Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Mayas (suite)

Les archéologues divisent l’aire maya en trois parties : le nord, correspondant à peu près à la péninsule du Yucatán ; le centre, allant de l’État du Tabasco au Honduras ; et le sud, incluant les hautes terres du Guatemala et du Chiapas ainsi que la côte pacifique du Guatemala. Un climat tropical humide à courte saison sèche règne sur le centre, domaine par excellence de la grande forêt. Sur la côte pacifique, la saison sèche est plus longue. Au Yucatán, les pluies augmentent du nord au sud, et la pointe nord-ouest de la pénins le est quasi désertique. Dans les hautes terres, divers types de climat et de végétation s’étagent selon l’altitude, depuis les zones tempérées jusqu’aux zones froides.


Évolution culturelle

On la divise en plusieurs périodes : préclassique (d’environ 1500 avant notre ère jusqu’à 250 de notre ère), classique (de 250 à 950 de notre ère), postclassique (de 950 à la conquête espagnole), coloniale et moderne.

La période préclassique est mal connue. Les premiers villages d’agriculteurs ont été datés de 1500 avant notre ère sur la côte pacifique du Guatemala (La Victoria), d’environ 800 dans les hautes terres du Guatemala (Kaminaljuyú) et la vallée de l’Usumacinta (Altar de Sacrificios et Seibal), et d’un peu avant 700 dans le nord du Yucatán (Dzibilchaltun). Le Préclassique récent voit la naissance de centres importants, avec pyramides supportant des temples, dans toute l’aire maya. Un style de sculpture originaire du site d’Izapa, sur la côte du Chiapas, se répand sur la côte pacifique du Guatemala et à Kaminaljuyú, où apparaissent les premières inscriptions annonciatrices de l’écriture hiéroglyphique de la période classique. À Tikal, dans la zone centrale, les temples sont disposés sur une acropole dont la croissance sera continue au cours du Classique, et certaines tombes utilisent déjà la voûte en encorbellement caractéristique de l’architecture de la période suivante. La poterie polychrome apparaît dans certains sites centraux (Holmul, Barton Ramie). En raison des continuités culturelles entre la fin du Préclassique et la période suivante, que son écriture permet d’identifier de façon certaine comme maya, on suppose que la plupart des sites du Préclassique récent étaient occupés par des populations de langue maya.

La période classique correspond à l’épanouissement de la civilisation maya dans la partie centrale de l’aire, et dans une moindre mesure également dans la partie nord, tandis que la partie sud connaît un développement moins important et bien différent. La civilisation classique est caractérisée par l’apparition d’inscriptions hiéroglyphiques sur des stèles sculptées en bas relief et représentant des dignitaires. Ces inscriptions comportent des textes chronologiques se référant aux cycles du calendrier maya. Les stèles sont le plus souvent placées devant des édifices à soubassement pyramidal en degrés. Ces édifices sont construits selon le principe de la voûte en encorbellement renforcée de mortier. La stèle la plus ancienne, trouvée à Tikal, porte une date maya équivalente à l’année 292 de notre ère. La civilisation classique semble être née dans les forêts du Petén et s’être étendue rapidement vers l’est et l’ouest dans la partie centrale de l’aire maya, ainsi que vers le nord au Yucatán. On divise la période classique en ancienne (250-550) et récente (550-950) ; cette division repose principalement sur des changements de style céramique. Au cours du Classique récent, la civilisation maya s’étendait de Comalcalco au Tabasco jusqu’à Copán au Honduras, et avait gagné certaines parties des hautes terres du Chiapas (Chinkultic, Toniná). Cependant, le Yucatán connaissait des styles architecturaux particuliers (Río Bec, Chênes, Puuc), associés à une diminution du nombre des stèles et à une simplification des inscriptions. Dans la plus grande partie des hautes terres et de la côte pacifique, les cultures demeurent marginales, sans inscriptions ni architecture à voûte. De fortes influences originaires du Mexique se manifestent : occupation de Kaminaljuyú par une colonie issue de Teotihuacán*, la grande métropole du Mexique central (de 400 à 600), et développement dans la région de Cotzumalhuapa, sur la côte pacifique du Guatemala, d’une civilisation fortement influencée par le Mexique méridional (de 400 à 900). L’installation de populations en provenance du Mexique dans ces régions semble déterminée par le désir de s’emparer du contrôle du commerce à longue distance du cacao, produit en grande quantité sur la côte pacifique.

À la fin du Classique récent, la civilisation maya de la zone centrale entre en décadence rapide. Les différents centres cessent d’ériger des stèles à inscriptions, certains dès 800, et sont tous abandonnés avant 1000, en même temps que l’on note une diminution considérable de la population rurale. On tend à attribuer l’origine de cette catastrophe à une pluralité di causes : trop forte densité de population aboutissant à un épuisement des sols tropicaux fragiles, troubles sociaux et rivalités entre les cités, incursions de guerriers venus du Tabasco et de culture plus mexicaine que maya. Entre 900 et 1000, ces envahisseurs s’installent pour un temps à Altar de Sacrificios, situé au confluent des rivières navigables les plus importantes de la zone centrale. Au même moment, des guerriers d’origine toltèque* s’emparent de Chichén Itzá, au Yucatán, où l’on voit également disparaître la civilisation classique de la région Puuc. Dans les hautes terres, certains centres sont abandonnés, sans doute en raison de leurs liens étroits avec la civilisation classique, tandis que d’autres continuent d’être habités, tel Zaculeu, capitale des Indiens Mam du Guatemala.

La période postclassique a été subdivisée en ancienne (de 950 à 1250) et récente (de 1250 à la conquête espagnole). Le Postclassique ancien est au Yucatán la période d’hégémonie totale de Chichén Itzá, où le culte de Quetzalcóatl, le serpent à plumes, héros légendaire de Tula et divinité puissante au Mexique central, accompagne celui du dieu de la Pluie des Mayas. Puis Chichén Itzá est remplacé par Mayapán au début du Postclassique récent, souvent désigné comme période décadente en raison de la dégénérescence générale des arts. Mayapán tombe à son tour, victime des rivalités des lignages nobles, et les Espagnols ne rencontreront que des petits États rivaux, qui seront pourtant de taille à leur opposer une résistance acharnée. Dans la partie centrale de l’aire maya, deux régions, la côte du Tabasco et la côte de l’actuel Honduras britannique, sont très actives durant cette période et se livrent au commerce à longue distance du cacao. Entre les deux, au long de la route que suivra Cortés pour se rendre au Honduras, on ne trouve que des villages fortifiés ou construits sur les îlots des lacs, à l’exception d’un seul centre important, celui des Itzá à Tayasal, sur le bord du lac Petén Itzá, qui résistera aux Espagnols jusqu’en 1697. Dans les hautes terres, le Chiapas ne connaît que des petits centres indépendants, mais au Guatemala, au cours du Postclassique récent, des dynasties se réclamant d’une origine toltèque fondent des États conquérants : celui des Quichés (capitale Utatlán) et celui des Cakchiquels (capitale Iximché). Les guerres sont incessantes, et la plupart des centres sont construits en position défensive sur des collines ou des promontoires.