Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Melbourne (suite)

Le site choisi par John Batman fut la rive nord de la rivière Yarra, à un endroit facilement accessible aux bateaux de mer, mais en amont d’une zone marécageuse qui aurait gêné le développement de la ville et entravé la construction des voies de communication avec l’intérieur. La situation de Melbourne s’est révélée très favorable : la rivière Yarra se jette au fond d’une vaste baie (Port Phillip Bay), zone d’affaissement récent dont la largeur atteint quelque 45 km. À l’est de la ville s’allonge la longue dépression du Gippsland ; à l’ouest s’étale, vers Geelong, une plaine au riche sol volcanique. Les communications avec l’intérieur du continent sont rendues faciles par le rétrécissement et l’abaissement de la Cordillère australienne au nord de la ville : la « Kilmore Gap » permet d’accéder aisément aux plaines du Murray. Le réseau ferré, plus dense que dans le reste de l’Australie (ligne vers Ballarat et de là vers l’Australie-Méridionale* et Mildura, ligne du Gippsland et surtout ligne du Murray, raccordée à Albury au réseau de la Nouvelle-Galles du Sud) et un réseau routier, de mieux en mieux équipé, drainent les produits agricoles de l’intérieur vers le port de Melbourne, qui, inversement, joue un rôle important de centre de redistribution pour les marchandises importées.

Melbourne est, en effet, un grand centre commercial, et le trafic de son port a considérablement augmenté depuis la Seconde Guerre mondiale : il est passé de 6,2 Mt en 1948 à 16,9 Mt en 1974. Cette activité se divise entre le commerce international et le « cabotage » le long des côtes de l’Australie.

Le trafic avec l’étranger est presque équilibré : en 1974, les exportations ont représenté 7,5 Mt, et les importations 9,4 Mt. La laine reste la principale exportation du port, qui expédie aussi du blé, de la farine, de la viande, des produits laitiers et quelques produits manufacturés. Les importations sont très variées : voitures, machines, textiles, produits chimiques, bois, papier ; le principal poste est le pétrole brut, mais l’exploitation des gisements du détroit de Bass doit amener la diminution des importations d’hydrocarbures.

Pour le cabotage, Melbourne joue un rôle essentiel de relais, entre la côte est et la côte sud et sud-ouest, et de liaison avec la Tasmanie. Les entrées (2,6 Mt en 1969) sont un peu plus fortes que les sorties (1,6), car Melbourne doit faire venir des produits nécessaires à ses industries, du fer, de l’acier, du sucre par exemple. Elle embarque principalement des produits pétroliers raffinés (carburants et fuels notamment), des automobiles, des fruits frais.

Si le mouvement des marchandises s’accroît, le nombre des bateaux qui fréquentent le port stagne juste au-dessous de 3 000 : en 1970, 1748 navires d’outre-mer et 1244 du trafic côtier ont relâché à Melbourne. Cette stagnation s’explique par l’accroissement du tonnage moyen des navires et par leur spécialisation : les navires porte-containers jouent un rôle croissant dans le trafic total, en particulier pour les liaisons avec le Japon, la Nouvelle-Zélande, la Grande-Bretagne, et Melbourne a été l’un des premiers ports à s’équiper pour la manutention des containers (trafic avec la Tasmanie dès 1961, avec Fremantle dès 1964).

Depuis sa création, le port de Melbourne, administré par le Melbourne Harbour Trust à partir de 1876, a connu en effet d’importantes transformations : le port primitif était installé sur la Yarra, en face de la ville ; très vite, des dragages furent nécessaires pour accroître la profondeur : celle-ci était en 1896 de 8,20 m ; elle est passée ensuite à 9,45 m et, depuis 1969, à 13,40 m.

