Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

médaille militaire (suite)

Cinq corps de troupes portent la médaille militaire à la cravate de leur drapeau, dont le régiment d’infanterie coloniale du Maroc et le 3e régiment étranger d’infanterie, qui totalisent chacun six citations à l’ordre de l’armée. Il existe une fourragère aux couleurs de la médaille militaire qui est portée par les drapeaux et les membres des formations ayant été l’objet d’au moins quatre citations à l’ordre de l’armée.

Depuis 1856, 28 personnalités étrangères, dont Winston Churchill, ont été décorées de la médaille militaire.

P. A. V.

➙ Décoration.

 M. Massian, la Médaille militaire (Éd. Neuf, 1972).

médecine

Ensemble des moyens mis en œuvre pour conserver et pour rétablir la santé.


Longtemps considérée comme un art, la médecine a bénéficié depuis deux siècles des immenses progrès réalisés dans toutes les sciences et les techniques.

Le malade reste encore le personnage central du drame à trois : la maladie, le malade, le médecin. À la période antique, riche en grands précurseurs luttant contre certains interdits religieux ou philosophiques, ont succédé les phases de stagnation, voire de régression du Moyen Âge, puis de renouveau lors de la Renaissance. Le xviie s. voit l’essor et la domination de l’école anglaise, précédant l’avènement de la médecine scientifique au xviiie s. Mais seuls, sous l’impulsion de quelques grands savants, le développement industriel et la circulation des idées donneront progressivement à la médecine son aspect moderne.


L’évolution de la médecine


L’Antiquité

La paléopathologie (étude des anomalies des vestiges osseux essentiellement) montre que l’homme préhistorique était atteint de nombreuses affections largement dominées par les traumatismes. Les techniques médicales étaient sans doute très limitées, et les trépanations du Néolithique tenaient certainement plus de la sorcellerie que de la neurochirurgie.

Les primitifs pratiquaient probablement une médecine incantatoire, mais ils possédaient, grâce à l’expérience, quelques notions de thérapeutique « par les plantes », tout en disposant de techniques chirurgicales simples (réduction de fracture et immobilisation).

Avec la médecine babylonienne, l’observation et l’expérience semblent prendre le pas sur la magie*, bien que les prêtres restent de redoutables concurrents du médecin, dont le code de Hammourabi* fixe déjà honoraires et responsabilité. La chirurgie s’élabore, la pharmacopée s’enrichit et surtout apparaît un esprit d’observation et de méthode.

En Égypte, tout est lié au « pneuma » : des souffles bons ou mauvais pénètrent les corps ; plusieurs dieux sont garants de la santé. L’enrichissement de la pharmacopée relègue pourtant progressivement la magie à l’arrière-plan au profit de la prescription médicale codifiée, dans le cadre légal d’une médecine collective. Certains documents médicaux font la somme des connaissances de l’époque en pathologie et en thérapeutique dès le xxe s. av. J.-C. Toutefois, l’anatomie reste inconnue malgré la pratique systématique de l’embaumement.

La médecine hébraïque est théurgique : Dieu est source de la santé et de la maladie. La pureté est essentielle, ce qui explique le caractère hygiéniste de cette médecine talmudique, qui, la première, reconnaît — et craint — le caractère contagieux de certaines affections. Pourtant, le caractère ponctuel des connaissances nuit à l’essor de cette médecine, donc à son influence dans le cadre du monde antique.

• La Grèce. Asclépios (Esculape), fils d’Apollon, aurait appris du centaure Chiron l’usage des plantes. Il aurait accompagné l’expédition des Argonautes et connu à son retour un succès tel que les dieux, jaloux, l’auraient fait « disparaître ». Mais ses deux filles et ses trois fils auraient maintenu la tradition médicale de la famille. La légende faisait de l’un de ses petits-fils l’ancêtre d’Hippocrate.

Les Asclépiades, prêtres médecins qui prétendent descendre d’Asclépios, exercent dans des temples, où ils associent dans la thérapeutique hygiène, prière et psychothérapie. Le serpent d’Asclépios. symbole de la force souterraine, est parvenu jusqu’à nous sous la forme du caducée. Peu à peu, sous l’influence des philosophes, la médecine grecque se laïcise. Balnéothérapie (bains), phytothérapie (plantes), hygiène alimentaire sont la base de la thérapeutique. Pythagore* (vie s. av. J.-C.), dont la philosophie est dominée par la notion de l’équilibre des nombres, de l’harmonie, édicté des règles de vie destinées à maintenir l’équilibre, c’est-à-dire la santé. D’autres philosophes et médecins établissent leur système sur l’eau, l’air, le feu, la terre. Les écoles de Cnide, de Cos soulignent l’importance de l’observation des malades pour la compréhension de la maladie.

Si Hippocrate* a certainement existé, la légende forgée autour de ce grand esprit exige la critique. Hippocrate est à l’origine, sinon l’auteur, de nombreux traités de médecine : quatre « humeurs » sont à la base de sa doctrine (sang, bile, atrabile, pituite) ; la santé traduit leur équilibre, et la maladie témoigne de leur déséquilibre. Il est nécessaire de rechercher l’étiologie, la cause (atmosphérique, alimentaire...) du déséquilibre, et de favoriser la nature, qui doit spontanément ramener l’équilibre entre elles. Pour aider la nature, Hippocrate utilise le « contraire », base de l’allopathie actuelle : combattre le froid par le chaud, etc. Son amour de l’hygiène et de la modération est pythagoricien. Hippocrate crée les bases du contact entre le médecin et le malade. L’interrogatoire, l’examen clinique sont codifiés. La pathologie est analysée, les épidémies sont décrites. La thérapeutique chirurgicale est planifiée logiquement et judicieusement, qu’il s’agisse de chirurgie orthopédique ou générale. Enfin, Hippocrate établit les règles du comportement du médecin vis-à-vis de ses confrères, de ses élèves, de ses malades et de leur famille. Il insiste sur la difficulté de faire une bonne médecine : « La vie est courte, l’art est long, l’expérience trompeuse, le jugement difficile. »

Platon* et Aristote* sont fidèles à la doctrine hippocratique, combattue par beaucoup d’autres. Pour Aristote, le cœur est l’organe essentiel, et la qualité de la vie est fondée sur l’équilibre entre l’âme et le corps.