Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Milan (suite)

Milan, premier centre commercial

Son appareil commercial n’a pas pour seule fonction la desserte urbaine ou régionale. Il est aussi le siège des initiatives en matière de commerce de détail intégré avec les grandes chaînes la Rinascente et Standa. L’activité de son commerce de gros rayonne sur tout le pays. Enfin, Milan est le premier centre national du commerce extérieur tant par sa foire que par le fait que plus de 30 p. 100 des actes commerciaux d’exportations et d’importations sont signés dans la ville.


Milan, centre financier

La fonction financière n’est pas moins importante. Les banques milanaises reçoivent plus de 15 p. 100 des dépôts bancaires et assurent plus de 20 p. 100 des emplois. Toutes les banques n’ont pas leur siège à Milan, mais toutes, parmi celles d’une certaine ampleur, y ont des guichets. De plus, Milan abrite le siège social ou la direction générale de gros organismes de crédit : Banca commerciale italiana, Credito Italiano, Cassa di Risparmio delle Provincie Lombarde, Banca Popolare di Milano, Mediobanca... Ce n’est pas Rome (malgré le siège de la Banca d’Italia) qui a la chambre de compensation la plus active, mais Milan (44 p. 100 du pays). L’abondance des possibilités d’emploi attire les disponibilités financières depuis toutes les régions du pays, et par là Milan commande les flux bancaires et monétaires d’ensemble ainsi que tout le marché financier, car sa Bourse est la principale, bien avant Rome, en Italie.


Milan, centre national de décision économique

C’est à Milan que les sociétés placent leur siège, et 40 p. 100 environ des sociétés par actions sont dans ce cas. Près de 50 p. 100 du chiffre d’affaires des plus grandes entreprises italiennes sont le fait de sociétés milanaises. Le capitalisme milanais a donc un rôle dominant en Italie, les spectaculaires concentrations se font à partir des états-majors milanais de même que les opérations avec l’étranger.


Milan, centre culturel

La fonction culturelle a suivi le progrès économique milanais. La ville possède de nombreux théâtres et musées. La Scala et le Piccolo Teatro sont de renommée internationale ; l’essentiel du marché de la peinture se fait à Milan. Les universités gagnent en importance avec le Politecnico, l’université commerciale Luigi Bocconi, l’université catholique del Sacro Cuore, l’université d’État ; elles comptent plus de 45 000 étudiants inscrits. Mais il y a aussi la prolifération des bureaux d’étude, des associations syndicales patronales et ouvrières. Enfin, l’édition et la presse apportent leur concours à cette influence culturelle milanaise. Nombre de grands éditeurs italiens sont à Milan (Mondadori, Rizzoli, Garzanti, Ricordi...). C’est ici le siège du premier quotidien national, Il Corriere della Sera (tirage de 550 000 env.), et du troisième, Il Giorno, (tirage de 300 000), ainsi que de très nombreuses revues. Face à Rome, la capitale politique, les Milanais disent appartenir à la « capitale morale » de l’Italie.


La population

Le jeu de ces fonctions multiples suppose des transformations constantes de l’appareil urbain et l’apport de population. La population milanaise présente des caractères spécifiques. L’accroissement est rapide (242 000 hab. en 1851, 599 200 en 1911, 1 276 521 en 1951 et 1,8 million actuellement). Les données démographiques montrent un faible accroissement naturel et un vieillissement général de la population. C’est donc surtout par les phénomènes migratoires que la ville s’agrandit. De toutes les parties de l’Italie affluent des « immigrés » en quête d’emploi. Ce sont des gens jeunes, peu instruits et peu qualifiés. En arrivant dans la ville, ils rencontrent bien des problèmes. Celui de l’emploi d’abord, qu’ils résolvent en acceptant des postes ingrats dans l’industrie et dans le bâtiment. Le problème du logement aussi est résolu par de nombreux expédients (vie sur le chantier, pensions de famille...) en attendant de pouvoir trouver un appartement dans une lointaine banlieue. Du reste, nombre de personnes travaillant à Milan habitent loin de la ville et font l’aller et le retour chaque jour. Ces mouvements pendulaires intéressent plus de 250 000 personnes. La structure socioprofessionnelle de la population résidente apporte l’image d’une ville encore fortement liée au secteur secondaire (51 p. 100 de la population active) malgré une nette tendance à la « tertiarisation ». La répartition des catégories sociales dans la ville évoque de vigoureux contrastes sociaux. Commerçants, cadres, membres des professions libérales habitent le centre, les ouvriers sont rejetés dans la périphérie urbaine, les employés se concentrent dans la partie moyenne de la ville. Cela répond aux caractères de l’organisation urbaine.


L’organisation urbaine

Elle est loin d’être satisfaisante, car la croissance urbaine n’a pu être maîtrisée. Jusqu’au xixe s., Milan est restée une petite ville avec un plan radioconcentrique fixé dès le Moyen Âge. La naissance de la grande ville se fait après l’Unité. Le territoire communal s’agrandit par deux fois : en 1873, avec l’annexion d’un territoire entourant Milan, dénommé « Corpi Santi » ; en 1923, avec l’annexion de onze communes contiguës. On met alors en place les infrastructures urbaines (gaz dès 1845, aqueduc en 1888, réseau d’égouts à partir de 1901, système de transports urbains, cimetières en 1866 et 1895...). Après la Seconde Guerre mondiale, on assiste à une véritable explosion urbaine avec une multitude d’initiatives publiques et privées dans le domaine de la construction. Il en résulte une géographie des quartiers assez confuse.

Il y a d’abord une zone anciennement urbanisée (avant la Seconde Guerre mondiale) et qui est limitée par un grand boulevard circulaire (Circonvallazione esterna) ; elle couvre 3 700 ha et abrite 900 000 personnes. À l’intérieur, on discerne d’abord le « centre historique » (297 ha), limité par le boulevard qui suit le tracé des anciens canaux (Cerchia dei Navigli). C’est le cœur de la ville avec le Dôme, l’hôtel de ville, la Scala, la basilique Sant’Ambrogio. Ce quartier se transforme en « city ». La population résidente diminue, et les espaces restés vacants sont occupés par les bureaux des sièges de sociétés, des banques. Autour du centre historique et jusqu’à un deuxième boulevard circulaire, celui des bastioni, ou mura spagnole, s’étendent des quartiers de résidence aisée ou de services urbains (hôpitaux, magistrature). Au-delà, on trouve un vaste ensemble d’habitations peu différenciées avec, cependant, la persistance de vieux quartiers (Ripa Ticinese au sud, Porta Volta au nord-ouest) et l’apparition de quartiers spécialisés : quartier des marchés de gros et « Cité des études » à l’est, « centre de direction » près de la gare centrale (où se regroupent des immeubles administratifs privés et publics dans le cadre d’une architecture moderniste, dont le « gratte-ciel Pirelli » est le témoin).