Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

mitoyenneté (suite)

La preuve de la mitoyenneté

La meilleure des preuves* de la mitoyenneté est évidemment la production du titre qui l’établit ; à défaut de titre, il faudra démontrer l’existence des conditions d’exercice de la prescription acquisitive. Faute de titre ou de prescription, la mitoyenneté peut encore être démontrée par l’utilisation des « présomptions de mitoyenneté », qui peuvent, d’ailleurs, être victorieusement combattues par les présomptions contraires, dites « marques de non-mitoyenneté ». La présomption de mitoyenneté la plus générale est celle de l’article 666 du Code civil, pour lequel « toute clôture qui sépare des héritages est réputée mitoyenne, à moins qu’il n’y ait qu’un seul des héritages en état de clôture ». D’autres présomptions de mitoyenneté s’appliquent particulièrement aux murs mitoyens. Mais, à l’inverse, il existe des présomptions de non-mitoyenneté résultant de l’état de la clôture : est réputé non mitoyen le mur dont le sommet est en pente d’un côté seulement ou ne présente que d’un côté un filet, un corbeau ou un chaperon ; est réputé non-mitoyen le fossé dont le volume de terre a été rejeté d’un côté seulement.

A. V.

mitrailleuse

Arme automatique montée sur un affût, permettant d’exécuter avec précision un tir continu ou en rafales de balles ou d’obus de petit calibre contre du personnel, des blindés légers ou des aéronefs.


Au xve s. étaient apparues des armes comportant plusieurs canons montées sur un affût en bois (ribaudequin), puis au xviie s. des fusils à deux ou trois tubes pouvant tirer simultanément. En 1718, Jean Puckle avait réalisé le premier barillet tournant, dont le principe sera repris plus tard par les Américains Williams et Richard Jordan Gatling (1818-1903), et, en 1814, les prototypes d’une arme automatique à vapeur, la girafe, participèrent à la défense de Paris. Mais il faudra attendre la mise au point d’étuis résistants, en papier, puis en métal, et d’amorces fulminantes à percussion pour qu’un fonctionnement régulier puisse être obtenu.

Au cours de la guerre de Sécession*, on emploie des armes automatiques au combat, tel le canon d’une livre de Williams tirant des cartouches à étui en papier combustible.

Suivant un principe analogue, Gatling développe de 1862 à 1865 une arme à canons multiples (6 ou 10) qui forment un barillet tournant. Lorsqu’un tube passe à la position inférieure, la cartouche qui s’y trouve est percutée ; l’alimentation s’effectue à la partie droite de l’arme, l’éjection se produisant à gauche et la rotation du barillet étant commandée par une manivelle à main. Ce type d’arme, dont le succès est tempéré par les risques d’accident dus à un retard d’allumage de la poudre (long feu), se retrouve en France dans les canons revolvers de Benjamin Berkeley Hotchkiss (1885), destinés à la marine et aux ouvrages fortifiés, puis sera abandonné.

En 1870, la France avait préféré la mitrailleuse de J.-B. Verchère de Reffye (1821-1880), comportant 25 tubes de 13 mm tirant ses balles en dix secondes à 1 800 m de portée. Employée en flanquement, la mitrailleuse Reffye fut efficace, notamment à Rezonville. Mais on n’avait pas encore découvert l’emploi de ces armes en feux croisés et l’on ne voyait dans leur utilisation que la possibilité d’accroître la densité du feu en palliant un manque d’effectifs.

En 1884, Hiram Stevens Maxim (1840-1916) présente aux États-Unis une arme dans laquelle le recul du canon et de la culasse, initialement verrouillés l’un à l’autre, crée l’énergie motrice. Après déverrouillage, au début du recul, un ressort comprimé arrête le tube-canon après un court recul, tandis que la culasse, poursuivant sa course, assure l’éjection de l’étui. Un ressort de rappel renvoie la culasse en avant pendant qu’un dispositif d’alimentation introduit une nouvelle cartouche. En fin de course, la cartouche (à étui en laiton) est chargée dans le canon, la culasse verrouillée et la mise à feu se produit si le tireur continue à appuyer sur la détente. Cette arme connaît un vif succès : elle est adoptée par l’Allemagne (mitrailleuse MG 08 de 1914 et de 1939) et la Russie ; un modèle pom pom de 37 mm est utilisé par les Boers pendant la guerre du Transvaal. L’alimentation de la mitrailleuse s’effectue au moyen d’une bande portant les cartouches ; un sélecteur permet de régler la cadence de tir jusqu’à 600 coups à la minute ; le refroidissement du canon est assuré par une enveloppe cylindrique remplie d’eau. D’une conception analogue, l’arme Mannlicher (1885) utilisait un levier pivotant pour accélérer le mouvement de la culasse après déverrouillage.

Le même principe, mais avec recul de la culasse seule, sera utilisé sur les pistolets mitrailleurs ; dans ce cas, le tube est fixe et la culasse n’est pas verrouillée au moment du tir ; seule son inertie ralentit son ouverture, et l’éjection de l’étui ne débute que lorsque la pression dans la chambre a nettement décru. De nombreux pistolets mitrailleurs de ce type (Thompson, M. A. T., etc.), de calibre 9 mm, ont été réalisés depuis 1940.

À la même époque que Maxim, divers inventeurs imaginent de prélever une fraction des gaz brûlés au départ d’un coup à travers un orifice percé dans le canon. Ces gaz sous pression sont employés pour faire reculer un piston qui, au moyen de leviers et de cames, commandera le déverrouillage de la culasse, l’alimentation et la mise de feu de la cartouche suivante. Tour à tour John Moses Browning (1855-1926) aux États-Unis (1889), Schwarzlose, Edward Vickers (1804-1897), Madsen et Hotchkiss (1828-1885) en Europe réaliseront ces armes automatiques dites « à emprunt de gaz ».

En 1905, les Japonais emploieront en Mandchourie des mitrailleuses Hotchkiss contre les maxims russes. Après l’arme Puteaux (1905), la France adopte la mitrailleuse Saint-Étienne (1907). De mécanisme compliqué et sujette à enrayage, celle-ci sera remplacée en pleine guerre, de 1914 à 1916, par la hotchkiss, beaucoup plus robuste (de calibre 8 mm). Très vite se fait pourtant sentir le besoin d’une arme plus légère, qui sera en France le fusil mitrailleur Mle 1915 à chargeur semi-circulaire et en Allemagne la mitrailleuse légère.