En aval de Melbourne, une boucle de la rivière fut supprimée grâce à un chenal artificiel (1886). Les bords de la rivière se révélant très insuffisants, des bassins furent creusés dans les marais : Victoria Dock, qui reste le principal élément du port avec ses 24 quais, reçut ses premiers navires en 1893 et fut agrandi ensuite. Depuis la Seconde Guerre mondiale, Appleton Dock a été aménagé, et un nouveau bassin, Swanston Dock, est en cours de creusement depuis 1968, pour le trafic des containers. Par contre, en amont, la construction d’un pont routier (Spencer Street Bridge) a amené la disparition du port primitif sur la Yarra (Queen’s Wharf), et un nouveau pont autoroutier plus à l’ouest doit provoquer prochainement l’abandon de quelques quais supplémentaires.

En aval, sur la rive droite, un bassin (Holden Dock) vient d’être équipé pour les produits pétroliers ; les installations de Williamstown se consacrent surtout à l’exportation du blé ; on y trouve également des chantiers de construction navale.

Melbourne a été le grand port des immigrants, et son trafic « passagers » reste relativement important : pour l’outre-mer, il est descendu de 103 000 en 1966 à 86 700 en 1970 ; par contre, avec la Tasmanie, on constate une certaine progression (112 492 passagers en 1970). Les grands paquebots ne pouvaient pénétrer dans la Yarra : une jetée a été aménagée en 1930 (Station Pier) avec gare maritime, sur la baie même de Port Phillip ; elle peut recevoir quatre grands paquebots à la fois. Mais ce trafic « passagers » connaît évidemment la concurrence de l’aviation : Essendon Airport a eu, en 1969, 54 192 mouvements d’avions pour le trafic intérieur et 1 021 pour le trafic international, ce qui a représenté un total de 2 431 000 passagers. L’impossibilité d’agrandir Essendon a conduit à construire un nouvel aéroport à 20 km seulement du centre, Tullamarine Airport, avec deux pistes capables d’accueillir les plus grands avions ; il est entré en service en 1970.

De simple port de commerce, Melbourne est devenue progressivement un grand centre industriel, certaines usines sont localisées à proximité des installations portuaires : raffineries de pétrole et usine pétrochimique d’Altona (Mobil Oil), usines de soude et d’engrais chimiques, raffinerie de sucre à Yarraville, grande usine aéronautique de l’Australian Aircraft à Fishermen’s Bend. D’autres sont dispersées dans la banlieue : si General Motors Holden a des ateliers à Fishermen’s Bend, une autre usine est située dans la banlieue est, à Dandenong. Les usines Ford sont à Campbellfield au nord de la ville. Volkswagen, Rootes, Massey Ferguson, Caterpillar, International Harvester... ont des installations à Melbourne, qui est un centre très important pour les constructions mécaniques. Des industries alimentaires variées, des fabriques de produits pharmaceutiques (Aspro), des usines textiles qui utilisent surtout la main-d’œuvre féminine complètent les activités industrielles de la ville. Il faut y ajouter les usines construites dans deux ports satellites : Geelong, située à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest de Melbourne, sur la baie de Port Phillip, possède une raffinerie de pétrole (Shell), une usine d’aluminium (Point Henry, Alcoa), une fabrique de superphosphates et la plus grosse distillerie de whisky de l’hémisphère Sud. Au sud-est, Western Port est un port pétrolier avec une raffinerie et des installations d’embarquement du pétrole et de gaz liquéfié qui viennent d’entrer en service : d’importants gisements de pétrole et de gaz ont été découverts dans le détroit de Bass (Barracouta, Kingfish). Un gazoduc conduit le gaz à Dandenong, dans la banlieue est de la ville, d’où il sera distribué dans toute l’agglomération ; jusqu’à présent, le gaz utilisé était fabriqué à partir des lignites de Yallourn (Gippsland), surtout utilisés pour la production d’électricité (fournissant les trois quarts du courant consommé par l’agglomération, le reste venant de centrales thermiques au fuel situées à Melbourne même et des usines hydro-électriques de la Cordillère australienne). C’est également de la montagne que vient l’eau nécessaire à la ville grâce à un barrage situé sur la haute Yarra.