Apennin (l’) ou Apennins (les) (suite)
Ce qui introduit la diversité dans ces massifs, c’est la structure complexe de l’Apennin. Le relief dominant est celui de hauts plateaux coupés par des vallées profondes et des bassins intérieurs (les « conques »). Géologiquement, l’Apennin appartient aux montagnes du cycle alpin, mais il est le résultat de la réunion tardive de blocs très différents entre eux. Il y a le cordon des moyennes montagnes liguriennes reliant les Alpes à l’Apennin. Il se poursuit par un Apennin septentrional, formé de nappes de grès et d’argiles, un Apennin central et méridional calcaire, un Apennin calabrais, schisteux et cristallin.
La mise en valeur de l’Apennin est difficile. Peuplées depuis le Paléolithique, ces montagnes n’ont pas été, du fait de leur morcellement, le support d’une unité régionale. Par fragments, elles ont été conquises et annexées par les habitants de la plaine. Les difficultés des communications, la pauvreté des conditions économiques leur ont fait jouer le rôle de montagne refuge. Les activités traditionnelles sont celles de toute montagne méditerranéenne. Il y a d’abord l’élevage du petit bétail, avec une très ancienne transhumance, ainsi que l’exploitation forestière ; dans les bassins et sur les terrasses, on trouve des cultures céréalières, des olivettes, parfois des arbres fruitiers (amandiers). La surcharge démographique a nécessité des activités complémentaires. L’industrie s’est peu développée : des carrières, quelques usines alimentaires et textiles, des papeteries. L’artisanat eut plus de succès. Mais l’émigration est, depuis des siècles, le remède à la misère. De saisonnière, l’émigration est devenue définitive. Elle s’est dirigée vers les plaines toutes proches, l’Italie du Nord, l’étranger. Des traits de l’économie moderne pénètrent cependant la montagne. La réforme agraire a transformé certains secteurs (la conque du Fucino, dans les Abruzzes). L’équipement hydro-électrique n’est pas négligeable ; il représente environ le quart de la puissance installée nationale. L’industrie n’apparaît que de manière ponctuelle, le plus souvent dans les cités au contact de la montagne et des collines : installations chimiques de San Giuseppe di Cairo et de Ferrania (Ligurie) ; industries alimentaires, confiserie en particulier, à Pérouse ; sidérurgie à Terni (Ombrie), papeterie fine à Fabriano (Marches), travail de la bauxite à Bussi (Abruzzes), industries chimiques encore dans la vallée du Basento (Basilicate). Le tourisme, sans rivaliser avec les franges côtières ou les Alpes, se diffuse, car l’équipement routier rend l’Apennin plus accessible. La moyenne montagne de l’Apennin ligure, tombant brutalement sur la mer, est surtout une zone de passage vers Gênes. L’Apennin émilien et toscan (monte Cimone, 2 163 m), dont le rameau des Alpes Apuanes enferme le fameux marbre de Carrare, possède la station d’Abetone. L’Apennin central, calcaire, dominé par le Gran Sasso (2 914 m), voit la prospérité des stations de Campo Imperatore ou de Roccaraso. L’Apennin méridional (2 000 m d’altitude) est très déshérité dans les zones calcaires de Campanie et du Basilicate, mais il s’anime sur les hauteurs cristallines de la Calabre (2 000 m) avec Camigliatello, Silano et Mancuso. Il s’agit encore d’un tourisme local, surtout estival et familial. L’Apennin demeure une région pauvre, et ses habitants continuent à l’abandonner.
E. D.
➙ Abruzzes-Molise / Basilicate / Calabre / Campanie / Émilie / Italie / Latium / Ligurie / Marches / Mezzogiorno / Ombrie / Toscane.
J. Demangeot, Géomorphologie des Abruzzes adriatiques (C. N. R. S., 1965).