Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

matière colorante (suite)

• Les colorants directs, qui constituent la classe la plus importante, sont utilisés pour la teinture du coton, de la rayonne et la coloration du papier. Ce sont, pour la plupart, des dérivés polyazoïques comportant des groupes sulfonates leur communiquant une solubilité dans l’eau. Ils doivent leur dénomination au fait qu’ils se transfèrent directement de la solution sur la fibre cellulosique.

• Les colorants acides sont utilisés pour teindre les substances comportant des sites cationiques, comme la laine, la soie, le Nylon. Ces produits comportent divers chromophores, et leur structure résulte de la présence d’un groupe acide sulfonique qui confère des propriétés anioniques à la molécule. Ces anions sont attirés par les sites positivement chargés, et la présence de protons dans le bain est nécessaire à la conservation de la neutralité électrique de la fibre. C’est pour cela qu’on ajoute au bain un acide pour fournir les protons ; d’où la dénomination de ces colorants.

• Les colorants basiques sont les premiers produits préparés par synthèse, les principaux étant représentés par les dérivés de triarylméthane. Leur structure commune résulte de la présence d’une charge positive qui n’est pas localisée sur un atome particulier de la molécule et qui est en position de résonance. Ils sont utilisés pour la coloration du papier ainsi que pour la teinture de la soie et de la rayonne à l’acétate.

• Les colorants dispersés, produits de solubilité relativement faible dans l’eau, agissent en se dissolvant dans les fibres hydrophobes pour former des solutions solides. Sous une forme très dispersée, le colorant est mis en suspension dans un bain aqueux dans lequel on plonge le tissu. La faible quantité de colorant en solution se répartit entre la fibre et l’eau, et la solution appauvrie dissout de nouveau une certaine proportion de colorant dispersé, l’opération étant très rapide du fait de la finesse des particules.

• Les colorants sulfurés, colorants insolubles dans l’eau, se dissolvent dans une solution aqueuse de sulfure de sodium pour former des produits de réduction présentant une affinité marquée pour le coton. Le produit est, après sa fixation par la fibre, développé pour faire apparaître sa coloration.


Classification suivant leurs emplois

Il n’existe guère plus de 2 000 colorants du commerce, désignés par des noms fantaisistes qui n’ont aucun rapport avec leur constitution : c’est ainsi qu’un noir d’alizarine n’est pas du tout dérivé de l’alizarone. De plus, chaque fabricant pouvant baptiser à son gré un colorant, celui-ci est livré dans le commerce parfois sous vingt désignations différentes. Les noms des colorants sont souvent suivis d’initiales qui indiquent une teinte ou un reflet, initiales précédées d’un chiffre de 1 à 4, correspondant à une intensité croissante de la teinte. On a essayé d’apporter un certain ordre en établissant des catalogues, et il existe le catalogue Schultz ou un Colour Index qui groupe les colorants en trente classes chimiques, chaque colorant étant accompagné d’un nombre permettant de le repérer.


Utilisation des matières colorantes

En dehors de la teinture des fibres textiles, des fourrures, du cuir, du papier, etc., les matières colorantes sont employées dans des domaines variés : bactériologie, thérapeutique, chimie analytique, arboriculture, hydrologie, produits alimentaires et pharmaceutiques, combustibles, encres, laques, vernis, fumées colorées, etc. On les utilise également comme agents de sensibilisation en photographie. Une mention particulière doit être faite des colorants pour laques. Une laque est un pigment particulier obtenu par fixation d’une matière colorante organique soluble, naturelle ou artificielle, sur un support généralement minéral, comme le mélange d’hydrate d’alumine et de sulfate de baryum, ou encore complexe phosphotungstique ou phosphomolybdique. Les colorants actuellement fabriqués se répartissent comme suit dans les principales classes chimiques : azoïques, 45 p. 100 ; sulfurés, 20 p. 100 ; indigoïdes, 12 p. 100 ; anthraquinoniques, 7 p. 100 ; colorants du triphénylméthane, 7 p. 100 ; autres classes, 9 p. 100.


Qualités exigées des matières colorantes

Les qualités exigées d’un colorant peuvent varier considérablement suivant son emploi. On n’exigera pas des colorants utilisés pour la fabrication des encres pour journaux une longue durabilité, mais on cherchera leur faible prix. Les colorants utilisés pour la teinture des vêtements et sous-vêtements devront résister à la lumière, à la transpiration, au lavage et au dégraissage à sec. Certaines nouvelles fibres synthétiques exigeant un traitement thermique à haute température après teinture, les colorants devront résister à la chaleur. Enfin, de nombreux tissus étant traités pour augmenter leur résistance au froissement, au retrait, ils devront résister à tous ces traitements.

G. G.

➙ Peinture / Pigment.

 L. S. Pratt, Chemistry and Physics of Organic Pigments (New York, 1947). / J. Meybeck, les Colorants (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1948). / H. E. Fierz-David et L. Blanjey, Fundamental Processes of Dye Chemistry (New York, 1949). / Venkataraman, The Chemistry of Synthetic Dyes (New York, 1952-1971 ; 5 vol.). / H. E. Lubs, The Chemistry of Synthetic Dyes and Pigments (New York, 1955).

Matisse (Henri)

Peintre français (Le Cateau 1869 - Nice 1954).


Unanimement considéré comme l’un des plus grands artistes du xxe s., Henri Matisse échappe à toute classification. Il est, comme Braque* et Derain*, l’un des promoteurs du fauvisme*, mais, à partir de cette révolte de la couleur, son art est une réflexion sur la ligne, sur l’équilibre, sur la synthèse des formes.

Fils d’un marchand de grains du Cateau, Matisse commence des études juridiques, passe sa capacité en droit à Paris (1888), entre comme clerc chez un avoué de Saint-Quentin (1889) ; immobilisé pendant un an par les complications d’une appendicite, il découvre le plaisir de peindre. Sa mère, aquarelliste amateur, lui a offert une boîte de peinture et, guidé par la lecture d’un traité de Frédéric Goupil, le jeune homme s’amuse à copier des chromos. Son premier tableau, Nature morte avec des livres (musée Matisse, Nice), est daté de juin 1890. Matisse a trouvé sa vocation et, délaissant le droit, s’inscrit à l’académie Julian pour préparer l’examen d’entrée à l’École nationale supérieure des beaux-arts. Dispensé de celui-ci, grâce à l’intervention de Gustave Moreau*, dans l’atelier duquel il travaille à partir de 1892, il gardera toujours une profonde reconnaissance à ce maître, dont l’enseignement éveille les talents sans les contraindre. Rouault*, Charles Camoin (1879-1965), Henri Evenepoel (1872-1899), Henri Manguin (1874-1949) sont élèves de cet atelier et bientôt aussi Marquet*, que Matisse a rencontré aux cours du soir de l’École des arts décoratifs.