Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Malinkés (suite)

Les villages recherchaient la sécurité : ils sont souvent fortifiés et s’adossent à un bois, à un escarpement (dans la région de Kita, au nord-ouest de Bamako). Dans certains cas, le village est entièrement entouré de fortifications (tata), et les maisons se serrent les unes contre les autres à l’intérieur. Les Malinkés utilisent dans la construction des cases rondes des matériaux comme le bambou. Il y a des cases à étages et des abris surélevés pour les chèvres et les moutons.

La filiation est patrilinéaire, et les attributs d’un individu, du groupe auquel il appartient, se transmettent uniquement par les hommes. Les Malinkés sont polygames, et le mariage, patrilocal et endogame, se règle par une dot en numéraire et en bœufs. Autrefois, celle-ci était constituée par de la poudre d’or, des cauris et du bétail. Elle se fait en un seul versement et compense pour la famille de la jeune fille le préjudice que cause son départ. Le père a tous les droits sur ses enfants, et la mère n’en a aucun. Les classes d’âge de la société malinké se présentent sous deux aspects : les , ou associations d’entraide et sociétés de travail, de loisirs, de danses ; les dyo, associations à caractère religieux et ésotérique ou sociétés d’initiation. La circoncision et l’excision sont des rites d’entrée dans une classe d’âge. Les de jeunes (15 à 30 ans) ont effectué certains travaux de modernisation (assainissement), et ces sociétés ont servi d’appui au parti de l’Union soudanaise R. D. A. Les associations d’adultes, par exemple celle des chasseurs dōsōtō, ont un caractère à la fois religieux et professionnel ; l’ancienneté a un rôle déterminant dans la pratique de la chasse.

La société malinké est divisée en classes, d’origine historique (les nobles, les hommes libres, les esclaves), et en castes, à caractère religieux : les nyamakala (de nyama : impureté) sont des travailleurs de certains métiers réputés comme impurs (forgeron, pêcheur, vannier, mendiant, griot) ; ils jouent un rôle religieux d’intermédiaires entre les dieux et les hommes et sont endogames ; les woloso, ou captifs de case, sont aussi considérés comme des nyamakala.

Le groupement humain du village se fait autour d’un clan souche, le si, auquel se sont progressivement ajoutés : des parents alliés par les femmes, des esclaves, des clients, des nyamakala. Chaque famille étendue habite un lou, unité à la fois économique (produits de l’agriculture), sociale (enfants, mariage) et juridique (transmission du patrimoine). L’autorité revient à l’ancien : le loutigui ; elle est quasi absolue. L’ancien perçoit l’impôt, gère les biens collectifs et règle les mariages. Les chefferies malinkés ont un caractère religieux ; le chef de village, dougou e tigi (exactement : chef de terre), a pour rôle essentiel de donner l’autorisation de défricher et de cultiver.

Bien que de religion musulmane, les Malinkés pratiquent assidûment le culte des ancêtres. Des centres comme Tiko maintiennent la religion d’autrefois, et certaines grandes familles y envoient leurs enfants pour les faire instruire dans la cosmogonie malinké et les techniques de la géomancie. Il semble toutefois que le développement de la tendance rigoriste musulmane wahhābite entraîne la disparition de la religion traditionnelle à plus ou moins court terme.

J. C.

➙ Guinée / Mali (empire du) / Mali (république du).

 E. Leynaud, la Modernisation rurale dans la haute vallée du Niger (B. D. P. A., 1961 ; 2 vol.). / G. Brasseur, les Établissements humains au Mali (Thèse, Paris, 1970).

Malinovski (Rodion Iakovlevitch)

Maréchal soviétique (Odessa 1898 - Moscou 1967).


Sa vocation militaire remonte à l’âge de dix-sept ans, quand, en 1915, le jeune Malinovski, alors garçon de courses dans sa ville natale, rêvant d’aller se battre, réussit à se joindre à un convoi partant pour le front. Blessé en 1916, nommé caporal et décoré de la croix de Saint-Georges, il est volontaire pour le front français et se bat dans la 1re brigade russe au nord de Reims lors de la bataille du Chemin des Dames en avril 1917. L’annonce de la révolution de Petrograd provoque dans ses rangs de si graves désordres qu’elle est retirée du front. Toutefois, 1 700 volontaires, parmi lesquels le sergent Malinovski, désirant continuer à se battre avec les Français, forment une légion russe qui se distinguera en 1918 avec la 1re division marocaine. C’est avec elle que Malinovski, décoré de la croix de guerre française, entre à Mayence. En 1919, il regagne son pays et passe aussitôt dans l’armée rouge, où son expérience du combat le fait employer comme instructeur. Promu officier, il commande un bataillon pendant cinq ans et suit en 1930 le cours d’état-major de l’académie Frounze. Son avancement sera alors rapide : il prend part, comme colonel, à la guerre d’Espagne, et, en 1941, au moment où la Wehrmacht attaque l’U. R. S. S., il commande un corps d’armée en Bessarabie. Encerclé par les Allemands à Nikolaïev, il réussit à franchir le Dniepr et défend Dniepropetrovsk. À la tête d’une armée, il se bat en 1942 au sud de Stalingrad, où il brise en décembre sous le feu de son artillerie la contre-offensive lancée par Erich von Lewinski von Manstein (1887-1973) dans la région d’Abganerovo (près de Stalingrad) pour tenter de reprendre liaison avec la VIe armée Paulus. Commandant en 1943 le front sud-ouest, Malinovski attaque sur le Donets et entre à Odessa le 10 avril 1944. Promu maréchal le 10 septembre, il conduit ensuite le deuxième front d’Ukraine en Roumanie et en Hongrie, puis marche sur Vienne, qui tombe le 13 avril 1945. Malinovski est ensuite envoyé en Extrême-Orient, où il commande le front du Transbaïkal dans la rapide campagne contre les Japonais (août 1945).

En 1956, il succède à Koniev comme commandant en chef des forces terrestres. Un an plus tard, il remplace comme ministre de la Défense le maréchal Joukov*, qui vient d’être disgracié. Soldat dans l’âme, l’un des rares grands chefs de l’armée soviétique issus de l’infanterie, Malinovski occupera ce poste jusqu’à sa mort, en 1967. Durant ces dix années, il présidera à la modernisation des forces soviétiques, tant dans le domaine de la mécanisation que dans celui des missiles et des sous-marins atomiques. En de nombreux discours, notamment en 1963 pour le 45e anniversaire de l’armée rouge, il affirmera la puissance à l’échelon mondial de l’appareil militaire de l’U. R. S. S. Sur le plan politique, il s’efforcera d’apaiser les suspicions héritées de son prédécesseur entre le parti communiste et le haut commandement.

L. A.