missions (suite)
Depuis quelques années, les progrès de ce que l’on appelle la « sécularisation de la pensée religieuse » ont modifié la notion traditionnelle des « pays de mission » en l’étendant à des portions parfois considérables de régions ou de couches sociales dites « postchrétiennes ». À l’occasion d’une conférence internationale missionnaire tenue à Lyon en novembre 1972, le pape Paul VI a donné une réponse ferme et précise aux incertitudes causées par des théories nouvelles sur la nature essentielle de la mission dans l’Église catholique : « La mission connaît aujourd’hui des difficultés sérieuses. Elle est bloquée en certaines régions pour des causes extérieures à l’Église, qui n’y connaît pas la liberté qu’elle serait en droit d’attendre. Elle manque aussi d’ouvriers et de ressources. Mais ce qui serait plus redoutable, ce serait l’affaiblissement de la conscience missionnaire du peuple chrétien, lui-même aggravé par une incertitude, voire par un criticisme exacerbé. »
Après avoir sommairement résumé les accusations qui « ne sont pas toujours totalement dénuées de fondement et méritent examen », mais qui « ne sont pas non plus sans ambiguïté, parfois même sans injustice », le pape rappelle que « l’Église est missionnaire par mandat de son Seigneur, et par sa nature même, comme sacrement universel de salut [...] dans l’humilité et le respect de la liberté religieuse bien comprise ; elle n’est ni contrainte ni propagande indiscrète ; elle est témoignage actif. Elle vise à susciter la foi, à rassembler les croyants en communautés chrétiennes, les invitant à leur tour à témoigner, bref à enraciner l’Église dans tous les milieux. »
Actuellement, un nouveau problème se pose de manière aiguë, celui du développement économique, technique et culturel. « Il serait aussi périlleux de confondre évangélisation et développement que de les opposer. Toutes les valeurs de justice, de paix, de respect des personnes et des minorités, d’harmonisation des diversités culturelles et raciales, que les chrétiens doivent reconnaître, admirer, promouvoir avec les autres, sont susceptibles de conduire à leur véritable source qui est Dieu. » Mais limiter volontairement l’action missionnaire à ces seuls aspects serait manquer gravement non seulement à la vocation de l’apôtre, mais aussi à l’aspiration qui surgit des profondeurs du cœur humain, et en définitive mener l’homme vers une impasse.
H. B.-M.
Bibliotheca missionum (Fribourg-en-Brisgau, 1916-1971 ; 28 vol.). / Bibliographia missionaria (Rome, 1935-1972 ; 36 vol.). / P. Charles, les Dossiers de l’action missionnaire (Louvain, 1938). / H. de Lubac, le Fondement théologique des missions (Éd. du Seuil, 1946). / A. Rétif, Introduction à la doctrine pontificale des missions (Éd. du Seuil, 1953). / S. Delacroix (sous la dir. de), Histoire universelle des missions catholiques (Gründ, 1956-1959 ; 4 vol.). / A. M. Henry, Esquisse d’une théologie de la mission (Éd. du Cerf, 1959). / H. Kraemer, Theology of the Laity (Philadelphie, 1959 ; trad. fr. Théologie du laïcat, Labor et Fidès, Genève, 1966). / G. de Vaumas, l’Éveil missionnaire de la France au xviie siècle (Bloud et Gay, 1959). / Vers une Église pour les autres (Labor et Fidès, Genève, 1966). / P. J. de Menasce, Permanence et transformation de la mission (Éd. du Cerf, 1967).
