Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Mexique (suite)

De grands programmes de développement concernent les régions humides du golfe du Mexique. La zone agricole pionnière du bassin du Papaloapan s’était développée dès la fin du xixe s., mais de vastes étendues, régulièrement inondées, étaient inutilisables. Après la construction du barrage Miguel Alemán sur le río Tonto, des travaux d’aménagement et d’irrigation en aval ont permis de doubler la superficie agricole pour la production de canne à sucre et de riz. La population locale bénéficia de ces améliorations ; les nouveaux arrivants furent peu nombreux.

Dans la plaine alluviale du río Grijalva, à l’ouest de Villahermosa, la colonisation agricole, temporairement entravée par l’échec des plantations de bananes et les inondations du fleuve, a repris à partir de 1950. La création, entre 1950 et 1960, de voies de communication reliant le Tabasco au reste du pays, la construction du barrage de Malpaso en 1964 pour éviter l’inondation de la plaine ont relancé le développement agricole. Le but recherché n’est pas tant la densification du peuplement que le réaménagement de la campagne, la conquête de nouvelles terres, l’intensification de l’agriculture (maïs, riz, bananes, canne à sucre) et surtout le développement de l’élevage à partir de la région pilote de Limón.

Les tentatives de colonisation des zones forestières du Yucatán sont bien plus réduites. Le projet de la Sierrita visant à promouvoir une agriculture irriguée par puits et aspersion ne touche qu’une faible quantité de personnes. La colonisation dirigée du río Candelaria, dans le Campeche, pour l’exploitation de bois précieux est limitée en raison de l’insuffisance des investissements, de l’aménagement et du peuplement. Fondée sur l’élevage, la colonisation individuelle le long de la route péninsulaire connaît une certaine réussite.

Au Quintana Roo, des groupes de colons pratiquent une agriculture permanente irriguée associée à l’élevage, non sans dangers, car les sols s’épuisent rapidement.

Dans une ambiance climatique différente, les terres chaudes de la dépression Balsas-Tepalcatepec connaissent, surtout depuis 1955, une extension de leur superficie agricole. L’irrigation permet deux cultures par an, une de coton, l’autre de maïs et de riz, tandis que se développent des cultures spéculatives de melons exportés en hiver vers les États-Unis. Cette mise en valeur s’est accompagnée d’un peuplement en petits villages ; les travaux agricoles de pointe attirent une population de travailleurs temporaires. Plus en aval naît un nouveau foyer de peuplement grâce à la construction de barrages (la centrale de l’Infiernillo alimente Mexico en électricité) et à la prochaine mise en service de l’important complexe sidérurgique Lázaro Cárdenas à l’embouchure du río de las Balsas.

Le Bajío est formé par les plaines alluviales du río Lerma et de ses affluents, entre Querétaro et le lac de Chapala ; traditionnel grenier à blé du Mexique, il connaît, grâce à de nouvelles irrigations et à l’introduction de cultures spéculatives, un regain de développement agricole. Des superficies importantes étaient déjà irriguées par un système traditionnel de barrages de terre sur les cours d’eau ; une irrigation récente par pompage des nappes d’eau souterraines a étendu ces superficies et augmenté les rendements. Tout en demeurant un gros producteur de blé, le Bajío s’est spécialisé dans l’élevage des porcs, l’élevage laitier avec cultures de luzerne et de sorgho ainsi que dans la polyculture intensive de légumes (tomates, ail). Ses multiples villes ont connu des évolutions diverses. Certaines, situées à l’écart des nouveaux axes de circulation (Acámbaro, Ocotlán), stagnent ou ne progressent que légèrement. D’autres, surtout dans le Bajío oriental, ont une croissance rapide, parce qu’elles bénéficient soit d’une meilleure situation par rapport aux axes routiers (Irapuato, Celaya), soit d’une industrialisation (León, Salamanca), ou des deux à la fois (Querétaro). Plus à l’ouest, les villes sont moins nombreuses et moins importantes (Zacapu, Zamora, La Piedad). La proximité de Guadalajara est un handicap à leur croissance.

Plus précoce que dans les terres tropicales chaudes, la colonisation du Nord-Ouest a été le plus souvent précédée par la construction de barrages et par des travaux d’infrastructure avec une participation importante du gouvernement fédéral. L’agriculture irriguée est une agriculture moderne, mécanisée, utilisant des engrais et des insecticides, bénéficiant de crédits, orientée vers les cultures commerciales. Ces cultures spéculatives produisent pour l’exportation : coton à Mexicali (le quart de la production nationale), à Hermosillo et à Ciudad Obregón ; canne à sucre à Los Mochis et à Culiacán ; légumes à Culiacán. Le Nord-Ouest est en outre une région de cultures vivrières, qui fournit au marché national du riz, des légumes et du blé (60 p. 100 de la production nationale). Comme dans les autres secteurs de cultures commerciales, les périodes de pointe attirent un grand nombre de travailleurs temporaires. Dans chaque secteur d’irrigation, l’essentiel de la population est concentré dans une ville : Hermosillo, Ciudad Obregón, Los Mochis, Culiacán dépassent toutes 50 000 habitants ; près de la frontière, Mexicali en compte plus de 350 000.

Sur la zone d’épandage du río Nazas, au nord du plateau central aride, s’est développée dès le xixe s. la région agricole irriguée de la Laguna. Première région à blé à partir de 1850, elle tient une importance considérable dans l’économie nationale. Actuellement, le blé n’est plus cultivé que sur la moitié de la superficie agricole ; la culture du coton s’est développée. Cet ancien pôle de développement n’attire plus aujourd’hui de population, car il connaît de graves problèmes. L’eau est devenue insuffisante pour les besoins de l’irrigation ; en raison de l’accroissement de la population, la terre fait aussi défaut. La grande agglomération de Torreón ne peut absorber la main-d’œuvre rurale excédentaire ; elle-même ne connaît qu’un développement modéré malgré l’importance de son rôle dans le Nord mexicain.