. D. Stamp, Africa (Londres, 1953 ; 6e éd., 1961). / C. F. Spence, Moçambique, East Africa, Province of Portugal (Le Cap et Londres, 1963). / F. Hoppe, Portugiesisch-Ostafrika in der Zeit des Marques de Pombal, 1750-1777 (Berlin, 1965). / R. Battistini, l’Afrique australe et Madagascar (P. U. F., coll. « Magellan », 1967). / R. H. Chilcote, Portuguese Africa (Englewood Cliffs, N. J., 1967). / E. Mondlane, The Struggle for Mozambique (Harmondsworth, 1969).

Mozart (Wolfgang Amadeus)

Compositeur autrichien (Salzbourg 1756 - Vienne 1791).


Malgré sa mort précoce, Mozart a créé en une trentaine d’années une des sommes les plus importantes de la musique, résumant une tradition multi-séculaire annonçant l’avenir même lointain, et comportant des chefs-d’œuvre « classiques » dans pratiquement tous les domaines. On a calculé qu’il avait dû consacrer près de la moitié de la durée de sa vie au travail matériel consistant à écrire ses partitions ; on sait par des témoignages indiscutables qu’il composait « dans sa tête » telle musique cependant qu’il en fixait une autre par l’écriture : « La plus parfaite organisation musicale en une nature mortelle » (Lamartine).


Voyages, influences, carrière

Son père, Leopold (1719-1787), musicien de qualité, à qui l’on doit l’un des trois grands traités musicaux du xviiie s., est son premier et l’un de ses meilleurs maîtres. Dès les premières années, Wolfgang manifeste des dons exceptionnels : son premier menuet, musique enfantine certes, mais déjà marquée au coin de son tempérament original, est écrit à l’âge de cinq ans. Leopold Mozart fait connaître à son fils le style du contrepoint sévère, fort déprécié en cette ère galante et « sensible » ; il lui fait faire dès l’âge de six ans de grands voyages à travers toute l’Europe, ce qui permet au jeune Wolfgang d’acquérir une culture musicale et humaine d’une richesse extraordinaire.

À Londres l’enfant se passionne pour la musique de Johann Joseph Fux, le « Bach autrichien », de Johann Adolf Hasse et du chevalier Christoph Willibald von Gluck.

En Italie, il entre en rapport avec tous les centres musicaux importants, de Venise à Turin, de Milan à Naples, assimilant le style vocal de la péninsule, mais aussi l’art polyphonique palestrinien, recevant les enseignements du Padre Giovanni Battista Martini*, l’un des fondateurs de la musicologie. Dès l’âge de onze ans, c’est son premier contact avec la franc-maçonnerie, à Olomouc, en Moravie ; il sera déterminant dans la suite de son évolution créatrice. À Mannheim*, Mozart fait la connaissance du célèbre orchestre, creuset de la musique nouvelle, mais aussi celle de la famille Weber ; l’une des filles de la maison, Constance, à la voix de soprano exceptionnelle, deviendra sa femme. Les séjours du musicien à Paris sont l’occasion de connaître une importante école de clavecin, la symphonie classique naissante notamment — par les œuvres de Gossec et de Haydn — et le « grand opéra ». Plus tard, ce sera la Bohême, ce « conservatoire de l’Europe » (Charles Burney) qui lui témoignera une compréhension divinatoire, et l’Allemagne du Nord. Mozart connaît depuis longtemps la musique instrumentale de Bach et de ses fils lorsqu’il entend, à la fin de sa vie, à Leipzig, un motet à double chœur de J.-S. Bach chanté a cappella ; il est transporté par la « nouveauté » de cette musique, où il y a « enfin quelque chose à apprendre » : il lui suffit d’entendre cette savante polyphonie pour comprendre qu’elle était destinée à être accompagnée par des instruments, ce que des recherches récentes ont confirmé.

Sa vie se partagea en quinze ans de voyages, qui nous ont valu la passionnante correspondance mozartienne, et à peine plus de vie sédentaire, à Salzbourg et à Vienne, sa patrie d’élection, parce qu’elle était le « vrai pays du piano » (das wahre Clavierland). Mozart occupe peu de fonctions stables, et celles-ci sont mal rétribuées : pendant un peu plus de cinq ans, Mozart est premier violon de l’orchestre du prince-archevêque de sa ville natale (1772-1777) ; il sera organiste de la cathédrale de Salzbourg moins de deux ans (1779-1781) ; à Vienne, on lui conférera le titre de compositeur de la Cour avec une petite rente ; quelques mois avant sa mort, il deviendra second maître de chapelle de la cathédrale de Vienne. Mais il n’est pas indifférent de savoir qu’il avait tenté d’obtenir, en vain, des postes d’organiste et de maître de chapelle, par exemple à Versailles et à Strasbourg. En fait, Mozart a été l’un des premiers musiciens indépendants, vivant de son art d’interprète et de compositeur. Avoir été un enfant prodige constitua une difficulté supplémentaire pour le virtuose, voire le compositeur jusqu’à ce que ce dernier finisse par s’imposer. Mozart a connu des triomphes de son vivant, en particulier dans le domaine du théâtre lyrique (« tout le monde, dans la rue, chante mon Figaro », écrit-il depuis Prague). Depuis sa mort, sa musique n’a cessé de pénétrer plus profondément et d’étendre son rayonnement : Mozart est le plus joué et le plus enregistré des compositeurs en cette seconde moitié du xxe s. — pas d’éclipse mozartienne, pas de « retour à Mozart »...