Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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monnaie (suite)

Pour lutter contre cet état de fait, la banque centrale mobilise ses réserves d’or ou de devises, demande des prêts aux organismes internationaux ou à d’autres pays, essaie de passer des accords de soutien avec d’autres pays et cherche à mettre sur pied un programme de rigueur financière à l’intérieur. Il faut remarquer que les politiques de soutien des cours ou, au contraire, de lutte contre la spéculation se traduisent souvent à l’intérieur du pays par des mesures semblables ; en effet, si la spéculation à la baisse est due souvent à un déficit de la balance des paiements, lui-même souvent dû à une hausse de prix intérieure, la spéculation à la hausse, fondée sur des entrées de devises continues, se traduit souvent par une poussée inflationniste qui risque à long terme de se traduire justement par un mouvement à la baisse des taux de change. Pour permettre des ajustements rapides et l’élimination de la spéculation, de nombreux économistes préconisent la mise en place d’un système de taux de changes flottants ou tout au moins d’un élargissement des marges de fluctuations.

Pour les économistes plus classiques, ce système aurait l’inconvénient de transmettre de façon brutale les fluctuations économiques. Le système des taux de changes flottants a été adopté dans des cas précis par certains pays (Allemagne, Canada, Grande-Bretagne), mais la parité fixe reste la règle. Pour modifier celle-ci, il est nécessaire de recourir à la dévaluation ou à la réévaluation.


Les problèmes des devises clefs

Les devises clefs sont des devises qui, sans avoir forcément cours légal dans d’autres pays, sont cependant acceptées comme instrument monétaire à l’étranger. Le propre de ces devises est qu’une grande quantité d’entre elles ne font pas retour à leur pays d’origine, mais sont utilisées comme moyen de paiement dans le reste du monde. Elles bénéficient donc d’une confiance particulière pour que les détenteurs n’en demandent pas le remboursement en or ou en autres devises ; par contre, le pays émetteur doit pouvoir mériter cette confiance en donnant au cours une parité fixe qu’il entend défendre et en prenant des mesures pour ne pas propager dans le monde une inflation exportée.

Un pays dont la monnaie est une devise clef bénéficie en revanche d’un grand avantage : possédant une monnaie acceptée par tous, il peut régler ses déficits en émettant simplement cette monnaie, c’est-à-dire finalement se procurer des biens et services à bon compte. Il doit cependant être économe de cette facilité sous peine de voir d’autres pays qui détiennent cette devise en demander le remboursement, ce qui serait catastrophique (la crise du dollar est due à cette cause). Cet état de choses explique que de nombreux pays essaient activement d’enrayer l’extension des devises clefs et même mettent sur pied un contrôle rigoureux des ventes de participations à des entreprises étrangères relevant de pays détenteurs de devises clefs.

La monnaie dans les économies centralisées

La monnaie, dans les nations à économie centralisée, est étroitement liée à la politique de planification*. (Il n’est pas nécessaire que l’on soit, pour trouver cette situation, en économie étatisée, l’Allemagne nazie ayant offert l’exemple d’une économie de type capitaliste, mais étroitement dirigée.) En Union soviétique, l’histoire de la monnaie a été agitée, mais une conception précise de ses rôles en économie socialiste a fini par être dégagée.

Pendant la période du « communisme de guerre », l’U. R. S. S. connaît une forte inflation, cependant que les autorités envisagent un régime économique sans monnaie. Cependant, sous l’impulsion de Lénine, une réforme monétaire est mise en application, des 1922, dans le cadre de la Nouvelle Politique économique (N. E. P.) La réforme monétaire de 1924 pour sa part postule l’établissement d’une monnaie stable, et le gouvernement fixe la parité entre le rouble et les diverses monnaies étrangères.

Mais, par un décret du 21 mars 1928, le gouvernement soviétique décide de couper la monnaie nationale de toutes relations avec l’extérieur, en protégeant, du même coup, sa valeur sur les marchés extérieurs : le gouvernement fixe désormais le taux de change du rouble en fonction des fluctuations des devises étrangères.

La réforme monétaire de 1947 consiste surtout à instaurer un rouble lourd, en fait une unité monétaire regroupant 10 roubles anciens. Un décret du 28 février 1950 rattache, enfin, le rouble à l’or, le rouble-or étant égal à 0,222 g d’or fin.

Les économistes soviétiques attribuent à la monnaie un certain nombre de fonctions essentielles.

• Instrument de mesure de la valeur, la monnaie intervient comme outil de mesure du travail* social dépensé à la production des biens dans la société socialiste.

• C’est un moyen d’accumulation d’épargne, les revenus déposés dans les caisses d’épargne et les disponibilités des entreprises étant utilisés dans le cadre de l’accumulation de type socialiste. (Mais l’épargne constituée n’est jamais libre de s’investir là où elle le désirerait, les excédents de liquidités étant susceptibles d’être épongés par des mesures d’autorité de l’État.)

• La monnaie est enfin un moyen de comptabilisation et de contrôle de la production et de l’échange, un instrument de mesure de la valeur, c’est un compteur économique.

Il faut remarquer qu’un clivage rigoureux existe entre monnaie fiduciaire et monnaie scripturale, les usagers de la première ne pouvant se servir de la seconde en utilisant le chèque : les entreprises d’État, de leur côté, ne conservent pas d’espèces (sauf les kolkhozes, et seulement partiellement).

J. L.

Étalon or, règne du sterling, étalon de change or

Le système dit de l’étalon or

Les caractéristiques essentielles du régime dit « de l’étalon or » étaient parfaitement définies à la fin de la Première Guerre mondiale par le « Cunliffe Report », rédigé à la demande du gouvernement britannique et repris en 1929 par le Macmillan Report, à une époque où en réalité l’étalon or vivait ses dernières années :

• le métal jaune est la principale forme de monnaie ;

• l’unité monétaire nationale est définie par un poids d’or fin ;

• la banque centrale achète et vend l’or à prix fixe en monnaie nationale ;

• les billets sont convertibles en or ;

• la frappe des pièces est libre ;

• sur le marché international, les taux de change sont des taux de change fixes, ou des taux se débattant dans d’étroites limites ;

• l’exportation et l’importation de métal jaune sont autorisées ;