Mazarin (Jules) (suite)
L’autorité du ministre ne fit que croître durant les dernières années de sa vie, le roi le laissa entièrement libre de ses décisions. Louis XIV semblait « l’aimer par-dessus tout le monde ». Mazarin se chargea de l’éducation politique du roi, qui, dès l’âge de seize ans, fut associé régulièrement aux travaux de ses différents conseils. Le cardinal voulait laisser après sa mort Louis XIV en mesure de gouverner sans l’aide d’un Premier ministre.
La maison du cardinal
Mazarin amassa une prodigieuse fortune durant son ministériat. Colbert remit de l’ordre après la Fronde dans cette fortune déjà considérable, mais mal gérée. Les revenus du cardinal provenaient de ses gouvernements d’Alsace, de Vincennes, de La Rochelle, de l’évêché de Metz et de 27 abbayes, mais aussi d’« affaires » financières scandaleuses.
Mazarin fit venir à Paris ses neveux et nièces Mancini et Martinozzi, qui épousèrent de grands noms de la noblesse française.
Collectionneur, Mazarin assembla dans son palais (devenu la Bibliothèque nationale) des sculptures, peintures, tapisseries, joyaux, meubles, dont une partie provenait de la vente de la collection de Charles Ier d’Angleterre. Gabriel Naudé (1600-1653) s’occupa de la bibliothèque de Mazarin, dispersée durant la Fronde, puis reconstituée et léguée au collège des Quatre-Nations (fondation posthume de Mazarin, aujourd’hui Institut de France). Mazarin aimait donner des représentations théâtrales (fit jouer plusieurs pièces de Molière), des fêtes, des festins. Il introduisit en France l’opéra italien, les machines de Giacomo Torelli (1604 ou 1608-1678), les mises en scène somptueuses.
Mazarin mourut le 9 mars 1661 à Vincennes. Louis XIV ayant refusé la fortune qu’il lui léguait, c’est le neveu du cardinal, le duc de La Meilleraye, qui fut son légataire universel.
Mazarin, qui avait été si violemment décrié, laissait le royaume pacifié et victorieux. Il avait préparé les conditions politiques et idéologiques qui permirent au règne de Louis XIV d’être tout de suite très brillant.
Les mazarinades
Pamphlets, chansons, poèmes burlesques, satires publiés durant la Fronde et dirigés principalement contre Mazarin. Les pamphlets rendaient le cardinal responsable de la crise et attaquaient son origine étrangère, sa fortune rapide, ses amours, son incapacité dans les affaires intérieures, sa politique extérieure. Mais chaque parti ayant ses propres pamphlétaires, Anne d’Autriche, Gaston d’Orléans, le Grand Condé, le cardinal de Retz et les financiers furent aussi attaqués.
Célestin Moreau dans sa Bibliographie des mazarinades (1850) dénombra environ 4 000 pièces. La Requeste des trois estats présentée à Messieurs du Parlement, l’Histoire du temps, le Catalogue des partisans comptent parmi les mazarinades les plus importantes. Les pamphlétaires les plus illustres furent : Gui Joly, Jean-François Sarasin, Olivier Patru, Gui Patin, Scarron, etc. G. Naudé, bibliothécaire de Mazarin, réfuta dans le Mascurat ou Jugement de tout ce qui a été imprimé contre le cardinal de Mazarin (v. 1650) les accusations lancées contre Mazarin.
A. C. D.
➙ Anne d’Autriche / Fronde / Louis XIII / Louis XIV / Richelieu / Trente Ans (guerre de).
A. Cheruel, Histoire de France sous le ministère de Mazarin (Hachette, 1883 ; 3 vol.). / A.-M. Cabrini, Mazarin, aventure et politique (Bonne, 1963). / M.-N. Grand-Mesnil, Mazarin, la Fronde et la presse, 1647-1649 (A. Colin, coll. « Kiosque », 1967). / G. Dethan, Mazarin et ses amis (Berger-Levrault, 1968 ; nouv. éd., 1973). / P. Jansen, le Cardinal Mazarin et le mouvement janséniste français, 1653-1659 (Vrin, 1969). / P. Guth, Mazarin (Flammarion, 1972).