Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

mine (suite)

Les mines terrestres

Dès l’Antiquité, dans la guerre de siège, puis particulièrement au xviie s., il était courant de creuser des galeries souterraines jusqu’à l’aplomb des murailles ennemies, d’y entasser dans une cavité appelée fourneau une quantité de poudre qui constituait ainsi un fourneau de mine et d’y mettre le feu. L’explosion devait en principe abattre un pan de la muraille et permettre aux assiégeants de pénétrer plus facilement dans la place. Au cours de la Première Guerre mondiale, le procédé a été systématiquement employé, surtout à partir de 1915 près de Berry-au-Bac (cote 108), aux Éparges, à Massiges, etc., pour venir à bout de tranchées particulièrement bien défendues ou difficilement accessibles. Ces travaux étaient exécutés par un personnel spécialisé auquel on donna le nom de sapeur.

Dans la guerre moderne, le terme de mine a pris un sens assez différent. Il s’agit de petites masses d’explosif, destinées à exploser soit au passage d’un char, soit à celui d’un homme à pied. En général, on place l’explosif dans un pot muni de dispositifs permettant de le faire détoner soit par pression directe sur l’enveloppe, soit par traction d’un fil relié à un allumeur.


Les différents types de mines

On distingue en général deux grandes catégories de mines : les mines antichars (A. C.) et les mines antipersonnels (A. P.), dont les caractéristiques se rapprochent des mines françaises suivantes.

• La mine antichar indétectable modèle 1951 est ainsi appelée parce qu’elle n’a aucune pièce métallique ; elle pèse 7 kg. L’explosif solide, de couleur jaune, forme le corps même de la mine, tandis que le plateau de pression et l’allumeur sont en matière plastique. Pour la mise en place, il suffit d’introduire l’allumeur dans son alvéole et d’enlever la sûreté : en principe, la mine explose sous une pression de 140 kg au moins et est capable de détruire une chenille de char.

• La mine antipersonnel indétectable modèle 1951 est une petite boîte en matière plastique surmontée d’un pointeau très sensible qui peut éclater à la moindre pression. Le tout pèse 85 g. La mine antipersonnel métallique du type bondissant pèse 4 kg. Elle se compose d’un pot contenant deux explosifs entourés de grenaille et d’un détonateur relié à des fils tendus jusqu’à 10 ou 15 m de là. Une première explosion provoquée par une tension d’un fil lance la mine à 80 cm de hauteur, une seconde la fait exploser à ce moment et projette la grenaille jusqu’à une centaine de mètres.

Il existe également des mines éclairantes fonctionnant sur un principe analogue.


La pose des mines

Le premier principe à respecter est que, étant donné le danger qu’elles représentent, il faut les signaler tant que l’ennemi n’est pas à proximité et en tout cas relever leurs emplacements de manière très précise. Parmi les dispositifs les plus utilisés, on distingue les types suivants.

• Les barrages continus. Dans ce cas, les mines se posent suivant des bandes de quelques mètres de large, composées de grappes de mines antipersonnels et antichars. Plusieurs bandes plus ou moins parallèles forment des champs de mines, dont la densité est égale au nombre de mines par mètre courant. La densité normale est de 2 à 3 mines antichars ou 12 à 15 mines antipersonnels selon le but recherché. La profondeur du champ varie de quelques dizaines à quelques centaines de mètres.

• Les bouchons. Lorsque l’on veut barrer seulement des points de passage obligés, on se contente de placer quelques mines sur une portion de route, sur un pont ou en lisière de bois, mais en les plaçant de façon systématique et en repérant leurs emplacements. Bien entendu, il s’agit de camoufler les mines, ce qui est possible sous bois, beaucoup moins en terrain découvert, à moins de s’y prendre à temps. En outre, les maisons sont souvent piégées, soit grâce à des artifices de construction, soit grâce à des « astuces » particulières, ce qui les rend très difficiles à détecter.

On peut rattacher aux mines terrestres les mines fluviales de 10 à 300 kg d’explosif, dérivant entre deux eaux pour agir contre les ponts et les embarcations, ainsi que les mines aériennes de 1 kg suspendues par un câble à des ballons pour faire barrage contre les attaques d’avions en piqué (Raupenminen allemandes).


Le déminage

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, l’emploi des détecteurs de mines, appelés familièrement poêles à frire, a rendu les plus grands services. Mais, depuis l’invention des mines indétectables, il faut recourir à d’autres procédés, notamment la photo aérienne, qui, souvent, voit mieux que l’œil ; ensuite, une étude attentive du terrain permet de rechercher les emplacements qui paraissent le plus propices. En tout état de cause, on ne peut, devant l’ennemi, que chercher à créer des couloirs en détruisant les mines par l’artillerie ou par du cordeau détonant ou, à la rigueur, en sondant le sol à la baïonnette et en déterrant les mines une à une. Mais ce procédé est long, les spécialistes rares et les piégeages dangereux. En temps de paix, ce travail relève des artificiers.


Les mines marines

La mine marine est un engin immergé contenant une charge détonante destinée à exploser au passage d’un navire et dont l’effet destructeur est accru par la pression de l’eau qui fait office de bourrage.

Les premières mines apparurent sous le nom de torpilles vers 1880 ; elles étaient réservées à la défense des côtes et des ports. Russes et Japonais les utilisèrent en 1904-05. À l’origine, on distinguait deux types : les torpilles dormantes (250 à 700 kg), placées sur le fond et dont la mise de feu, commandée électriquement d’un poste à terre, était déclenchée au passage d’un bâtiment ennemi ; les torpilles vigilantes (30 kg), flottant entre deux eaux, étaient reliées par un orin à un crapaud ancré sur le fond. Un chenal de sécurité, libre de torpilles et connu des bâtiments amis, leur permettait de circuler sans danger dans les zones minées.