Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Mazarin (Jules) (suite)

L’autorité du ministre ne fit que croître durant les dernières années de sa vie, le roi le laissa entièrement libre de ses décisions. Louis XIV semblait « l’aimer par-dessus tout le monde ». Mazarin se chargea de l’éducation politique du roi, qui, dès l’âge de seize ans, fut associé régulièrement aux travaux de ses différents conseils. Le cardinal voulait laisser après sa mort Louis XIV en mesure de gouverner sans l’aide d’un Premier ministre.


La maison du cardinal

Mazarin amassa une prodigieuse fortune durant son ministériat. Colbert remit de l’ordre après la Fronde dans cette fortune déjà considérable, mais mal gérée. Les revenus du cardinal provenaient de ses gouvernements d’Alsace, de Vincennes, de La Rochelle, de l’évêché de Metz et de 27 abbayes, mais aussi d’« affaires » financières scandaleuses.

Mazarin fit venir à Paris ses neveux et nièces Mancini et Martinozzi, qui épousèrent de grands noms de la noblesse française.

Collectionneur, Mazarin assembla dans son palais (devenu la Bibliothèque nationale) des sculptures, peintures, tapisseries, joyaux, meubles, dont une partie provenait de la vente de la collection de Charles Ier d’Angleterre. Gabriel Naudé (1600-1653) s’occupa de la bibliothèque de Mazarin, dispersée durant la Fronde, puis reconstituée et léguée au collège des Quatre-Nations (fondation posthume de Mazarin, aujourd’hui Institut de France). Mazarin aimait donner des représentations théâtrales (fit jouer plusieurs pièces de Molière), des fêtes, des festins. Il introduisit en France l’opéra italien, les machines de Giacomo Torelli (1604 ou 1608-1678), les mises en scène somptueuses.

Mazarin mourut le 9 mars 1661 à Vincennes. Louis XIV ayant refusé la fortune qu’il lui léguait, c’est le neveu du cardinal, le duc de La Meilleraye, qui fut son légataire universel.

Mazarin, qui avait été si violemment décrié, laissait le royaume pacifié et victorieux. Il avait préparé les conditions politiques et idéologiques qui permirent au règne de Louis XIV d’être tout de suite très brillant.

Les mazarinades

Pamphlets, chansons, poèmes burlesques, satires publiés durant la Fronde et dirigés principalement contre Mazarin. Les pamphlets rendaient le cardinal responsable de la crise et attaquaient son origine étrangère, sa fortune rapide, ses amours, son incapacité dans les affaires intérieures, sa politique extérieure. Mais chaque parti ayant ses propres pamphlétaires, Anne d’Autriche, Gaston d’Orléans, le Grand Condé, le cardinal de Retz et les financiers furent aussi attaqués.

Célestin Moreau dans sa Bibliographie des mazarinades (1850) dénombra environ 4 000 pièces. La Requeste des trois estats présentée à Messieurs du Parlement, l’Histoire du temps, le Catalogue des partisans comptent parmi les mazarinades les plus importantes. Les pamphlétaires les plus illustres furent : Gui Joly, Jean-François Sarasin, Olivier Patru, Gui Patin, Scarron, etc. G. Naudé, bibliothécaire de Mazarin, réfuta dans le Mascurat ou Jugement de tout ce qui a été imprimé contre le cardinal de Mazarin (v. 1650) les accusations lancées contre Mazarin.

A. C. D.

➙ Anne d’Autriche / Fronde / Louis XIII / Louis XIV / Richelieu / Trente Ans (guerre de).

 A. Cheruel, Histoire de France sous le ministère de Mazarin (Hachette, 1883 ; 3 vol.). / A.-M. Cabrini, Mazarin, aventure et politique (Bonne, 1963). / M.-N. Grand-Mesnil, Mazarin, la Fronde et la presse, 1647-1649 (A. Colin, coll. « Kiosque », 1967). / G. Dethan, Mazarin et ses amis (Berger-Levrault, 1968 ; nouv. éd., 1973). / P. Jansen, le Cardinal Mazarin et le mouvement janséniste français, 1653-1659 (Vrin, 1969). / P. Guth, Mazarin (Flammarion, 1972).

mazdéisme

Religion dualiste de l’Iran ancien.


Les Mèdes* et les Perses* qui s’installèrent en Iran au cours du Ier millénaire av. J.-C. avaient une religion très voisine de celle des populations qui envahirent l’Inde à la même époque. On peut donc s’en faire une idée assez nette à partir des Veda, bien qu’il y ait un certain nombre de traits propres à la Perse. Les Iraniens vénéraient Anâhita (l’Immaculée), nom avestique de la « Grande Déesse », reine protectrice de la fécondité agraire dans toute l’Asie occidentale, Indra, mauvais génie qui trompe les hommes, et Mithra, garant des alliances et dieu solaire, qui jouera ultérieurement chez les Perses un rôle considérable. Dès cette époque reculée, le culte du feu est au centre des rites de la religion iranienne.

La dynastie des Achéménides* orienta cette religion dans un sens monothéiste en plaçant au-dessus de tous les dieux un dieu suprême, Ahura-Mazdâ (le Seigneur-Sagesse), et en érigeant la sagesse en principe universel de conduite.

C’est vraisemblablement sous l’influence de Zarathushtra* (ou Zarathoustra) que cette réforme s’était opérée. À ce personnage il faut joindre, pour expliquer le développement de la religion mazdéenne, les mages. Le rôle exact joué par ceux-ci est aussi difficile à déterminer que celui de Zarathushtra, car nous le connaissons à travers une longue tradition. Les mages étaient à l’origine une tribu mède, mais ils jouèrent par la suite un rôle religieux dans toute la Perse. Tandis que la prédication de Zarathushtra s’exerça dans l’ordre moral, celle des mages fut surtout d’ordre rituel. Simple secte au départ, ils paraissent avoir eu une influence croissante sur les rois-prêtres à l’époque parthe, au moment où le syncrétisme hellénistique gagnait la région de l’Euphrate. Ils présideront au temps des Sassanides à la codification de la doctrine mazdéenne en divulguant le message de Zarathushtra, mais en y mêlant des influences diverses, bouddhiques et juives en particulier. Cette tâche s’accomplit favorablement avec le déclin de l’Empire séleucide. C’est alors que fut compilée l’ancienne tradition avestique et que fut composé l’Avesta « récent ».