Malinkés (suite)
Les villages recherchaient la sécurité : ils sont souvent fortifiés et s’adossent à un bois, à un escarpement (dans la région de Kita, au nord-ouest de Bamako). Dans certains cas, le village est entièrement entouré de fortifications (tata), et les maisons se serrent les unes contre les autres à l’intérieur. Les Malinkés utilisent dans la construction des cases rondes des matériaux comme le bambou. Il y a des cases à étages et des abris surélevés pour les chèvres et les moutons.
La filiation est patrilinéaire, et les attributs d’un individu, du groupe auquel il appartient, se transmettent uniquement par les hommes. Les Malinkés sont polygames, et le mariage, patrilocal et endogame, se règle par une dot en numéraire et en bœufs. Autrefois, celle-ci était constituée par de la poudre d’or, des cauris et du bétail. Elle se fait en un seul versement et compense pour la famille de la jeune fille le préjudice que cause son départ. Le père a tous les droits sur ses enfants, et la mère n’en a aucun. Les classes d’âge de la société malinké se présentent sous deux aspects : les tõ, ou associations d’entraide et sociétés de travail, de loisirs, de danses ; les dyo, associations à caractère religieux et ésotérique ou sociétés d’initiation. La circoncision et l’excision sont des rites d’entrée dans une classe d’âge. Les tõ de jeunes (15 à 30 ans) ont effectué certains travaux de modernisation (assainissement), et ces sociétés ont servi d’appui au parti de l’Union soudanaise R. D. A. Les associations d’adultes, par exemple celle des chasseurs dōsōtō, ont un caractère à la fois religieux et professionnel ; l’ancienneté a un rôle déterminant dans la pratique de la chasse.
La société malinké est divisée en classes, d’origine historique (les nobles, les hommes libres, les esclaves), et en castes, à caractère religieux : les nyamakala (de nyama : impureté) sont des travailleurs de certains métiers réputés comme impurs (forgeron, pêcheur, vannier, mendiant, griot) ; ils jouent un rôle religieux d’intermédiaires entre les dieux et les hommes et sont endogames ; les woloso, ou captifs de case, sont aussi considérés comme des nyamakala.
Le groupement humain du village se fait autour d’un clan souche, le si, auquel se sont progressivement ajoutés : des parents alliés par les femmes, des esclaves, des clients, des nyamakala. Chaque famille étendue habite un lou, unité à la fois économique (produits de l’agriculture), sociale (enfants, mariage) et juridique (transmission du patrimoine). L’autorité revient à l’ancien : le loutigui ; elle est quasi absolue. L’ancien perçoit l’impôt, gère les biens collectifs et règle les mariages. Les chefferies malinkés ont un caractère religieux ; le chef de village, dougou e tigi (exactement : chef de terre), a pour rôle essentiel de donner l’autorisation de défricher et de cultiver.
Bien que de religion musulmane, les Malinkés pratiquent assidûment le culte des ancêtres. Des centres comme Tiko maintiennent la religion d’autrefois, et certaines grandes familles y envoient leurs enfants pour les faire instruire dans la cosmogonie malinké et les techniques de la géomancie. Il semble toutefois que le développement de la tendance rigoriste musulmane wahhābite entraîne la disparition de la religion traditionnelle à plus ou moins court terme.
J. C.
➙ Guinée / Mali (empire du) / Mali (république du).
E. Leynaud, la Modernisation rurale dans la haute vallée du Niger (B. D. P. A., 1961 ; 2 vol.). / G. Brasseur, les Établissements humains au Mali (Thèse, Paris, 1970).