Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

missile (suite)

Des procédés de guidage de plus en plus évolués grâce à une miniaturisation accrue ont été successivement utilisés :
— guidage radio, nécessitant d’importantes installations au sol, très vulnérables ;
— guidage radio inertiel, toujours dépendant du sol, mais d’une infrastructure plus légère ;
— guidage par inertie pure, où toutes les opérations se passent dans le missile lui-même (v. autoguidage), indépendant, sans liaison radio avec le sol.

Dans le guidage radio, la localisation est obtenue à vue ou par des radars de poursuite, les données sont enregistrées et transformées par un calculateur à terre, et les corrections à effectuer transmises par radio au missile. Ce procédé présentait l’énorme inconvénient de nécessiter d’importantes installations au sol, très vulnérables et sensibles à un brouillage éventuel.

Le guidage radio inertiel a permis de s’affranchir des systèmes de poursuite : la mise au point de plates-formes d’inertie suffisamment précises et d’un encombrement assez réduit pour être embarquées dans le missile donne à celui-ci les moyens de faire son point de façon autonome et de transmettre les données au calculateur, toujours au sol, mais qui, lui, peut être protégé.

Le guidage par inertie pure résulte de la miniaturisation très poussée du calculateur. Toutes les opérations de guidage s’effectuent dans le missile lui-même. Les opérations au sol se réduisent à l’introduction dans le calculateur de la trajectoire nominale correspondant à l’objectif choisi et, immédiatement avant le tir, au recalage des gyroscopes. De plus, ce procédé, ne nécessitant aucune transmission radio, échappe au brouillage.

Dans le cas de tirs intercontinentaux, une source d’erreurs réside dans l’imprécision du rattachement géodésique entre le point de lancement et le but. Aussi, un procédé de guidage dit stellaire inertiel fut-il expérimenté à la fin des années 60, procédé dans lequel le recalage des gyroscopes est réalisé de façon continue par pointage sur quelques étoiles soigneusement choisies. Les mesures effectuées dans un système stellaire ne sont pas entachées des erreurs dues à la géodésie et surtout (fait capital pour les missiles lancés de sous-marins) s’affranchissent de la connaissance exacte du point de lancement.

Le guidage des missiles air-air, air-sol et sol-air relève de principes différents. L’objectif, ponctuel, et le lanceur sont l’un ou l’autre, ou les deux, animés d’une grande vitesse. Une première phase du tir consiste dans l’acquisition et la poursuite de l’objectif par radars ou par moyens optiques. Le missile, une fois lancé dans la direction voulue, est poursuivi par les mêmes appareils. Le maintien de la coïncidence des deux images assure, par l’intermédiaire d’un calculateur, les corrections nécessaires, transmises au missile par télécommande. Pour assurer une extrême précision d’impact, les missiles sont, presque tous, dotés d’un système autodirecteur qui agit sur la phase terminale de la trajectoire en dirigeant le missile sur une source de rayonnements émis par l’objectif : infrarouge ou réflexion radar de longueur d’onde donnée. Dans ce dernier cas, le guidage terminal est dit actif si la source émettrice se trouve dans le projectile lui-même et semi-actif si l’émetteur est au sol ou dans l’avion lanceur. Les missiles air-sol, ayant pour objectif les installations de radars au sol, sont dirigés automatiquement sur leurs émissions, dont la longueur d’onde a dû être détectée au préalable. Un procédé plus précis consiste, pour ces air-sol, à faire coïncider une image télévisée enregistrée par le missile avec une vue de l’objectif mise en mémoire.

Le tir des missiles antichars fait appel à la poursuite optique et à un autodirecteur terminal sur infrarouge ; le guidage est commandé par fil.

Le parcours de ces différentes catégories de missiles ayant lieu dans l’atmosphère, la trajectoire désirée est obtenue par action sur des empennages ou volets orientables. Il a été envisagé, au début des années 70, le remplacement des radars par des émissions lasers*.

• La tête explosive. Tout missile est surmonté d’une tête contenant la charge explosive et les systèmes propres à provoquer l’explosion.

Le chargement de missiles stratégiques en explosifs classiques ne produirait que des effets réduits, sans aucune mesure avec les énormes investissements exigés par leur mise en œuvre. Aussi le développement des missiles a-t-il été intimement lié à celui de la miniaturisation des charges nucléaires.

L’explosion de la charge nucléaire ou thermonucléaire est déclenchée à l’altitude optimale par radar embarqué ou tout autre système altimétrique inclus dans la tête. La charge explosive et ses organes annexes sont logés dans une ogive, ou corps de rentrée, qui doit être d’une épaisseur suffisante ou recouverte de matériaux d’ablation pour supporter, sans se désintégrer, la chaleur intense produite par le freinage lors de la rentrée à grande vitesse dans l’atmosphère. Dans les missiles stratégiques les plus récents, le corps de rentrée est doté d’aides à la pénétration destinés à gêner, voire à interdire l’acquisition et la poursuite par les radars de la défense, et à réduire en conséquence le temps de préavis d’alerte, en même temps que sera rendue aléatoire l’interception par les antimissiles. L’affaiblissement — pouvant aller jusqu’à la suppression — de l’écho radar est obtenu par une géométrie spéciale de l’ogive, l’emploi de matériaux antiréfléchissants ou l’émission de contre-mesures électroniques ; la dispersion de particules réfléchissantes, ou shaffs, et de leurres contrecarre la localisation de la tête active. Enfin, un durcissement du corps de rentrée a pour objet de protéger celui-ci contre les rayonnements destructeurs (X, gamma, neutroniques...) émis par l’explosion de la charge d’un antimissile.