Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Massine (Léonide) (suite)

Sans doute, il n’a pas produit que des chefs-d’œuvre — sa production est trop considérable pour cela —, mais il a apporté au ballet de nombreuses œuvres d’une incontestable valeur. Peut-être aussi doit-on lui être reconnaissant de l’enthousiasme qu’il suscita en faveur du ballet et de la danse au cours de toutes ses tournées en Amérique. Fidèle à sa vocation, il reconstitue, en 1966, avec Serge Denham (1897-1970), le Ballet russe de Monte-Carlo. Il remonte Pulcinella (1972) et Parade (1973).

H. H.

➙ Ballets russes / Chorégraphie.

Quelques repères biographiques

1912

Diplômé de l’École impériale de danse de Moscou.

1913

Engagé au corps de ballet du Bolchoï. Remarqué par Serge de Diaghilev, qui l’engage aux Ballets russes.

1914

À Paris, il crée la Légende de Joseph (de Michel Fokine*), interprétant le rôle de Joseph : premier succès personnel.

1915

Sa première chorégraphie : Soleil de nuit.
Soliste et chorégraphe aux Ballets russes jusqu’en 1920.

1920-1924

Collabore à la Scala de Milan, aux Soirées de Paris du comte Étienne de Beaumont, effectue une tournée en Amérique du Sud, se produit en Angleterre.

1925-1929

Collabore de nouveau avec les Ballets russes et déploie ses activités à Londres, à New York et à Paris.

1930

Version du Sacre du printemps pour le Metropolitan Opera de New York (création : Martha Graham).

1932

Engagé aux Ballets de Monte-Carlo jusqu’en 1936.

1936-1941

Chorégraphe attitré aux Ballets russes du colonel W. de Basil (1936-1938), puis directeur artistique aux Ballets de Monte-Carlo (1938-39) et collabore ensuite avec l’Original Ballet russe.

1942-1945

Succède à Michel Fokine au Ballet Theatre.

1945-1946

Travaille avec sa propre compagnie : le Ballet russe Highlights.

1946-1960

Collabore avec des troupes et des théâtres, pour lesquels il remonte ses œuvres les plus importantes (Sadler’s Wells Ballet, devenu le Royal Ballet, Ballet royal danois, Opéra-Comique de Paris, Scala de Milan). Règle la chorégraphie de ballets filmés (les Chaussons rouges, 1948 ; Carrousel napolitain, 1954 ; Lune de miel, 1958).

1960

Dirige le Balletto Europeo.

1960

Poursuit sa collaboration avec troupes et théâtres jusqu’en 1966.

1966

Réorganise avec Serge Denham (1897-1970) le Ballet russe de Monte-Carlo, dont il est chorégraphe et conseiller artistique.

1968

Publie à New York My Life in Ballet.

1969

Participe au Pittsburgh Festival of the Arts.

1971

Ouvre une école de danse à Paris.

Masson (André)

Peintre français (Balagny, Oise, 1896).


Il quitte son pays natal à l’âge de huit ans, car ses parents s’installent en Belgique. Le jeune Masson fait son apprentissage à l’école des Beaux-Arts de Bruxelles et découvre chez James Ensor* les prémisses d’une ambiguïté qui prendra forme dans le surréalisme*. Élève du peintre symboliste Constant Montald (1862-1944), il rencontre chez ce dernier Verhaeren et, recommandé par le poète, part continuer ses études aux Beaux-Arts de Paris. Un voyage en Italie (1914) avec son camarade Maurice Loutreuil (1885-1925) complète sa formation.

Après la guerre, au cours de laquelle il est grièvement blessé, Masson séjourne à Céret, se lie avec Pinchus Krémègne (né en 1890) et avec Soutine*, cherche sa voie à Paris auprès de Juan Gris (v. cubisme) et de Derain*, tout en exerçant les métiers les plus divers. Il trouve enfin auprès de Joan Miró*, de Michel Leiris, d’Antonin Artaud et de Georges Limbour, qui le présente à Louis Aragon, le climat intellectuel dans lequel son art s’épanouira. Tous vont appartenir au mouvement surréaliste autour d’André Breton, qui achète les Quatre Éléments à la première exposition de Masson, galerie Simon, en 1923. L’artiste participe ensuite à la manifestation inaugurale des peintres surréalistes à la galerie Pierre (1925). Il est l’inventeur, au sein du surréalisme, de techniques indissociables de ce mouvement : dessin automatique dès 1925 et, à partir de 1927, peintures de sable qui sollicitent l’intervention du hasard.

Les éléments cubistes apparents dans l’Aile (1925, collection Simone Collinet) font bientôt place à des recherches plus souplement linéaires et plus abstraites. L’artiste crée des signes graphiques pour sa mythologie personnelle, où les réflexions sur le cosmos (les Constellations) côtoient les interrogations sur le Destin des animaux et les Dieux qui meurent.

Des séjours en Espagne (1934-1936) et aux États-Unis (1941-1945) marquent profondément sa vision du monde : fascinations successives du tragique espagnol, de l’opulence végétale des Antilles (escale à la Martinique en 1941), de l’immensité américaine. Masson trouve aussi dans la peinture d’Extrême-Orient un point de départ pour des œuvres d’une grande beauté calligraphique. Son activité aux États-Unis (conférences, rétrospective en 1941 à Baltimore) influence de jeunes artistes qui, comme Pollock* et les tenants de l’« action painting », lui doivent leurs premiers essais de dripping.

Revenu en France, Masson trouve en Poitou, puis, à partir de 1947, en Provence, près du Thoronet, des paysages qu’il transpose à travers ses hantises des mutations de la nature et des forces telluriques (la Nuit fertile, 1960, coll. priv.). Un vieux fond paysan de superstition consentie, associé à la violence orgiaque, semble ensuite bouillonner dans son abondante production picturale (Thaumaturges malveillants menaçant le peuple des hauteurs, 1964, galerie Louise Leiris), tandis que la verve incisive des dessins à la plume demeure à son zénith (série de l’Autobiographie mythique, 1967). En 1954, Masson a reçu le grand prix national des Arts ; il décore en 1965 le plafond du théâtre de l’Odéon à Paris.

Objets surréalistes et petites sculptures, gravures, albums, nombreux écrits, illustrations de livres (1925, Soleil bas de Limbour ; 1949, les Conquérants de Malraux ; 1961, la Philosophie dans le boudoir de Sade ; etc.), décors de théâtre (notamment pour Jean-Louis Barrault) complètent cette œuvre très riche, dont l’unité réside dans la violence graphique des signes, la fiévreuse opposition des couleurs souvent à dominante rouge, le constant jaillissement des métamorphoses.

S. M.