motivation (étude de) (suite)
Utilisations
C’est principalement dans le domaine industriel et surtout pour analyser les comportements d’achat face aux produits de consommation que les études de motivation ont été utilisées. Mais elles peuvent aussi servir à mieux connaître des mécanismes plus complexes, soit économiques comme celui qui pousse les gens à investir ou à épargner, soit politiques (vote).
Dans l’acte d’achat, l’industriel cherche autant à savoir ce qui pousse les gens à acheter que ce qui les freine. On sait maintenant que l’acte d’achat est souvent le fait de pulsions très irrationnelles. Lors d’une expérience, on s’est aperçu qu’un même produit dont on avait simplement changé l’emballage était perçu comme de meilleure qualité. Certains objets sont chargés pour nous de valeurs symboliques très fortes. Un psychologue américain d’origine viennoise, Ernest Dichter, se fondant pour beaucoup sur les théories de Freud, a effectué des centaines d’études et montré que les objets avaient des significations psychosociologiques très précises. « Le cigare fait viril », on achète non pas des jus de fruit, mais de la santé, non un moyen de transport, mais du « standing » en ce qui concerne la voiture, etc.
Même si la valeur des études de motivation est très relative, elles constituent pour les entreprises des garde-fous, leur évitent des erreurs et sont plus valables que le simple flair, l’habitude ou l’impression. Elles sont peu coûteuses si on les compare aux budgets publicitaires. Tout le problème est de savoir les utiliser concrètement, d’en tirer des axes d’actions, de les interpréter graphiquement au niveau des messages publicitaires, ou verbalement au niveau des slogans, des argumentaires de vente, etc. Cette investigation dans l’inconscient a pu paraître dangereuse à certains. On a parlé de viol des foules. Il est vrai que l’utilisation de caméras invisibles ou de flashes publicitaires, répartis par fraction de seconde, donc invisibles, au cours d’émissions de télévision, est une intrusion dans la personnalité de chacun. On peut difficilement admettre que les gens soient ainsi manipulés à leur insu. Ce « matraquage » publicitaire fait partie du système actuel de relations économiques et de l’information nécessaire aux entreprises. Il pourrait être équilibré par une organisation plus vigoureuse des consommateurs dans laquelle l’information serait plus objective, plus séparée des commanditaires. Quand on sait que certains acheteurs choisissent le modèle de leur voiture suivant la couleur ou la forme du volant, on peut se demander s’il n’y a pas lieu de chercher à l’informer sur des qualités plus fondamentales, telles que la solidité, la sécurité, le degré d’antipollution, etc.
F. B.
➙ Enquête par sondages / Freud / Marché / Marketing / Psychanalyse / Psychologie / Rogers / Sondage / Vente.
P. Martineau, Motivation in Advertising : Motives that make People buy (New York, 1957, nouv. éd., 1971 ; trad. fr. Motivation et publicité, Éd. Hommes et Techniques, 1959). / V. Packard, Hidden Persuaders (New York, 1957 ; trad. fr. la Persuasion clandestine, Calmann-Lévy, 1958) ; Status Seekers (New York, 1959 ; trad. fr. les Obsédés du standing, Calmann-Lévy, 1960). / H. Henry, Motivation Research. Its Practice and Uses for Advertising Marketing and other Business Purposes (Londres, 1958 ; trad. fr. l’Étude de motivation, sa pratique et ses applications comme instrument de la politique de production, de vente et de publicité, Cie fr. d’éd., 1959). / E. Dichter, The Strategy of Desire (New York, 1960 ; trad. fr. la Stratégie du désir. Une philosophie de la vente, Fayard, 1961) ; Handbook of Consumer Motivations (New York, 1944 ; trad. fr. le Marketing mis à nu, Tchou, 1970). / H. J. Eysenck (sous la dir. de), Experiments in Motivation (Oxford, 1964).

