Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Moltke (Helmuth, comte von) (suite)

Dès le début de la campagne de 1914, il s’avère incapable d’adapter la manœuvre aux circonstances et, faisant trop confiance au plan initialement prévu, renonce pratiquement au commandement journalier de ses armées. Le 20 août il renforce encore le front de Lorraine de quatre divisions qui auraient pu rejoindre son aile marchante et le 31, croyant la victoire acquise et inquiet de l’avance russe en Prusse-Orientale, il dirige deux corps de Belgique sur le front est. Ces semaines du mois d’août révèlent son irrésolution, et la bataille de la Marne consacre son effondrement. Dès le 12 septembre, sur ordre de l’empereur, le quartier-maître général von Stein prend en fait le commandement. Deux jours plus tard, le général Erich von Falkenhayn, ministre prussien de la Guerre, de treize ans plus jeune que le généralissime, est mis à la tête des armées allemandes. Mais le nom de Moltke a un tel écho en Allemagne que cette nomination reste secrète : durant de longues semaines, Moltke demeure, en qualité de témoin muet, au quartier général allemand, et ce n’est que le 3 novembre que Falkenhayn est nommé chef d’état-major de l’armée en campagne. Moltke est alors envoyé à Berlin comme représentant de la direction suprême. Avec l’appui du Kronprinz et de l’impératrice, il militera dans le parti dit « oriental » en faveur d’une paix séparée avec la Russie.

Il meurt au Reichstag, où il vient de prononcer l’éloge funèbre du vieux maréchal Colmar von der Goltz (1843-1916), dit Goltz pacha, qui commandait une armée turque sur le front de Palestine.

P. D.

➙ Guerre mondiale (Première) / Marne (bataille de la).

molybdène

Corps simple métallique.


Scheele* étudia en 1778 les minéraux appelés plomb de mer (aujourd’hui molybdénite) et plombagine (graphite), souvent confondus jusque-là ; il en montra la différence en obtenant à partir du « plomb de mer », au moyen d’acide nitrique, une masse blanche qu’il appela acide molybdique, alors que la plombagine donnait de l’air fixe (CO2) ; il en conclut que la plombagine était du charbon mêlé d’un peu de phlogistique. En 1782, le Suédois Petter Jakob Hjelm (1746-1813) parvint à extraire le molybdène à l’état métallique.


État naturel

Le molybdène est assez rare et ne constitue que 10–4 p. 100 de la lithosphère. Son minerai est un sulfure : la molybdénite MoS2 (dont on retire le métal par grillage, puis réduction du trioxyde formé).


Atome

Cet élément du groupe VI A a 42 pour numéro atomique. La structure électronique de l’état fondamental de l’atome est représentée par 1s2, 2s2, 2p6, 3s2, 3p6, 3d10, 4s2, 4p6, 4d5, 5s1. Le rayon atomique est 1,29 Å, très voisin de celui du tungstène. L’énergie de la première ionisation est 7,4 eV.


Corps simple

C’est un métal réfractaire (tf = 2 620 °C) de densité 10,4. Ce métal est dur, sauf lorsqu’il est très pur. Il forme de nombreux alliages et s’oxyde au rouge. Il réagit avec les halogènes ; avec le fluor, on obtient le fluorure MoF6 ; avec le chlore, on a MoCl5. Il se dissout dans l’acide sulfurique concentré et l’eau régale, et il réagit avec les alcalis fondus.


Principaux dérivés

On les rattache à une grande variété de nombres d’oxydation, et la plupart sont préparés par réduction des composés du nombre d’oxydation 6, qui est le nombre d’oxydation maximal du molybdène. Les dérivés du molybdène de nombre d’oxydation inférieur à 6 ont donc des propriétés plus ou moins réductrices. On connaît des halogénures de formule (MoX2)n, tel (MoCl2)6, d’autres de formules MoX3, MoX4, ainsi que MoCl5 et MoF6.

L’oxyde MoO3 se forme par grillage du sulfure ou combustion du métal ; c’est un oxyde très fusible (tf = 17°) et très volatil. C’est un anhydride d’acide faible qui donne des molybdates avec les bases alcalines. On connaît de nombreux homopolyacides et aussi des hétéropolyacides. Ces polyacides résultent d’enchaînements macroioniques mettant en jeu des octaèdres d’oxygène MoO6 ayant des sommets communs. Par exemple, on a identifié des acides
H3[PO4(MoO3)12] ou H4[SiO4(MoO3)12].

On connaît des complexes de coordinence 8 tels que l’acide octacyanomolybdique V
H3[Mo(CN)8], 3H2O
ou l’acide octacyanomolybdique IV
H4[Mo(CN)8], 6H2O,
ou encore K2MoF8 (l’hexafluoromolybdate VI de potassium).

Le molybdène forme un dérivé hexacarbonyle Mo(CO)6 qui donne vers 300 °C avec le cyclopentadiène de l’hexacarbonyl bis (cyelopentadiényl) molybdène II selon la réaction
2 C5H6 + Mo(CO)6 → (C5H5)2Mo(CO)6 + H2.

Le molybdène et le tungstène ont certains usages assez voisins. Ils interviennent dans la composition de certains aciers spéciaux, de carbures ou borures très durs et dans la confection de pigments tels que le chromatemolybdate de plomb.

H. B.

 L. Northcott, Molybdenum (Londres, 1956).

monachisme

Ensemble des caractères spécifiques de la vie des moines.


Le monachisme déborde le cadre des différentes religions du monde, puisqu’il y a des moines chez les hindouistes ou les bouddhistes comme dans l’islām ou le christianisme. Et pourtant, nulle part il ne semble trouver sa place : alors qu’il semblerait en effet devoir rallier tous les adeptes conséquents avec la doctrine du renoncement, fondamentale au bouddhisme, il paraît si suspect aux musulmans orthodoxes qu’il n’a pu s’y implanter que subrepticement ; et dans le catholicisme même, il n’a pas encore sa situation juridique.

Le monachisme est essentiellement un esprit. Même si on essaie de cerner ici le monachisme surtout à partir de ses caractéristiques chrétiennes, plus proches de nous, à le restreindre, on le fausserait.