Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Malte (suite)

L’ordre souverain de Malte

1070-1291 : en Palestine

v. 1070

Fondation, par le bienheureux Gérard, des Hospitaliers de Saint-Jean, ou Frères de l’hôpital Saint-Jean-de-Jérusalem.

1113

Le pape Pascal II donne sa règle à l’ordre, qui, à sa vocation hospitalière, ajoute l’activité militaire (protection des chrétiens dans l’Orient musulman).

1187

Chute de Jérusalem ; les chevaliers s’installent à Saint-Jean-d’Acre, qui est prise par les musulmans en 1291.

1291-1522 : à Chypre et à Rhodes

1291

Les chevaliers à Chypre*, où règnent les Lusignan.

1309

Ils s’emparent de Rhodes*, dont la souveraineté leur sera reconnue par tous les princes ; les grands maîtres des chevaliers de Rhodes battent monnaie et ont des ambassadeurs.

1314

À la dissolution des Templiers, les chevaliers recueillent une partie de leurs possessions.

1480

Les Turcs assiègent vainement Rhodes.

1522

Soliman II, après un terrible siège, s’empare de l’île de Rhodes. Le grand maître (1521-1534) Philippe de Villiers de L’Isle-Adam (1464-1534) quitte l’île avec les honneurs de la guerre.

1530-1798 : à Malte

1530

Après un séjour à Viterbe, puis à Civitavecchia, l’ordre reçoit de Charles Quint l’île de Malte. Il reste dans la ligne de sa vocation de défense de la chrétienté contre les Turcs.

1565

Les Turcs assiègent vainement Malte.

1571

Les chevaliers de Malte participent à la victoire de Lépante.

Régi depuis 1267 par un grand maître élu (il y aura 70 grands maîtres, dont 44 français jusqu’en 1790), l’ordre compte huit divisions territoriales appelées langues (Provence, Auvergne, France, Italie, Aragon, Allemagne, Castille, Angleterre), subdivisées en commanderies (656 au xvie s.), prieurés et bailliages.

1790

Considérés à tort comme biens du clergé, les biens de l’ordre sont nationalisés en France.

1798

Le dernier grand maître, Hompesch, n’oppose aucune résistance à Bonaparte. Les chevaliers se dispersent.

L’ordre à l’époque contemporaine

1801

Le Grand Magistère de l’ordre s’installe à Catane.

1802

Le traité d’Amiens prévoit la restitution de l’île de Malte aux chevaliers.

1815

Le traité de Paris consacre l’installation à Malte des Britanniques, mais maintient à l’ordre les prérogatives de sa souveraineté.

1825

Le Grand Magistère de l’ordre à Ferrare.

1834

Le Grand Magistère à Rome. Depuis lors, via Condotti, un territoire de trois hectares, est le territoire de l’ordre, dont le caractère souverain a été reconnu par 38 nations.

Comptant actuellement plus de 7 000 membres partagés en grands prieurés et associations —, l’ordre, dirigé par un grand maître élu, comprend des chevaliers profès, des chevaliers d’obédience, des catégories laïques et des donats.

Activités actuelles

L’ordre de Malte, s’il n’a plus d’activités militaires, dirige de très importantes œuvres hospitalières, ce qui le ramène à son activité primitive.

Les principales œuvres actuelles sont : gestion gratuite ou semi-gratuite d’hôpitaux et de dispensaires ; assistance médicale ; aide aux léproseries ; rééducation d’enfants ; centres de recherche médicale ; recyclage d’ambulanciers et secouristes ; crèches ; activité diplomatique en faveur des émigrés et des réfugiés... L’ordre entretient des corps de voitures et d’avions ambulances.

P. P.

Malthus (Thomas Robert)

Économiste anglais (The Rookery, près de Guildford, Surrey, 1766 - Haileybury, près de Hertford, 1834).


Son père était en relation avec D. Hume et professait une grande admiration pour les idées de J.-J. Rousseau. Thomas Robert Malthus étudia à Cambridge, devint pasteur anglican à Albury (Surrey) et, en 1805, fut nommé professeur d’économie politique au collège d’Haileybury. Il est l’auteur de An Essay on the Principle of Population (1798), augmenté au cours des éditions successives ; An Investigation of the Cause of the Present High Price of Provisions (1800) ; Principles of Political Economy Considered with a View to their Practical Application (1820).

Alors que, par souci de faire bref et peut-être afin de frapper l’imagination, on soulignait chez Malthus presque uniquement la loi de population (v. démographie), Robert Goetz-Girey (1910-1964) a montré l’intérêt des idées de Malthus à propos des problèmes de la croissance*. Aussi certains n’ont-ils pas hésité à dire que la Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie de Keynes* était purement et simplement la mise en ordre rationnelle des idées de Malthus.

C’est que Malthus centre ses développements sur la nécessité, pour la poursuite du progrès économique, d’une demande* effective : l’édition de ses Principes d’économie politique de 1820 contient un chapitre vii final sur le problème de l’insuffisance de la demande. Dans la deuxième édition (1836), ce chapitre est devenu un livre II de 100 pages sur les Progrès de la richesse. On y trouve là une analyse du circuit économique et une véritable théorie de la croissance. À cet effet, Malthus examine successivement l’accroissement de la population et l’accroissement du capital* comme facteurs du progrès de la richesse. Il y ajoute la fertilité du sol et les inventions. Il examine l’influence de l’extension du commerce. Il devance Colin Clark (né en 1905) en indiquant que la croissance est favorisée par l’existence de consommateurs improductifs et de services personnels, en d’autres termes par le développement d’un secteur tertiaire.

Il est évident que l’accroissement de la population peut être un facteur d’augmentation de la demande et par conséquent un facteur de croissance. Mais, dans l’esprit de Malthus, cet accroissement de la demande effective ne se produit que dans la mesure où l’accroissement de la population se traduit par une augmentation de l’emploi* : l’évolution économique dépend de la demande des travailleurs consommateurs. En bref, la rentabilité de la production* est fonction de la consommation*. La production est rentable si le revenu est dépensé. Mais si le revenu n’est pas intégralement dépensé, en raison d’habitudes de parcimonie, il se produira un accroissement limité de consommation et il se dégagera une épargne* excessive, qui peut conduire à des dépressions. Ce n’est que si cette épargne est affectée à la formation de capital (à l’investissement*) que la croissance économique pourra se poursuivre. L’épargne investie est donc indispensable au progrès.