Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Masson (André) (suite)

 M. Leiris et G. Limbour, André Masson et son univers (Trois Collines, Genève, 1947). / H. Juin, André Masson (G. Fall, 1963). / O. Hahn, Masson (Tisné, 1965). / J.-P. Clébert, Mythologie d’André Masson (Cailler, Genève, 1971). / R. Passeron, André Masson. Gravures, 1924-1972 (Office du Livre, Fribourg, 1973) ; André Masson et les puissances du signe (Denoël, 1975).

mastication

Action mécanique de broiement et de malaxation exercée sur les aliments par les mâchoires et les dents qui y sont fixées.


La mastication s’effectue simultanément avec l’insalivation, qui est l’imprégnation des aliments par la salive. Le transfert des aliments solides, mastiqués et insalivés, et des liquides de la bouche à l’estomac en passant par le pharynx et l’œsophage constitue l’ensemble des actes assumés par la déglutition.

La mastication commence par la section éventuelle de la nourriture au niveau des incisives. Les aliments sont alors entraînés par l’action combinée des lèvres, de la langue et des joues au niveau de la surface articulaire des molaires et des prémolaires, qui en assurent le broiement et la division en fines particules.

Cette action est le résultat des mouvements d’élévation de la mandibule (mâchoire inférieure), assurée par les muscles masséter, temporal et ptérygoïdien interne, d’abaissement, accompagné de rétropulsion (muscles digastrique, mylo-hyoïdien, génio-hyoïdien), et de latéralité, ou diduction (muscles ptérygoïdiens externe et interne du côté opposé au mouvement, temporal du côté du mouvement).

Ces muscles sont innervés par le nerf maxillaire inférieur, branche du trijumeau (Ve paire). La contracture des muscles masticateurs réalise le trismus.

L’articulation temporo-maxillaire, bicondylienne, est le siège de mouvements complexes. Les surfaces articulaires temporale et mandibulaire sont séparées par un ménisque ; une capsule articulaire et des ligaments réalisent l’union des diverses parties de l’articulation. L’efficacité de la mastication dépend, bien entendu, de la surface articulaire des dents et de la force développée par les muscles masticateurs (30 kg dans les conditions habituelles).

La mastication peut être un acte volontaire, mais elle fait généralement appel à des phénomènes réflexes, à partir de la sensibilité gustative et tactile de la muqueuse buccale et de la sensibilité proprioceptive des muscles. Les incitations nerveuses sont transmises aux centres bulbo-protubérantiels par l’intermédiaire de la corde du tympan, du glosso-pharyngien et du trijumeau. Une coordination précise des mouvements de la langue et de la mâchoire est nécessaire pour éviter les blessures linguales.

Au terme de cette action plus ou moins prolongée selon la nature des aliments et leur consistance, les aliments sont broyés en fines particules. La déglutition s’en trouve grandement facilitée, tant du fait de cette réduction de taille que de l’insalivation, qui lubrifie le bol alimentaire. Dans le même temps, une première étape de la digestion se trouve réalisée par l’action de l’amylase salivaire, tandis que la sécrétion du suc gastrique est favorisée par le contact entre les aliments sapides et la muqueuse buccale. Le temps préparatoire peut être insuffisant du fait d’une absence partielle ou totale de dents ou de mauvaises habitudes alimentaires (manger trop vite), entraînant des troubles digestifs plus ou moins sévères.

La déglutition

Les phénomènes moteurs de la déglutition se déroulent en trois temps.

1. Temps buccal

Les aliments mastiqués et insalivés sont rassemblés sur le dos de la langue et propulsés dans le pharynx. Ce temps volontaire est marqué par l’élévation simultanée de la pointe de la langue et la dépression de sa base. En même temps, le voile du palais s’élève et s’accole à la paroi postérieure du pharynx, libérant l’oropharynx (partie buccale du pharynx). Le bol alimentaire se trouve projeté par un phénomène de piston sur le pharynx, produisant sur ce dernier un mouvement ascendant réflexe.

2. Temps pharyngé

L’isthme oropharyngé et le cavum étant bloqués, les aliments sont projetés vers le pharynx et entraînés vers la bouche œsophagienne. L’occlusion du larynx et la protection des voies aériennes est assurée par la base de la langue, par l’élévation du larynx et par le rapprochement des cordes vocales. En cas de fausse route accidentelle, les aliments sont « exprimés » par la contraction des muscles du larynx ou expulsés par un réflexe de toux. Le bol pénètre donc normalement dans l’œsophage, le larynx s’abaisse, et le pharynx reprend sa position de repos.

3. Temps œsophagien

Le bol alimentaire se propage dans l’œsophage sous l’effet d’ondes péristaltiques d’origine réflexe.

Le sphincter supérieur, représenté par la bouche œsophagienne, s’ouvre dès son entrée dans le pharynx. Ce relâchement du tonus normal de repos est suivi d’un mouvement de contraction.

L’œsophage proprement dit est parcouru par une onde péristaltique, induite par la déglutition pharyngienne ; le passage du bol dans le conduit détermine l’apparition d’une onde secondaire qui facilite sa progression.

Le sphincter inférieur de l’œsophage, normalement fermé, évite le reflux du liquide gastrique ; il se relâche à l’apparition de l’onde péristaltique et permet la pénétration du bol alimentaire dans l’estomac.

Les liquides sont simplement propulsés par le « coup de piston buccal », mais stagnent au-dessus du sphincter inférieur jusqu’à son relâchement.

Le mécanisme nerveux de la déglutition est discuté. Le point de départ du déclenchement des phénomènes moteurs paraît représenté par la zone de Wassilief (face antérieure du voile du palais, base de la langue, face postérieure du pharynx). L’excitation est transmise aux centres bulbo-protubérantiels (bulbe rachidien et protubérance annulaire) essentiellement par le glosso-pharyngien (IXe paire de nerfs crâniens). Elle mettrait en jeu une série d’efficiences motrices, selon un ordre déterminé. L’impossibilité de la déglutition, partielle ou totale, constitue la dysphagie (difficulté ou impossibilité d’avaler). Les causes en sont multiples (nerveuses, tumorales, inflammatoires, cicatricielles) ; c’est pourquoi ce signe d’alarme nécessite un examen complet de la bouche, du pharynx et de l’œsophage par radiographie, avec injection de produit de contraste, et œsophagoscopie (endoscopie* de l’œsophage), qui permet de visualiser les parois de l’œsophage, l’état de sa lumière et, par conséquent, de reconnaître tout obstacle (tumeur, corps étranger) à ce niveau. La radiocinématographie fournit un moyen simple et indolore d’une observation dynamique.

J. T.

➙ Digestion.

 B. S. Kraus et coll., A Study of the Masticatory System. Dental Anatomy and Occlusion (Baltimore, 1969).