Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Maroc (suite)

Le Maroc islamique et les dynasties berbères


Les Berbères s’islamisent

• Chrétiens, judaïsés ou païens, les Berbères marocains sont regroupés en tribus dont le gouvernement est démocratique.

• V. 708-711 : un chef arabe, Mūsā ibn Nuṣayr, envahit le Maroc et lui impose l’islām.

• 711 : les premiers Berbères islamisés franchissent le détroit de Gibraltar et attaquent l’Empire wisigoth d’Espagne.

• 739 : les Arabes, peu nombreux, sont submergés par une révolte soutenue par un mouvement religieux hétérodoxe, le khāridjisme. Le Maghreb occidental, sans rompre avec la culture arabe, sort du monde politique arabe.

• Du morcellement tribal né de cette scission émergeront quelques dynasties berbères qui, momentanément, redonneront au pays une certaine unité.


Les Idrīsides*

• 788 : Idrīs Ier, ‘Alide de la branche ḥasanide, ayant échappé aux ‘Abbāssides, s’installe au Maroc, où, l’année suivante, il est reconnu comme imān souverain, avec Oulili (WalīIa, sur l’emplacement de l’ancienne Volubilis) comme capitale ; il sera le fondateur de Fès, qui, par sa position au débouché du couloir de Taza, jouera un rôle primordial dans l’histoire du Maroc.

• 793-828 : Idrīs II, fils posthume du précédent, règne sur le Maroc septentrional ; il fait de Fès une véritable capitale.


Les luttes d’influence

• 828-927 : la dynastie s’affaiblit. Les héritiers d’Idrīs II s’étant partagé le royaume, le pays est déchiré par les luttes intestines.

• 917-985 : les derniers Idrīsides assistent impuissants à la montée de la tribu berbère des Miknāsa, ainsi qu’à la rivalité des Omeyyades d’Espagne, qui domineront la zone côtière, et des Fāṭimides d’Ifrīqiya, qui resteront maîtres des pistes orientales.


Les Almoravides*

• 1035-1061 : les Ṣanhādjas, Berbères du désert, adoptent la doctrine almoravide, et la nouvelle confrérie occupe les oasis et le Sud marocain.

• 1061-1086 : le premier souverain almoravide, Yūsuf ibn Tāchfīn (1061-1106), fonde Marrakech en 1062. De là, il conquiert le Maghreb occidental et passe en Espagne, qui, avec le Maroc, va former l’Empire almoravide. Son oncle, Abū Bakr, durant ce temps, soumet le Ghāna (1076), le Sénégal et le Niger occidental.

• 1106-1143 : sous le règne d’‘Alī ibn Yūsuf, la civilisation andalouse se développe au Maroc, qui devient une province culturelle et artistique de l’Espagne musulmane (Grande Mosquée de Tlemcen, 1135).

• 1143-1147 : le troisième Almoravide, Tāchfīn ibn ‘Alī (de 1143 à 1145), ne peut soutenir la guerre à la fois contre les chrétiens en Espagne et, au Maghreb, contre les Almohades, secte religieuse austère qui gagne du terrain au Maroc. Plus Espagnols que Marocains, les Almoravides s’effondrent (prise de Fès et de Marrakech, 1146-47).


Les Almohades*

• 1128-1163 : ‘Abd al-Mu’min, principal lieutenant du réformateur Ibn Tūmart, fondateur des Almohades, étend son pouvoir non seulement au Maroc et à l’Espagne musulmane, mais à tout le Maghreb. Il fonde un empire puissant, centralisé, rénové sur le plan administratif, militaire et économique. Il s’appuie, pour contrebalancer les cheikhs almohades, d’origine berbère, sur les grandes familles arabes.

• 1163-1184 : le fils d’‘Abd al-Mu’min, Abū Ya ‘qūb Yūsuf, poursuit son œuvre ; il meurt au cours d’une expédition en Espagne.

• 1184-1199 : Abū Yūsuf Ya‘qūb al-Manṣūr doit faire face à des rébellions multipliées et à la constitution d’un petit empire almoravide aux Baléares. En effet, les Almohades sont de plus en plus retenus en Espagne, où les princes chrétiens se montrent dangereux. Cependant, ce règne marque l’apogée de la civilisation almohade.

