Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

aphte

Ulcération cupuliforme recouverte d’un enduit jaune « beurre frais », et sertie d’un fin liséré carminé.


Douloureux, en nombre variable, les aphtes siègent aux muqueuses (face interne des joues, gencives, langue, vulve, gland) et plus rarement sur la peau. Guérissant en 8 à 10 jours, ils ont des récidives fréquentes et imprévisibles. Les aphtes géants, ou nécrosants, sont longs à cicatriser. La stomatite aphteuse, de début brutal, hautement fébrile, est faite de nombreux aphtes parsemant la muqueuse buccale fortement érythémateuse. Elle est le plus souvent étiquetée fièvre aphteuse. En réalité, celle-ci, d’origine animale (Bovidés), est possible, mais exceptionnelle, chez l’Homme. Elle se manifeste par des symptômes voisins : poussées successives de température coïncidant avec des poussées d’aphtes. Sa prophylaxie consiste à éviter la consommation de lait cru dans les périodes d’épidémie animale. Albert Touraine (1883-1962) englobe sous le nom d’aphtose les aphtes vulgaires, la stomatite aphteuse et diverses manifestations cutanées, oculaires et articulaires. La maladie de Hulûsi Behçet comporte des aphtes buccaux, des ulcérations génitales et des manifestations nerveuses, digestives et surtout oculaires graves. Le diagnostic des aphtes est tantôt facile, tantôt délicat. La nature exacte des aphtes reste ignorée ; leur origine virale est présumée, mais non prouvée. Le traitement local comporte des bains locaux calmants et des attouchements avec des solutions aqueuses de salicylate de soude ou de nitrate d’argent. Le traitement préventif des récidives est décevant. On a proposé, avec des succès divers, les vitamines PP, C ou B6, des dérivés de la biguanide, le lysozyme.

A. C.

apiculture

Art de soigner les Abeilles.



Introduction

Les Abeilles nous donnent leur miel, mais aussi différents autres produits, notamment le pollen et la gelée royale, sans compter le venin, qui ont tous des propriétés diététiques et thérapeutiques.

Dès la préhistoire, les hommes ont su s’emparer du miel pour s’en nourrir et, pendant de longs siècles, il resta la seule matière sucrée connue.

Autrefois, les Abeilles étaient cultivées dans de vulgaires paniers d’osier, recouverts d’un mélange de terre et de bouse de vache, bournats ou caisses quelconques, dans lesquels les rayons étaient fixes. L’apiculteur se contentait de tailler à même la masse, c’est-à-dire de prélever quelques rayons de miel qui, écrasés et passés, donnaient un produit de qualité médiocre. En outre, aucune surveillance ne pouvait être exercée sur la vie de la colonie, et le dépistage des maladies était impossible. C’est ce que l’on appelle l’apiculture fixiste.

Tout cela a bien changé depuis l’invention de la ruche à cadres. Celle-ci contient des rayons mobiles, qui peuvent être enlevés et examinés séparément. Ce perfectionnement important, remontant à un peu plus d’un siècle, a permis un essor nouveau et un rendement accru de l’apiculture ; il est dû principalement à deux Américains, Langstroth et Dadant. En France, on rencontre surtout les ruches portant les noms de ces deux inventeurs, ainsi que des ruches Voirnot, dont les dimensions des cadres sont différentes.


Savoir aborder les Abeilles

Pour se prémunir contre les piqûres d’Abeille, on ne connaît encore que la fumée produite par un soufflet, l’enfumoir, dans lequel on brûle des chiffons, des aiguilles de pin, des copeaux, du bois pourri ou tout autre combustible.

Avant d’aborder une ruche et de l’ouvrir pour n’importe quelle opération, il faut tout d’abord prévenir les Abeilles en donnant quelques coups d’enfumoir à l’entrée. Cela fait, il convient d’opérer avec calme, très doucement.


Visite générale

Elle se fait, en principe, au printemps, lorsque la température extérieure est d’au moins 12 ou 13 °C à l’ombre.

Il faut tout d’abord savoir si la colonie n’est pas orpheline, c’est-à-dire privée de sa reine, et donc sans valeur. Cela se constate facilement par l’absence de couvain, c’est-à-dire de l’ensemble des œufs et des larves que soignent les Abeilles dites « nourrices ». Dans la région parisienne, on doit commencer à voir, dès la fin de février ou le début de mars, du couvain au moins large comme la paume de la main, sur un ou deux cadres. À cette époque, une colonie orpheline est vouée à sa perte, à moins que l’on ne possède une reine fécondée provenant d’un élevage, et qu’il s’agira d’introduire.

La seconde constatation essentielle est de s’assurer qu’il existe des provisions en quantité suffisante : ces provisions sont constituées par du miel contenu dans la hausse (c’est-à-dire la partie supérieure mobile de la ruche), ou par du sirop de sucre (1 kg de sucre pour 0,750 kg d’eau) que l’on peut donner aux Abeilles dans de petits appareils nommés nourrisseurs dès que la température est favorable. Sinon, il faut avoir recours au candi, qui est un sucre spécial, un peu analogue aux bonbons fondants, et dont les Abeilles sont très friandes.

Cette visite générale sera complétée par un nettoyage sérieux, notamment du plateau, qui sera débarrassé de tous les débris qui le souillent.


Préparation des ruches en vue de la miellée

Seules les colonies puissantes peuvent donner une récolte, surtout depuis que le perfectionnement de l’agriculture amenuise chaque jour davantage les surfaces à butiner. Il est donc nécessaire d’avoir d’excellentes reines, changées au besoin tous les deux ou trois ans, et qui, par leur ponte abondante, sont susceptibles de produire des colonies possédant, au moment de la miellée, de 30 000 à 50 000 Abeilles, et même davantage. Ce sont les gros bataillons qui font les bonnes récoltes.

On peut encore améliorer cette ponte par un nourrissement stimulant donné chaque soir pendant trois semaines, à raison de 100 g de sirop de sucre contenant, par exemple, soit de la levure de bière, soit un œuf entier par litre.


La miellée

La récolte est subordonnée aux ressources mellifères de l’environnement. La miellée se situe à des époques différentes selon les régions. Pour être rentable, il faut des millions et des millions de fleurs, ce qui implique de grandes surfaces. La modernisation de l’agriculture a fait disparaître la majorité des prairies artificielles (Sainfoin, Trèfle incarnat, Luzerne), qui donnaient le miel le meilleur et le plus fin. Il reste maintenant le Colza (mais il granule en rayons dans la quinzaine de son emmagasinement par les Abeilles) ; il faut donc l’extraire aussitôt. L’Acacia constitue encore, en certains endroits, des peuplements importants, et donne un miel d’excellente qualité. Puis, dans le Midi, viennent le Romarin, la Lavande, les fleurs de prairie, tandis que, dans certaines régions où domine le Pin, grâce à l’intermédiaire des pucerons, on récolte un miel particulier (Vosges, col de la République, Forêt-Noire), appelé miel de sapin, très prisé outre-Rhin, où il a une valeur double du miel de fleurs.