médaille (suite)
Au xviiie s., il y eut de moins en moins de « médailles de majesté », et l’on constate un retour à la psychologie, à la liberté et, par conséquent, à la grâce dans les portraits : John Friend, par Ferdinand de Saint-Urbain (1658-1738) ; Jan Hus, Luther, Calvin, par Jean Dassier (1676-1763) ; Montesquieu, par Jacques Antoine Dassier (1715-1759), fils de Jean ; Louis XVI et Marie-Antoinette, par Benjamin Duvivier (1730-1819). Il faut citer aussi les œuvres d’Augustin Dupré (1748-1833), de Nicolas Gatteaux (1751-1832) et de Giovanni Battista Nini (1717-1786).
La France continua de donner le ton aux médailleurs européens : en Allemagne, Franz Andreas Schega (1711-1787) ; en Italie les Hamerani ; en Suède, Raimond Faltz (1658-1703) ; pour la Suisse, Jean Charles Hedlinger (1691-1771) ; etc.
Les médailleurs officiels français, à la fin du xviiie s. et au début du xixe, pratiquèrent un style apparenté à celui de l’Histoire métallique royale, mais, parallèlement au style froid de la frappe officielle, les révolutions de 1789 et de 1848 suscitèrent une abondante production, coulée en métal de peu de prix (plomb surtout), offrant tous les caractères de l’art populaire et principalement intéressante sous le rapport de l’histoire satirique. L’ordre social étant en principe rétabli, David d’Angers (1788-1856), par ses célèbres médaillons, se classa parmi les grands artistes romantiques ; au cours du xixe s., des sculpteurs aussi éminents que Rude*, Barye* ou Carpeaux* signèrent des modèles prestigieux.
Les médailles modernes sont de moins en moins fréquemment coulées ou frappées d’après des moules ou des empreintes personnellement travaillés par l’artiste signataire : à la gravure directe se substitue l’emploi du tour à réduire. Ce mécanisme permet aux peintres, dessinateurs et sculpteurs de créer des maquettes de plus grandes dimensions, qui seront réalisées par les soins d’auxiliaires spécialisés.
Vers 1900, à l’époque de l’Art nouveau, la médaille participe à l’avènement de l’esthétique moderniste ; les personnages seront représentés dans leur costume de tous les jours ; l’allégorie s’embourgeoise et aux dieux de l’Olympe succèdent la bicyclette, le chemin de fer, l’avion, la vie sportive et civile. L’initiateur de ce mouvement fut Hubert Ponscarme (1827-1903), qui eut de nombreux émules.
Après la Seconde Guerre mondiale, les médailleurs, tant à l’étranger qu’en France, aspirent toujours à la modernité. Stimulés par l’administration des Monnaies et Médailles, certains Français cultivent l’abstraction, tandis que des artistes figuratifs spécialisés comme Raymond Corbin (né en 1907) ou Raymond Joly (né en 1911), graveur général des Monnaies, pratiquent de nouveau la taille directe sur acier. Ainsi est assurée, dans un climat d’éclectisme, la continuité de cet art précieux et difficile.
M. G.
➙ Monnaie.
A. Armand, les Médailleurs italiens des xve et xvie siècles (Plon, 1879 ; nouv. éd., 1883-1887, 3 vol.). / A. Heiss, les Médailleurs de la Renaissance (J. Rothschild, 1881-1892 ; 9 vol.). / H. A. Grueber, Medallic Illustrations of the History of Great Britain and Ireland (Londres, 1885). / J. Simonis, l’Art du médailleur en Belgique (Dupriez, Bruxelles, 1900). / F. Mazerolle, les Médailleurs français du xve siècle au milieu du xviie siècle (Leroux, 1902-1904 ; 3 vol.). / N. Rondot, les Médailleurs et les graveurs de monnaies, jetons et médailles en France (Leroux, 1904). / J. de Foville, Pisanello et les médailleurs italiens (Laurent, 1909). / G. F. Hill, Medals of the Renaissance (Oxford, 1920) ; A Corpus of Italian Medals of the Renaissance before Cellini (Londres, 1930 ; 2 vol.). / J. Babelon, la Médaille et les médailleurs (Payot, 1927) ; la Médaille en France (Larousse, 1949). / G. Habich, Die deutschen Schaumünzen des xvi. Jahrunderts (Berlin, 1929-1934 ; 2 vol.). / A. Dropsy, l’Art et les techniques de la médaille (Firmin-Didot, 1943). / Le Médaillier français (La Monnaie, 1950). / J. Jacquiot, Médailles et jetons de Louis XIV (Klincksieck, 1970 ; 4 vol.).