Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

mine (suite)

L’emploi des mines se généralisa durant la Première Guerre mondiale. Outre leur utilisation pour la défense des côtes, elles furent employées défensivement et offensivement sous la forme de champs de mines, en particulier contre les sous-marins. Ces mines étaient du type « à crapaud et à orin », dérivé des anciennes torpilles vigilantes. Leur charge (100 à 200 kg d’explosif) détonait dès qu’une coque de navire heurtait l’une des quatre ou cinq antennes dépassant du corps de l’engin. Des mines dérivantes furent employées pour rendre le dragage plus difficile. Elles furent utilisées par les Alliés, notamment en Méditerranée (canal d’Otrante, Dardanelles) et dans la mer du Nord, où, en 1918, avec l’aide des Américains, les Anglais posèrent un grand barrage de mines de 410 km fermant la mer du Nord entre Bergen (Norvège) et les Orcades pour y cerner la flotte de haute mer allemande. De 1914 à 1918, les pertes alliées par mines s’élevèrent à 1,22 million de tonneaux (600 bâtiments), soit 9 p. 100 des pertes totales.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, on employa encore des mines à orin, mais la grande nouveauté fut l’emploi de la mine magnétique, invention allemande, qui causa aux Alliés des pertes importantes (plus de 400 000 t en 1939-40) avant que la parade ne fût mise au point. Cette mine, mouillée par avion, par bâtiment de surface ou par sous-marin, était munie d’un dispositif de mise à feu déclenché par la variation magnétique du champ terrestre produite par le passage à sa verticale d’une masse métallique. Pour se défendre, on imagina de démagnétiser les navires soit en les faisant passer dans un bassin entouré d’un câble électrique, soit en disposant à bord de circuits électriques destinés à annuler la composante verticale du champ magnétique du navire. Le nouveau type de mine marine fut le premier d’une série de mines susceptibles d’exploser à distance au passage d’un navire. Les mines à orin, faciles à draguer, firent ainsi place aux mines acoustiques et aux mines à dépression. Certaines mines à la fois magnétiques, acoustiques et à dépression sont particulièrement difficiles à draguer. On utilisa aussi des mines à filet, des mines dérivantes, des mines côtières en béton pour interdire l’accès d’un littoral. Au cours du conflit, 255 000 mines furent mouillées par les Britanniques, et 230 000 par les forces de l’Axe. Les Américains employèrent des milliers de mines magnétiques mouillées de nuit, au radar, par avion, pour réaliser le blocus des côtes du Japon.

Au total, la guerre des mines coûta aux Alliés 1 400 000 t de navires de commerce et près de 2 millions de tonnes aux forces de l’Axe. Cependant, ces pourcentages ne représentent qu’une faible part des navires coulés (5 p. 100 environ), ce qui souligne l’efficacité de l’immense effort de dragage entrepris par les belligérants.

Depuis 1945, on étudie l’emploi des mines à charge atomique et l’on recherche (ou perfectionne) d’autres systèmes de mise à feu (à influence ou à dépression) qui, accroissant encore le rendement des mines, permettraient de neutraliser de larges zones de mer.


Le dragage

Pendant la Première Guerre mondiale, la destruction des mines marines fut confiée à des navires spécialisés, ou dragueurs, remorquant des câbles munis de cisailles pour couper les orins. Ceux-ci coupés, les mines remontaient à la surface où elles étaient détruites. Ce procédé fut inefficace contre les mines magnétiques et acoustiques de la Seconde Guerre mondiale, et il fallut que les dragueurs détruisent les mines par explosion soit au moyen de leurres, soit au moyen d’un champ magnétique, soit en plaçant à l’avant du dragueur un bruiteur auxiliaire. De 1940 à 1945, la Royal Navy employa environ 700 dragueurs et, au lendemain de la guerre, les Alliés durent mettre en œuvre en 1946 et 1947 près de 2 000 dragueurs pour rouvrir les eaux européennes à la navigation.

Depuis la guerre, les problèmes de dragage ont fait l’objet d’études approfondies, notamment dans le cadre de l’O. T. A. N., qui organise régulièrement de grands exercices interalliés de dragage (tel New Broom sur les côtes hollandaises en 1968).

En France a été créé en 1957, à Saint-Nicolas près de Brest, un laboratoire expérimental sur le magnétisme et l’acoustique ; à partir de 1960 était regroupé à Brest l’ensemble des services (commission d’études pratiques et centre d’instruction) chargés de la lutte contre les mines. Celle-ci exige d’abord la localisation des zones minées qui permettra de réaliser les chenaux indispensables au trafic ami, l’autoprotection des navires contre les mines et enfin la destruction des mines, qui peut s’opérer soit par dragage systématique sur zone, soit par une action directe sur les mines identifiées (chasse aux mines).

En 1973, la marine française comptait plus de 36 000 t de dragueurs (type océanique, de 700 t ; côtier, de 300 à 400 t ; de rade, de 140 t). En outre, elle possède 5 chasseurs de mines de type « Circé » (entrés en service en 1971-72), spécialisés dans la détection et la neutralisation des mines de fond à influence, qui sont obtenues soit par l’intervention de plongeurs-démineurs, soit par un dispositif dit « engin autopropulsé porteur de charges ». Dotés d’un équipement sonar et d’un amagnétisme très poussée, ces bâtiments de 500 t, dont la coque est en bois lamelle, sont particulièrement bien équipés pour remplir leur mission.

H. de N. et A. L.

mines et carrières

En principe, dans presque tous les pays du monde, les matières premières importantes et relativement rares existant dans le sous-sol, minerais et combustibles, n’appartiennent pas au propriétaire du sol, quelle que soit leur profondeur, y compris ce qui peut affleurer ; leur exploitation doit être autorisée par un acte de la puissance publique octroyé à un concessionnaire selon les clauses d’un cahier des charges, quitte à dédommager le propriétaire du sol des dégâts et de la privation de jouissance provenant de l’exploitation ; parfois, une redevance tréfoncière par tonne extraite sous son terrain lui est attribuée.