Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Méditerranée (mer) (suite)

• La mer Tyrrhénienne. Plus petite et plus profonde, elle a la forme d’un vaste amphithéâtre ouvert au sud-ouest (canal de Sardaigne). Elle est cernée, de façon quasi continue, par des montagnes percées de volcans (nord de la Sicile, littoral napolitain). La plate-forme n’est qu’un étroit trottoir, sauf dans les parages de l’île d’Elbe. La pente continentale présente une topographie très complexe, avec des bassins profonds, réunis par des réseaux de cañons et séparés par des seuils portant des crêtes aiguës ou des monts sous-marins. La plaine centrale (entre 2 000 et 3 600 m) a des surfaces planes réduites en raison de l’envahissement par des montagnes volcaniques dont les sommets sont parfois faiblement immergés.

La Méditerranée orientale

Occupant 1 682 000 km2 et enfermée entre l’édifice balkanique et la plate-forme africaine, elle est plus profonde et dotée de structures et de reliefs très différenciés.

La partie axiale est parcourue par des crêtes et des dépressions parallèles (entre 2 500 et 3 000 m) qui forment le « seuil est-méditerranéen ». Ce n’est pas une dorsale océanique (v. océan), mais une véritable montagne plissée, dont certains anticlinaux sont déversés vers le sud.

Au nord du seuil on trouve successivement plusieurs subdivisions

• Les fosses hellènes sont des alignements discontinus de dépressions étroites et profondes allant des îles Ioniennes jusqu’à la Turquie (maximum de profondeur : fosse du cap Matapan, 5 093 m). Au sud de la Crète, les fosses Pline (4 096 m) et Strabon (3 500 m) sont séparées par des hauteurs (telles que la montagne Anaximandre) que l’on peut suivre jusqu’à Chypre. Versants et crêtes sont déchirés par des décollements gigantesques et ravinés par des coulées ; les dépôts accumulés dans le fond des fosses sont fréquemment déformés.

• La mer Égée est une suite d’arcs insulaires (Crète, Cyclades, Sporades) d’origine sédimentaire ou volcanique et de dépressions tectoniques (bassin de Chalcidique, cuvettes occupées par les Détroits) diversement remblayées selon la proximité des rivages montagneux.

• La mer Adriatique, placée dans la zone d’affrontement des édifices des Apennins et des Balkans, est, pour les trois quarts, occupée par une immense plate-forme en grande partie construite à l’aide des apports du Pô. Les dépressions (fosse de Jabuka, 260 m) sont des fossés récents imparfaitement remblayés. La pente continentale, doucement inclinée (loupes de glissements), s’achève dans un bassin ovoïde fermé par l’étroit goulet du détroit d’Otrante.

Au sud du seuil on reconnaît plusieurs régions.

• Il s’agit tout d’abord d’une suite de plaines reliées par des couloirs (plaines de Messine, des Syrtes, Hérodote, Eratosthène) et d’un glacis sédimentaire discontinu, dont les deux principaux éléments sont le cône de Messine et le cône du Nil. Des plateaux qui les bordaient, les cônes n’ont laissé affleurer que les parties culminantes qui émergent du remblaiement (plateaux de Medina, de Cyrénaïque, Ératosthène).

• La mer des Syrtes comprend une très large plate-forme (golfe de Gabès) et une très longue pente continentale couronnée de bancs et d’îlots volcaniques, et creusée de bassins tectoniques, dont les plus profonds dépassent 1 500 m (détroit de Sicile). Elle s’achève par un escarpement raide, situé à l’est de l’île de Malte, puis par un grand glacis sédimentaire, qui occupe la plus grande partie du golfe de la Grande Syrte.

J.-R. V.

➙ Atlantique (océan) / Courants océaniques / Indien (océan) / Océan / Ondes océaniques.

 J. Rouch, la Méditerranée (Flammarion, 1946). / M. Le Lannou, Problèmes géographiques de la Méditerranée européenne (C. D. U., 1959 ; 2e éd., 1964). / F. Bartz, Die grossen Fischereiräume der Welt, t. I : Atlantisches Europa und Mittelmeer (Wiesbaden, 1964). / M. Dacharry, Tourisme et transport en Méditerranée occidentale (P. U. F., 1964). / F. Doumenge, Hydrologie, biologie et pêche en Méditerranée occidentale (Institut de géographie, Montpellier, 1968). / O. Leenhardt, Sondages sismiques continus en Méditerranée occidentale (Inst. océanogr., Monaco, 1970). / A. R. Miller, P. Tchernia et H. Charnock, Mediterranean Sea Atlas (Woods Hole, Mass., 1970). / C. Verlaque, l’Industrialisation des ports de la Méditerranée occidentale (thèse, Montpellier, 1970 ; 4 vol.). / W. B. F. Ryan et coll., « The Tectonics of the Mediterranean Sea », dans The Sea sous la dir. de A. E. Maxwell, vol. IV (Londres, 1971).


L’histoire de la Méditerranée

Ceinturée sur la majeure partie de son pourtour par de hautes montagnes qui isolent de petites plaines littorales favorables à l’établissement de l’homme qu’elles jettent à la mer, la Méditerranée a été jusqu’au xvie s. le point de rencontre et de confrontation des empires et des civilisations asiatiques, européennes et africaines.


La Méditerranée antique

La Méditerranée est favorisée, surtout en Orient, par un littoral indenté de nombreuses presqu’îles, par un semis très dense d’îles, par l’existence enfin de détroits qui canalisent la navigation (Messine, Otrante, Hellespont, Bosphore, etc.). Elle apparaît comme bien adaptée aux techniques nautiques qui, jusqu’à la fin du Moyen Âge, privilégient le cabotage aux dépens des voyages en droiture, rares et toujours dangereux.

Du fait de leur implantation géographique, les civilisations de l’Égée (helladique, cycladique et crétoise) échangent par voie maritime l’obsidienne de Mêlos (Mílos), les figurines de marbre des Cyclades et les poteries locales dès le Ve millénaire, époque où débute le peuplement de Malte et des lointaines Baléares. Au IIIe millénaire, leurs besoins en fer anatolien exploité par Troie II et en cuivre chypriote font participer les Egéens au commerce international des métaux qui alimentent pendant trois millénaires le Proche-Orient.