• 1199-1213 : Muḥammad al-Nāṣir enlève l’Ifrīqiya aux Almoravides, mais il est battu (1212) à Las Navas de Tolosa par les Chrétiens. La prépondérance musulmane en Espagne est en voie de dégradation.

• En Afrique du Nord, les Almohades perdent le contrôle des routes sahariennes alors que leur empire se morcelle.

• 1242-1248 : sous le règne d’Al-Sa‘īd, les Marīnides, Berbères Zenāta des hauts plateaux, déjà maîtres d’une grande partie des plaines marocaines, s’emparent de Meknès (1244) et de Fès (1248).

• 1269 : les Marīnides sont maîtres de Marrakech.


Les Marīnides*

• 1269-1286 : le premier souverain marīnide de Fès, Abū Yūsuf Ya‘qūb (de 1258 à 1286), ne domine en fait que les plaines marocaines ; en Espagne, il s’use en vain, comme ses successeurs, à reconquérir les terrains perdus.

• 1331-1349 : le Marīnide Abū al-Ḥasan refait à son profit l’unité du Maghreb (prise de Tunis, 1347), mais échoue dans sa politique espagnole.

• Les Marīnides — qui sont par ailleurs de grands bâtisseurs — s’épuisent en luttes contre les ‘Abdalwādides* de Tlemcen et dans des querelles de succession.


Les siècles d’effacement


Les Waṭṭāsides et la pénétration étrangère

• 1420-1465 : les Marīnides survivent sous la tutelle des Waṭṭāsides, dynastie zenāta.

• 1472 : les Waṭṭāsides supplantent définitivement les Marīnides, mais, pas plus que ces derniers, ils ne peuvent s’opposer efficacement aux Européens, qui prennent pied au Maghreb occidental.

• Les Portugais occupent de nombreux ports marocains, de Ceuta (1415) à Mazagan (auj. El-Jadida) [1502] ; les Espagnols prennent Melilla (1497) et le Peñón de Vélez de la Gomera (1508). Le Maroc atlantique devient le relais obligé sur la route du Cap vers l’océan Indien.

• 1492 : la chute du royaume de Grenade marque la fin de l’Empire musulman ibéro-marocain.


La réaction religieuse. Les marabouts. Les Sa‘diens

• Le désordre intérieur et l’humiliation liée aux incursions étrangères favorisent un réveil religieux (maraboutisme), particulièrement fort dans le désert, où l’ardeur belliqueuse et le mouvement de foi des nomades contrastent avec le marasme du Maroc sédentaire.

• C’est d’ailleurs encore des confins sahariens que surgissent les Sa‘diens, dynastie chérifienne qui mène la guerre sainte.

• 1523 : les Sa‘diens enlèvent le Sud aux Waṭṭāsides.

• 1541 : les Sa‘diens reprennent Agadir aux Portugais (qui finiront par ne garder que Tanger, Ceuta et Mazagan). Cette « reconquête » les rend populaires.

• 1554 : les Waṭṭāsides sont définitivement éliminés, les Sa‘diens sont maîtres du pays. Ils installent leur capitale à Marrakech.

• La faiblesse des Sa‘diens tient à leur petit nombre, qui les oblige à s’entourer d’étrangers, de renégats et de morisques ou à recourir aux alliances chrétiennes ; celles-ci sont gênées par l’activité des pirates marocains.

• Un ennemi nouveau se dresse : les Turcs qui, en s’installant en Afrique du Nord, vont contribuer à l’isolement et au long immobilisme à quoi va se réduire durant des siècles l’histoire du Maroc. Le chérif Muḥammad al-Chaykh (Muḥammad Ier [de 1549 à 1557) s’allie contre eux aux Espagnols, qui d’ailleurs se désintéressent du Maroc au profit de l’Amérique.

• 1557 : les Ottomans font assassiner Muḥammad Ier, mais renoncent à conquérir le Maroc.

• 1577 : un consul — Guillaume Bérard — est nommé par la France au Maroc.