En néerl. Mechelen, v. de Belgique, sur la Dyle, entre Bruxelles et Anvers ; 66 000 hab.
Les origines de la ville semblent remonter à saint Rombaut, son patron, qui vécut au viiie s. Un premier temple portant son nom, détruit par les Normands, est rebâti par les soins de Notger, le prince-évêque de Liège, qui construit la première enceinte fortifiée, la ville relevant de son obédience.
Elle passe aux comtes de Flandre en 1345, puis aux ducs de Bourgogne, qui en font une résidence de cour et la capitale administrative des Pays-Bas. Marguerite d’York, la veuve de Charles le Téméraire, y élève ses petits-enfants, Philippe le Beau et Marguerite d’Autriche. Celle-ci, devenue gouvernante du pays, fait construire de 1507 à 1530 un palais dit « de Savoie » — l’actuel palais de justice —, qui devient un des foyers de l’humanisme occidental. Poète elle-même à l’occasion, elle y reçoit Érasme et Thomas More. Les historiographes Jean Molinet et Jean Lemaire de Belges, Jérôme Busleyden, le fastueux conseiller, sont de ses familiers. Mabuse (Jan Gossart*) et Bernard Van Orley* sont ses peintres, Pierre de La Rue et Josquin Des Prés* ses musiciens. Elle ordonne d’importants travaux d’architecture : Lodewijk Van Boghem, notamment, construit pour elle l’église de Brou, près de Bourg-en-Bresse*. Sous son règne s’achève la dynastie des Keldermans, ces brillants architectes malinois dont le nom reste attaché à de nombreux édifices brabançons.
Le monument le plus majestueux de la ville est la cathédrale Saint-Rombaut (xiii-xive s.), dont la tour, quoique inachevée, est une des plus belles de Belgique. Comme dans toutes les églises ayant souffert des iconoclastes au xvie s., le maître-autel est une œuvre du xviie s., de style baroque. Il en est de même de la chaire, sculptée en bois de chêne comme les autres « chaires de vérité » malinoises. La cathédrale possède des toiles de Michiel Coxcie (Malines 1499 - id. 1592), Snyders*, Van Dyck*, des toiles et des sculptures des Quellin.
Construite en majeure partie au xve s., Notre-Dame-au-delà-de-la-Dyle abrite un orgue de Jan Bremser, une chaire de vérité de Kerrickx le Jeune et le triptyque de la Pêche miraculeuse de Rubens*. De la même époque, l’église Saint-Jean possède un orgue de Pieter Van Peteghem, au buffet richement sculpté, et un maître-autel fastueux avec une Adoration des Mages de Rubens. La chaire sculptée en 1741 par Theodoor Verhaegen est une œuvre luxuriante ; cet artiste malinois (1700-1759) est l’auteur d’une autre chaire, plus somptueuse encore : celle de l’église Notre-Dame-d’Hanswijk, un des monuments les plus représentatifs du baroque flamand, dû à l’architecte-sculpteur Luc Faydherbe (Malines 1617 - id. 1697).
L’édifice civil le plus remarquable est le palais de Savoie, mélange harmonieux de gothique et de Renaissance. L’hôtel de Jérôme Busleyden (1505), converti en musée communal, abrite principalement des pièces intéressant l’archéologie et l’histoire locale ; une salle est réservée toutefois au sculpteur malinois Ernest Wijnants (1878-1964). Bien qu’un peu trop arrangés au cours des âges, les halles (auj. hôtel de ville), l’ancienne maison des échevins (1300), le Grand Pont, la porte de Bruxelles et de jolies maisons le long de la Dyle sont les témoins d’une vie artistique qui, dans le domaine particulier de la sculpture du bois, s’est maintenue jusqu’à nos jours.
R. A.