Mauritanie (République islamique de) (suite)
La seconde étape fut militaire et marquée principalement par la colonne de l’Adrar du colonel Gouraud* (déc. 1908 - juin 1909). Le principal adversaire fut Mā’al-Ainīn, le marabout de Smara, inaccessible dans un territoire reconnu à l’Espagne par des accords de 1900 et de 1904. Il regroupa les tribus maures. Son fils, al-Ḥaiba, renouvela sur le Maroc l’expédition des Almoravides, mais il fut mis en déroute, le 6 septembre 1912, près de Marrakech, par le général Mangin*.
En 1920, la Mauritanie fut érigée en colonie rattachée à la fédération de l’Afrique-Occidentale française. Les services administratifs demeurèrent à Saint-Louis. La dernière étape de la conquête, opérations de reconnaissance, de liaison et de pacification, principalement contre les irréductibles Regueibats, dura jusqu’en 1934.
En 1946, la Mauritanie devint un territoire d’outre-mer. En 1957, une capitale fut créée à Nouakchott, dans une brousse désertique, à quelques kilomètres de l’Océan et à 200 km du Sénégal. En 1957, le nord de la Mauritanie fut troublé par des éléments incontrôlés de l’armée de libération marocaine, appuyés par des Regueibats. Une opération conjointe franco-espagnole sur Smara, en février 1958, leva cette hypothèque.
Le 28 novembre 1958 fut proclamée la République islamique de Mauritanie, qui devint indépendante le 28 novembre 1960. Elle entra à l’O. N. U. en 1961 malgré l’opposition du Maroc, qui n’a renoncé à ses revendications territoriales, discrètement, qu’en 1969.
Pays pauvre, peu touché par la colonisation et la scolarisation, la Mauritanie a connu une évolution relativement lente de ses structures traditionnelles, mais elle jouit d’une stabilité politique remarquable en Afrique. Des incidents d’origine linguistique ont eu lieu en janvier-février 1966. Les Noirs, plus scolarisés à l’époque coloniale, donc plus nombreux à connaître le français, ont réagi contre l’extension du rôle de la langue arabe, qu’ils ne pratiquent pas. L’arabe, déjà dit « langue nationale », a été proclamé langue officielle concurremment avec le français en 1968. Moktar Ould Daddah est constamment resté à la tête de son pays depuis 1957. En 1964, il a fait du Parti du peuple mauritanien un parti unique. En novembre 1975, un accord conclu à Madrid partage le Sahara occidental, auquel renonce l’Espagne, entre la Mauritanie et le Maroc, qui se heurtent aussitôt à l’opposition armée du Fronte Polisario (Front pour la libération de la Saguia-el-Hamra et du Rio de Oro), soutenu par l’Algérie.
D. B.
La République islamique de Mauritanie (la Documentation fr., « Notes et études documentaires », 1960). / G. Désiré-Vuillemin, Contribution à l’histoire de la Mauritanie, 1900-1934 (Éd. Clairafrique, Dakar, 1964). / M. Piquemal-Pastré, la République islamique de Mauritanie (Berger-Levrault, 1969). / J. Arnaud, la Mauritanie. Aperçus historique, géographique et socio-économique (le Livre africain, 1972).