Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Montherlant (Henry Millon de) (suite)

Ses dernières années furent celles des retours, retour au roman avec le Chaos et la nuit (1963), la première publication intégrale de la Rose de sable (1968) et les Garçons (1969), mais surtout retour à l’inquiétude (Un assassin est mon maître, 1971 ; Mais aimons-nous ceux que nous aimons ?, 1973), qui exaspère son désir de grandeur et d’héroïsme (le Treizième César, 1970) : son suicide se révèle ainsi comme la manifestation la plus haute de sa constante exigence de rigueur et de fidélité.

A. S.

 J. de Laprade, le Théâtre de Montherlant (Denoël, 1953). / P. Sipriot, Montherlant par lui-même (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1953 ; nouv. éd., 1975). / G. Bordonove, Henry de Montherlant (Éd. universitaires, 1960). / A. Marissel, Henry de Montherlant (Éd. universitaires, 1966). / J. Batchelor, Existence and Imagination, the Theatre of Henry de Montherlant (St Lucia, Queensland, 1967 ; trad. fr. Existence et imagination, essai sur le théâtre de Montherlant, Mercure de France, 1969). / Les Critiques de notre temps et Montherlant (Garnier, 1973).

Montluçon

Ch.-l. d’arrond. de l’Allier ; 58 824 hab. (Montluçonnais).


La ville est établie à environ 200 m d’altitude, à l’extrémité méridionale d’un fossé dissymétrique, limité abruptement par le Bocage bourbonnais à l’est et remontant en pente douce vers l’ouest. La situation est celle d’un point d’éclatement, avant les gorges du Cher, d’une voie de pénétration remontant du Berry vers les plateaux du nord-ouest du Massif central et vers la Limagne. C’est aujourd’hui le carrefour de cinq itinéraires importants vers Bourges, Châteauroux, Moulins, Clermont-Ferrand et Limoges (par Guéret). Cependant, la ville antique fut Neriomagus (Néris-les-Bains), à une dizaine de kilomètres au sud-est, qui était une étape commerciale sur l’ancien grand chemin entre les civitates des Arvernes et des Bituriges. La ville de Montluçon est née d’une époque troublée, où le contrôle stratégique des gués et des carrefours devint essentiel. La vieille ville s’accroche au rebord du Bocage dominant le Cher et est protégée du côté du sud par un ruisseau affluent, le Lamaron. Ce site sûr et ses fortifications lui permirent d’attirer au Moyen Âge les maigres fonctions urbaines régionales, d’obtenir une charte en 1242, d’être le point d’appui de l’expansion et de l’administration bourbonnaises dans l’ouest du duché. Mais la ville ne bénéficia pas du développement du commerce avec le Bassin parisien et l’Auvergne, qui, à la fin du Moyen Âge, profita à Moulins et à d’autres centres du Val d’Allier. Elle fut épargnée par les troubles des xive-xvie s. en raison même de sa médiocrité. Au xviiie s., un réveil s’opéra grâce à la construction de la route d’Autun à Limoges (actuelle R. N. 145), mais on ne note guère encore, comme manufacture, qu’une fabrique de bas. En 1806, la population de Montluçon est seulement de 5 194 habitants et tombe à 4 698 habitants en 1821. Le développement industriel commence sous la monarchie de Juillet : ouverture du canal du Berry, développement des houillères de Commentry, puis de Doyet-Montvicq-Bézenet, fondation des hauts fourneaux de la société Guérin en 1840 et des usines Saint-Jacques en 1845. Mais la population n’est encore que de 8 810 habitants en 1851. C’est le mouvement d’affaires du Second Empire qui sort réellement la ville de sa stagnation : 15 289 habitants en 1856, 21 247 en 1872. C’est alors que l’industrie chimique apparaît (l’ancienne glacerie de Commentry, transférée à Montluçon en 1846, est acquise par Saint-Gobain, qui y annexe des fabrications chimiques en 1868). Cette première phase de l’industrialisation culmine à la fin du xixe s., date à laquelle la ville occupe une place de premier plan en France pour la production de fonte, de tôle, d’aciers. Mais le déclin des houillères handicape cette activité. La population croît peu : 33 799 habitants en 1911. En 1920, l’installation de la société de pneumatiques Dunlop dans des bâtiments désaffectés donne un nouveau coup de fouet au développement : il y a 41 052 habitants, en 1931. Une nouvelle phase de développement commence après la Seconde Guerre mondiale. Elle est démographique plus qu’économique à proprement parler. Elle est due en partie au redressement de la natalité ainsi qu’à l’émigration des campagnes (surtout creusoises et du nord de la Combraille) et à un certain développement du secteur tertiaire en relation avec la desserte d’une campagne plus ouverte à la circulation de l’argent et plus exigeante en services. Mais Montluçon demeure avant tout une ville industrielle (deux tiers de la population active dans le secteur secondaire). Or, de ce côté, les problèmes ne manquent pas : Dunlop (3 300 travailleurs) n’a pas développé ici ses usines. L’aciérie a été fermée en 1966 (concentration à Fumel [Lot-et-Garonne] des usines de la société minière et métallurgique du Périgord) ; l’emploi s’est peu accru et demeure précaire malgré l’existence d’entreprises dynamiques (compteurs Landis et Gyr, SAGEM [2 600 travailleurs] dans l’aéronautique) et la création de quelques nouveaux ateliers (Forges de Courcelles, de Nogent-sur-Marne). La ville satellite de Commentry ne s’est pas relevée du déclin de la mine malgré ses forges et le développement d’une usine fabriquant de l’appareillage pour l’incinération des ordures ménagères : elle dirige des migrants quotidiens vers Montluçon. Les classements en zones critiques n’ont pas apporté toutes les créations souhaitées, et l’enclavement reste grand (mauvaises liaisons avec Clermont-Ferrand, l’Est et l’Ouest). L’accroissement démographique entre 1962 et 1975 est faible, voisin de 5 p. 100 seulement, et il en est de même dans les communes de banlieue de Domérat et de Désertines (ensemble, 11 737 hab.). Les centres satellites (Commentry, 10 203 hab. ; Néris-les-Bains, 2 929 hab.), également peu dynamiques, doivent cependant être associés à la ville pour mesurer exactement l’agglomération montluçonnaise, qui regroupe alors environ 85 000 habitants. La ville s’est taillée une zone d’influence, plus étendue en Creuse (jusqu’à Guéret) que dans l’Allier (jusqu’à Montmarault) et qui n’a guère mordu sur le nord du Puy-de-Dôme, très proche. Au-delà du centre, contenu dans un boulevard circulaire, témoin de l’ancien noyau fortifié au pied du château, la construction dense s’étend jusqu’aux remblais de chemin de fer, sur la rive droite du Cher. Ce sont des pavillons ou des blocs H. L. M. (Fontbouillant) qui poussent vers Désertines à l’est, Domérat et Prémilhat à l’ouest. Au sud, la ville est davantage bloquée par les ravins de rivières affluentes, tandis que le large lit du Cher au nord a été le lieu d’implantation privilégiée d’usines et d’anciennes cités ouvrières.

P. B.

➙ Allier.