Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Milan (suite)

De 1860 à 1881, Milan affermit ses structures économiques. Les industries rurales se multiplient (textile), mais un noyau d’entrepreneurs se forme dans la ville. L’économie milanaise résiste mieux que celle des autres régions italiennes à l’invasion des produits et des capitaux étrangers, facilitée par le libre-échange, car elle exporte la soie. L’exposition industrielle de 1881 à Milan montre les progrès de l’Italie et surtout de Milan. À partir de ces années, tout va changer. Avec un réseau ferré terminé, un vrai marché national est constitué. Le retour au protectionnisme donne l’avantage aux régions plus développées, donc à la Lombardie. La crise agraire chasse les hommes et les capitaux de la terre. L’ouverture du Saint-Gothard (permettant l’importation du charbon et du fer de l’Allemagne), les débuts de l’électricité donnent une vive impulsion à Milan. L’arrivée de la banque allemande en Italie se fait par l’intermédiaire de Milan (création de la Banca commerciale italiana en 1894, au départ à capitaux allemands). L’avance industrielle de Milan s’accélère alors, en particulier pour le coton et la mécanique. Les sociétés par actions se concentrent de plus en plus à Milan (Pirelli, Falck, Breda, Edison, Montecatini...). La Première Guerre mondiale, en exigeant une production accrue, consolide les entreprises milanaises, mieux placées que leurs concurrentes. Sous le fascisme, le système corporatiste favorise une fois de plus Milan, car les grands industriels lombards sont à la tête du mouvement. Après la Seconde Guerre mondiale, les nécessités de la croissance poussent au renforcement de grands groupes soutenus par une myriade de moyennes entreprises profitant des économies d’échelle dégagées par les grosses sociétés. C’est encore à Milan que les conditions les meilleures sont réalisées.


Les fonctions

Multiples, elles se situent à des niveaux géographiques différents.


Milan, grande capitale régionale

Ses limites dépassent le simple cadre administratif de la Lombardie. Cette région économique couvre 33 565 km2 (11 p. 100 du territoire national), répartis sur douze provinces ; elle groupe plus de 9 millions de personnes et près de 20 p. 100 de la population active italienne. Dominant toute la Lombardie, Milan étend encore son influence en Piémont dans la province de Novare et une partie de celle d’Alexandrie, en Émilie dans la province de Plaisance. Cette influence milanaise se transmet grâce à un réseau urbain bien hiérarchisé. Mais, plus près de la ville, l’activité économique pousse à l’urbanisation, d’où la formation d’une conurbation comptant 3,7 millions d’habitants et s’étendant sur 170 communes. Du reste, l’urbanisation se poursuit et l’on voit naître une région urbaine de près de 5 millions d’habitants.

Les activités que l’on trouve dans la conurbation ont en réalité un rayonnement suprarégional, car Milan est aussi capitale économique.


Milan, vaste région industrielle

Elle concentre près de 20 p. 100 des salaires italiens. La production est massive, variée, avec un fort taux d’accroissement et une grande diversité de structures. Spatialement, malgré l’imbrication des usines, on peut relever quelques faits majeurs. À l’intérieur de la ville, l’industrie recule vers la périphérie, surtout pour les industries polluantes. La partie nord-ouest de la conurbation (vers Busto Arsizio) est dominée par le textile (coton). Vers le nord-est, la métallurgie et la mécanique l’emportent (Sesto San Giovanni) et, vers le nord, c’est la chimie (Cesano Maderno, Varedo) qui a la primauté. Vers le sud, l’industrie est beaucoup plus modeste ; on la trouve le long des voies de communication et, au sud-ouest, près du « grand canal » (industrie du verre de Corsico). L’étude par branche industrielle présente la hiérarchie suivante : métallurgie et mécanique, textile et habillement, chimie et caoutchouc, bâtiment et travaux publics, autres industries. Les industries du textile et de l’habillement furent les premières à s’installer, elles ont aujourd’hui des évolutions contrastées selon le secteur étudié. Le travail des textiles est en crise. Les entreprises moyennes et familiales du coton sont les plus atteintes. Si la laine et la soie sont peu représentées, Milan conserve de grosses usines pour le travail du lin, chanvre et jute ainsi que pour la teinture, l’impression des tissus et pour de petites spécialités (tissus de crin, passementerie...). Par contre, les industries de l’habillement sont en forte croissance avec l’industrialisation de la confection et la rapidité du développement de la bonneterie ; le travail des peaux et l’industrie de la chaussure (autour de Parabiago) complètent le tableau. La conurbation milanaise reste la première région textile italienne avec près du cinquième des emplois nationaux du secteur. Il en va de même pour la métallurgie et la mécanique (plus de 20 p. 100 des emplois nationaux du secteur), d’un grand dynamisme. La métallurgie, malgré la sidérurgie sur l’eau, a une place toujours honorable liée à la précocité de son installation près de Milan (Sesto San Giovanni) avec la firme Falck. L’élément majeur de l’industrie milanaise est la mécanique. On y trouve toutes les fabrications. On note l’essor des constructions électromécaniques avec des entreprises italiennes (Ercole Marelli et Magneti Marelli), mais aussi avec la pénétration étrangère dans ce secteur de pointe. La construction de matériel de transport reste importante avec la fabrication d’automobiles (firmes Alfa-Romeo, OM, Autobianchi, Innocenti), de matériel ferroviaire (firme Breda). La chimie est le nouveau domaine des grandes opérations milanaises, surtout dans les secteurs des industries chimiques légères (exemple : produits pharmaceutiques Carlo Erba) et des textiles artificiels et synthétiques (avec la société Snia Viscosa) ; il faut lui accoler l’industrie du caoutchouc avec les grandes usines de la Pirelli. La conurbation concentre pour ce vaste secteur le tiers des emplois nationaux. Enfin vient la cohorte des autres industries qui sont liées au progrès de l’urbanisation (13 p. 100 des emplois nationaux). Les productions alimentaires sont très variées, avec des spécialités industrielles (pâtisseries Motta et Alemagna). Le travail du bois et la fabrication des meubles sont le fait d’un artisanat (dans la Brianza, au nord de la ville) qui évolue rapidement vers des formes industrielles. Milan est le deuxième centre italien de l’industrie du verre et a une place de choix dans la céramique industrielle avec la firme Richard-Ginori. La conurbation a aussi des papeteries et de nombreuses imprimeries. La conséquence logique de la présence du foyer urbain et de l’accumulation industrielle est le développement des activités tertiaires.