Mannheim-Ludwigshafen (suite)
Le nombre de compositeurs qualifiés que l’on rencontre parmi les instrumentistes de Mannheim est surprenant. En dehors des Stamitz (Johann, 1717-1757 ; ses fils : Carl, 1745-1801 ; Anton, 1754-v. 1809), il faut citer au moins Franz Xaver Richter (1709-1789) qui devint maître de chapelle à la cathédrale de Strasbourg, Ignaz Holzbauer (1711-1783), Anton Filtz (v. 1730-1760), Johann Christian Cannabich (1731-1798), Franz Beck (entre 1723 et 1733-1809), qui fut le premier directeur de la musique à Bordeaux, les deux Toeschi (Alessandro [v. 1758] et Carlo Giuseppe [v. 1722-1788]), les deux Cramer (Jacob [1705-1770] et Wilhelm [1745-1799]), Johann Schobert (v. 1740-1767, dont on sait le rôle qu’il joua ensuite à Paris), Ignaz Fränzl (1736-1811), Franz Danzi (1763-1826), Ernst Eichner (1740-1777) et les Grua (Carlo Pietro [v. 1700-1773] ; son fils Francesco de Paula [1754-1833], comme éléments décisifs de la vie musicale de Lyon). Il faut rattacher directement à l’école de Mannheim deux maîtres importants qui y reçurent leur formation, sans faire partie de l’orchestre : Peter von Winter (1754-1825) et surtout Joseph Martin Kraus (1756-1792), le « Mozart suédois ». Ils furent parmi les élèves de cette Mannheimer Tonschule érigée par l’abbé Georg Joseph Vogler (1749-1814) en 1775, école qui devint le premier conservatoire allemand.
Les musiciens de Mannheim ont créé nombre de partitions instrumentales, lyriques et sacrées de leur temps, mais ils s’intéressèrent aussi à une œuvre aussi peu « à la mode » que la Messe en si de J.-S. Bach, que J. Stamitz semble avoir interprétée le premier. Lorsque Charles-Théodore devint en 1778 Électeur de Bavière, une bonne partie de ses musiciens le suivirent à Munich, mais l’école de Mannheim avait rayonné à travers toute l’Europe. Son activité continua aussi longtemps que les moyens financiers furent servis par la cour de Bavière. C’est pour quatre solistes éminents de l’orchestre de Mannheim que Mozart écrivit sa symphonie concertante lorsqu’il chercha à se manifester au Concert spirituel parisien par un coup d’éclat ; c’est à Mannheim qu’il fit connaissance avec la famille Weber — et il ne faut pas oublier que c’est à sa femme, Constance Weber, qu’il dut une bonne partie de sa science contrapuntique...
C. de N.
F. Waldkirch, Die Konzertanten Symphonien der Mannheimer im 18. Jahrhundert (Heidelberg, 1931). / C. de Nys, « la Musique dans les cours et chapelles allemandes » dans Histoire de la musique, t. I, sous la dir. de Roland-Manuel (Gallimard, « Encycl. de la Pléiade », 1963).

