Martini (Simone) (suite)
Les nombreuses commandes qui s’échelonnent jusqu’à 1335 marquent l’apogée de la production de Simone. Certains travaux ont disparu : l’étendard du duc de Calabre, cité en 1326, la figure de Marcus Attilius Regulus, exécutée en 1330 pour la salle du Conseil des neuf au Palais public de Sienne. En 1328, face à sa Maestà, il peint la grande fresque représentant le condottiere Guidoriccio da Fogliano, chevauchant, à la fois réaliste et hiératique, devant un paysage dont il simplifie les masses, accorde les courbes à celles du cavalier. En 1333, il signe avec son beau-frère Lippo Memmi (cité de 1317 à 1356) le retable de l’Annonciation, commandé pour la chapelle San Ansano de la cathédrale de Sienne et considéré comme son chef-d’œuvre (musée des Offices à Florence). Le polyptyque de la Passion, autre œuvre importante, est aujourd’hui dispersé entre plusieurs musées européens ; le Louvre possède la Montée au Calvaire, scène dramatique où, au raffinement et à la préciosité des couleurs, s’allie la richesse de la composition dans un format de miniature.
De 1340 à 1344 (date de sa mort), Simone Martini se trouve à Avignon, à la cour de Benoît XII. Il y fait la connaissance de Pétrarque, peint un portrait de Laure (perdu) et une miniature pour le frontispice du manuscrit de Virgile conservé à la bibliothèque ambrosienne de Milan. Il exécute également, parmi d’autres œuvres monumentales disparues, les fresques du portail de Notre-Dame des Doms (très abîmées et aujourd’hui déposées de même que leurs deux sinopie, la première esquisse restant en place). Enfin, le délicieux retable de la Sainte Famille (Walker Art Gallery, Liverpool), signé et daté de 1342, a très certainement été peint à Avignon.
Issu de l’esthétique de Duccio, Simone Martini se montre un artiste original, accordant une grande importance au mouvement qu’il associe à la ligne et au volume, soignant l’expression des figures, exaltant un modelé toujours souple et délicat par la qualité des couleurs. Parti d’une recherche spatiale exemplaire, il atteint la perfection du trompe-l’œil à Assise, tend vers la poésie narrative et le décor dans la fresque du condottiere, pour aborder un langage nouveau dans l’Annonciation des Offices : la ligne a triomphé de la masse, et ce précieux ballet linéaire sur fond d’or ouvre la voie au style gothique* international.
F. P.
R. Van Marle, Simone Martini et les peintres de son école (Heitz, Strasbourg, 1920). / G. Paccagnini, Simone Martini (Milan, 1955). / E. Sandberg-Vaala, Simone Martini (Florence, 1962). / F. Bologna, Simone Martini (Milan, 1966). / V. Mariani, Simone Martini e il suo tempo (Naples, 1968). / G. Contini et M.-C. Gozzoli, L’Opera completa di Simone Martini (Milan, 1970).