Moule (suite)
L’élevage en suspension est typiquement le mode de culture des mers à très faibles marées, comme la Méditerranée. Toutefois, on l’observe aussi, et à grande échelle, dans des rias de la côte atlantique espagnole, où les marées sont fortes, mais où la grande profondeur exclut tout autre mode d’élevage. Avec cette méthode, les Moules sont encore mieux isolées des fonds qu’avec le système des bouchots. Elles sont déposées sur des supports faits de cordes ou de filets de divers types (les « cordes à moules » des mytiliculteurs méditerranéens) ; puis ces supports sont attachés sur des traverses installées au-dessus du plan d’eau ; ainsi, les Mollusques sont maintenus en suspension en pleine eau, sans aucun contact avec les fonds. Les traverses sont montées soit sur des corps flottants (bateaux ou caissons espagnols, radeaux en Corse), soit sur des bâtis fixes (« tables d’élevage » des étangs méditerranéens français).
Quel que soit le système utilisé, le travail du mytiliculteur consiste toujours à approvisionner ses installations en sujets jeunes, à y maintenir des densités convenables (dédoublages ou éclaircissements périodiques), à défendre le mieux possible ses Moules contre les épibiontes concurrents ou gênants (Balanes, Crépidules, Ascidies, Algues, etc.) ou contre les prédateurs (Gastéropodes perceurs, Étoiles de mer, Poissons broyeurs, etc.). Les récoltes, qui ont lieu en toute saison étant donné le chevauchement des générations, comportent un tri et un nettoyage des produits avant l’emballage et l’expédition.
La consommation mondiale annuelle serait d’environ 300 000 t de Moules, dont à peu près 250 000 t proviennent des élevages et le reste de la pêche. La mytiliculture n’a pris de l’importance qu’en Europe occidentale ; l’Espagne et les Pays-Bas viennent en tête avec plus de 100 000 t chacun. La France vient au troisième rang ; elle produit de 27 à 37 000 t selon les années (25 p. 100 en Méditerranée, le reste dans l’Atlantique et la Manche) ; elle en consomme un peu plus du double et doit donc en importer.
R. R.
A. F.
➙ Mollusques.
E. Ricci, Contribution à la biométrie, à la biologie et à la physico-chimie de la moule commune (Impr. Al Aaamal, Tunis, 1958). / A. Boyer, les Coquillages comestibles (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1968). / B. Andreu, The Importance and Possibilités of Mussel Culture (Rome, 1969).