Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

mana (suite)

Certes, le débat ne demeure pas tout à fait clos puisqu’une interprétation matérialiste, après examen comparatif des matériaux ethnologiques, vient d’être proposée par Laura Makarius, qui donne pour origine au pouvoir magique lié au mana un contact avec le sang ; mais il est improbable que l’organisme théorique du mana puisse survivre longtemps malgré cette transfusion d’un sang neuf.

C. R.

➙ Magie.

 R. H. Codrington, The Melanesians (Oxford, 1891). / H. Hubert et M. Mauss, « Esquisse d’une théorie générale de la magie », dans l’Année sociologique (1902 ; rééd. dans M. Mauss, Sociologie et anthropologie, P. U. F., 1950). / R. R. Marett, The Threshold of Religion (Londres, 1909). / E. Durkheim, les Formes élémentaires de la vie religieuse (Alcan, 1912). / P. Saintyves, la Force magique. Du mana des primitifs au dynamisme scientifique (Nourry, 1914). / F. R. Lehmann, Mana. Der Begriff des « ausserordentlich Wirkungsvollen » bei Sudseevölkern (Leipzig, 1922). / R. et L. Makarius, Structuralisme ou ethnologie (Anthropos, 1973).

management

Ensemble de méthodes visant à assurer le succès d’une entreprise, à la faire progresser et se développer dans un environnement concurrentiel et mouvant grâce au bon emploi de l’ensemble de ses ressources, notamment de ses énergies humaines.


Si le succès d’une entreprise dépend pour une part de l’efficacité de sa gestion quotidienne, il est lié plus encore à son aptitude à innover et à s’adapter aux changements. Autrefois, hautement tributaire des techniques de production, l’entreprise moderne est maintenant dépendante des hommes qui la composent. Le management détecte les stratégies de progrès, offre aux hommes des structures motivantes, les soumet à des épreuves formatrices et vise à accroître leurs capacités.


Naissance de la notion de management

Les règles et doctrines qui constituent le management moderne se sont accumulées depuis cinquante ans, essentiellement en Amérique. Elles se sont répandues peu à peu en Europe, mais n’y ont été appliquées qu’avec lenteur, car tout notre système culturel s’y oppose.

Au xixe s., les salariés appelaient les chefs d’entreprise les maîtres, puis le terme de patron s’est substitué à celui de maître, mais la mentalité est restée la même. C’est le patron qui prend toutes les décisions, c’est lui qui a accès aux informations ; il traite avec des « subordonnés », des exécutants ; il est le propriétaire.

Il est normal que les règles du management moderne se soient développées aux États-Unis, puisqu’il s’agissait d’un pays immense, aux prises avec la conquête de son propre territoire, donc en perpétuel changement, où l’État avait fort à faire sans se mêler des problèmes des entreprises du secteur privé. Celles-ci avaient donc à assurer leur développement par des méthodes rationnelles, en faisant du profit. En outre, l’étendue du pays les obligera très vite à pratiquer la décentralisation et à faire confiance aux hommes mis en place ; toutes règles qu’on retrouve dans le management, tel qu’il s’est édifié peu à peu.

Pourquoi « management »

Dérivant de manus, la main, management signifie « manœuvre ». Le manager est celui qui « met la main à la pâte », qui s’organise pour que « ça marche », qui s’adapte aux changements. Les autres mots français qu’on serait tenté de proposer pour traduire ce terme américain ont en général des images un peu différentes. Le mot direction définit l’action de celui qui indique la voie, qui impose la règle sans intervenir dans l’exécution. Le mot gestion serait plus exact, mais il a pris en France un sens comptable restreint de contrôle de gestion, de budget. Le mot administration évoque la fonction publique et est tout imprégné de bureaucratie, synonyme de stagnation. Le mot gouvernement évoque l’idée de nation plus que celle d’entreprise et convient donc mal. Reste donc le terme américain.


Contenu spécifique du management moderne

Plus qu’une science, il s’agit d’un ensemble de constatations de bon sens, de prises de conscience, de règles de conduite dictées par l’expérience et fondées sur quelques idées générales simples.


Préparation méthodique de l’action

C’est probablement le point le plus connu, sinon le plus caractéristique du management. Avant de se lancer dans une action, il faut recueillir les faits significatifs, les analyser, mesurer les résultats probables. Les outils de gestion se sont beaucoup affinés ces dernières décennies et sont mieux employés (recherche technique, études de marché, études psychologiques, recherche opérationnelle, etc.), bien que la démarche scientifique ne soit pas innée chez l’homme. Celui-ci préfère, en effet, imaginer plutôt que s’informer. À la limite, le goût trop intense de la recherche peut paralyser l’action. L’analyse systématique de toutes les conditions, moyens et qualifications pour accomplir une action, peut conduire à une disproportion des moyens, mais la pression de la concurrence et le souci de la rentabilité constituent des limites utiles aux dépenses à engager. Cette première caractéristique du management ne doit pas faire oublier tout ce qui constitue son environnement et son action sur les hommes.


Souci de la concurrence

La concurrence permet l’établissement d’un système de prix qui se répercute à tous les niveaux du système économique. Elle est la sanction des erreurs de gestion. Elle entraîne un certain nombre de doubles emplois, de gaspillages, de dispersions, mais elle oblige à la vigilance et au souci de la rentabilité, à peu près seul critère de jugement dans une économie de type libéral. Le protectionnisme, qui permet à certains secteurs de continuer à subsister à l’intérieur d’un pays, conduit au bout d’un certain laps de temps à des réveils douloureux, à des reconversions dramatiques, parce que mal préparées. La conception de l’État-patron, à la fois considéré comme gêneur, lorsqu’il s’immisce dans la gestion des entreprises, et comme guide, lorsqu’il les protège, est une tradition qui, en France, remonte à trois siècles. L’État-patron s’est souvent substitué utilement à l’initiative privée, mais a également camouflé par le jeu des subventions un manque de compétitivité des produits français, aux prises actuellement avec l’étranger par l’ouverture progressive des frontières.