Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

mesure (suite)

Le premier de ces éléments a été longtemps le seul inflexible. Primitivement, « battre la mesure » consistait à frapper des séries de « temps » égaux appelés tactus, applicables à une unité définie appelée « unité de temps », et cela sans préjuger ni de ses subdivisions ni de ses groupements. On « battait » donc 1, 1, 1... et non, comme de nos jours, 1, 2, 3... ou 1, 2, 3, 4. Cette dernière façon de réunir les « temps » en groupes, qui prirent à leur tour le nom de mesures, apparaît vers le xviie s., en même temps que l’habitude de matérialiser ces groupes dans l’écriture en les séparant par des barres verticales que l’on appela barres de mesure. En même temps, les chiffres (ou signes) conventionnels, qui, précédemment, indiquaient exclusivement les procédés de subdivision des valeurs à tous échelons (longue en brèves, brève en semi-brèves, etc., ce que l’on appelait modes, temps et prolations), ne gardèrent plus ce sens que pour un seul échelon, qui conserva le nom de temps, en l’appliquant désormais à l’unité de battue (temps « simple » binaire ou temps « composé » ternaire) ; mais ces signes servirent surtout désormais à indiquer le nombre de temps compris dans la mesure : on eut ainsi des « mesures à 2 (3, 4...) temps », binaires ou ternaires, marquées par des « chiffres (ou signes) de mesure » ; « battre la mesure » devint un procédé visuel d’indication des temps, réglé par une convention progressivement normalisée ; on distinguait encore au xviiie s. la manière française, dans laquelle chaque temps était signifié par un geste différent, et la manière italienne, dans laquelle seuls étaient différenciés le premier temps et sa préparation.

La façon de subdiviser les valeurs d’appui entre deux tactus, par contre, n’a pas toujours été aussi stricte qu’elle l’est théoriquement aujourd’hui. On a longtemps considéré qu’une valeur quelconque pouvait se diviser soit en sous-valeurs égales, soit en sous-valeurs semblables, mais de longueur inégale : une longue du xiiie s., par exemple, se divisait en deux ou trois brèves, mais, dans le premier cas, la première, dite brevis recta, était plus courte que la seconde, dite brevis altera, dans la proportion d’environ 1 à 2. D’où le nom de mensuration proportionnelle. Cette inégalité non écrite des valeurs de subdivision, très variable selon les pays, les époques et les modes, a subsisté jusqu’au xviiie s. sous le nom de notes inégales et sous une forme différente dans le style rubato, aujourd’hui décrié à l’excès, mais qui n’en fut pas moins à la base de l’interprétation jusqu’à sa très récente condamnation par les puristes du xxe s. Elle est aujourd’hui totalement exclue des études du solfège, pour qui « jouer en mesure » consiste précisément à obtenir l’égalité absolue non seulement du tactus, mais encore de toutes ses subdivisions, et cette ignorance n’est pas sans créer de graves contresens lorsqu’on aborde l’exécution des musiques anciennes.

La généralisation d’une mensuration rigoureuse à tous échelons tend actuellement à déplacer la notion de mesure ; antérieurement centrée sur la perception des points d’appui (temps ou tactus), avec subdivisions en sous-valeurs plus petites et groupements en valeurs plus longues, elle glisse peu à peu vers le critère exclusif de groupement à partir de la plus petite unité commune, considérée comme indivisible. La mesure en vient ainsi à n’être plus, dans certains cas, qu’un comptage matériel du nombre d’unités compris entre deux barres de mesure, ce qui en détruit la nature et se révèle à peu près incompatible avec une perception rythmique véritable. Ainsi seulement s’expliquent des mesures telles que 27/16 ou qui ne correspondent plus à aucune impulsion rythmique saisissable et dont on trouve l’équivalent de plus en plus fréquemment dans les compositions récentes.

Mesure à l’antique

On appelle ainsi un style très particulier, issu du courant humaniste de la Renaissance, qui fut en usage principalement dans la seconde moitié du xvie s. et qui était fondé sur une transcription musicale rythmique des mètres de la versification gréco-latine. Les longues de cette versification étant en principe traduites par 2 temps et les brèves par 1 temps, l’alternance irrégulière des groupements binaires et ternaires donnait lieu, en contraste avec l’isochronie habituelle des tactus, à de savoureux mélanges de rythmes.

J. C.

 M. Lussy, Traité de l’expression musicale (Berger-Levrault, 1874). / A. Mocquereau, le Nombre musical grégorien (Desclée, 1908). / E. Monod, Mathys Lussy et le rythme musical (Fischbacher, 1912). / W. Apel, The Notation of Polyphonic Music (Cambridge, Mass., 1942 ; nouv. éd., 1961). / O. Messiaen, Technique de mon langage musical (Leduc, 1945). / J. Chailley, la Musique et le signe (Éd. Rencontre, Lausanne, 1967) ; « Rythme verbal et rythme gestuel. Essai sur l’organisation musicale du temps », dans Journal de psychologie (1971). / E. Weber, la Musique mesurée à l’antique en Allemagne (Klincksieck, 1973).

métabolisme

Ensemble des transformations chimiques et physiques que subissent les constituants biologiques au sein d’une cellule ou d’un organisme, transformations qui permettent de satisfaire les besoins matériels structuraux et les besoins énergétiques des êtres vivants.



Métabolisme intermédiaire

Opérations de synthèse, la formation de nouvelles structures vivantes et le maintien des structures déjà formées et fonctionnelles consistent généralement dans la réunion, spécifique ou non, de molécules simples en molécules complexes de poids moléculaire plus élevé (v. assimilation). Inversement, la dégradation des structures biologiques consiste en une dissociation des molécules complexes en molécules simples. Classiquement, le terme d’anabolisme désigne les opérations de synthèse et le terme de catabolisme les opérations de dégradation. Anabolisme et catabolisme sont les deux orientations opposées de réactions chimiques généralement — mais pas toujours — réversibles :