Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Mali (république du) (suite)

Le milieu

Le territoire s’inscrit dans deux vastes triangles juxtaposés, traversés par le cours supérieur du Sénégal (env. un tiers de ses 1 700 km) et par le cours moyen du Niger (1 700 km sur 4 200). Le Mali occupe la plus grande partie de la cuvette du moyen Niger occidental, zone déprimée occupée par des dépôts sédimentaires continentaux. En bordure, les sédiments primaires et quelquefois plus récents, relevés, donnent des falaises (cuestas) tournées vers l’extérieur, au relief vigoureux, mais d’altitude modeste : plateaux et falaises de Sikasso et de Bandiagara au sud-est (700 à 800 m en moyenne) ; Adrar des Iforas dans le nord saharien ; plateaux ou « monts » mandingues au sud-ouest, avec des falaises et plateaux de grès (700 à 800 m), au pied desquels se dégage, près de la frontière sénégalo-guinéenne, le socle précambrien, en contrebas (bassins de la haute Falémé et du Baoulé).

On peut distinguer grossièrement trois zones climatiques se succédant en latitude : une zone saharienne désertique, au nord (300 000 km2) ; une zone sahélienne steppique entre les isohyètes de 100 et de 400 mm (250 000 km2) ; une zone de climat soudanien à saisons contrastées (six mois de saison sèche, six mois de saison pluvieuse), domaine de la savane, au sud.

Le tracé en boucle du Niger, entamant profondément vers le nord la zone sahélienne et touchant la zone désertique, y apporte localement l’eau et la vie. Le Niger présente de fortes pentes et est coupé de rapides jusqu’à Koulikoro ; à partir de Ségou, sa pente devient très faible et, avec son affluent, le Bani, il constitue un vaste « delta intérieur » ; uniquement alimenté par les pluies du cours supérieur, le flot de crue, retardé par la faiblesse de la pente, se trouve décalé progressivement dans le temps (hautes eaux en août-septembre en amont de Bamako ; en janvier seulement à Kabara, port de Tombouctou). Après le « coude » de Gao, le Niger quitte la cuvette du moyen Niger occidental pour entrer dans la cuvette du moyen Niger oriental, et sa pente s’accentue de nouveau (rapides d’Ansongo). Deux biefs sont navigables aux hautes eaux : Bamako-Kouroussa (374 km : juill.-sept.) et Koulikoro-Ansongo (1 300 km : juill.-janv.).


La population

Le Mali comprend un très grand nombre de groupes ethniques, mais une dizaine de ces groupes réunissent environ les trois cinquièmes de la population totale. Le groupe linguistique mandé englobe à lui seul près de la moitié de la population : Bambaras* (1 200 000) dans la région de Bamako ; Malinkés* (200 000) au sud-ouest ; Soninkés, Markas, Miniankas (300 000), dispersés du Sénégal aux confins de la Haute-Volta. Les Peuls* (400 000) sont implantés massivement dans le Macina (delta central du Niger) et se retrouvent dispersés un peu partout. Les Dogons* (200 000) occupent la région de la falaise de Bandiagara ; les Songhaïs* (ou Sonrhaïs) [200 000], la boucle du Niger, à l’est. Il convient d’y ajouter 150 000 pêcheurs du Niger (Somonos, Bozos, Sorkos, d’amont en aval) et, dans la zone saharienne, 60 000 Maures (à l’ouest) et 200 000 Touaregs (au nord-est).

Même dans le Sud, les densités sont très inégales ; généralement très faibles, elles peuvent atteindre 100 habitants au kilomètre carré dans la vallée du Niger. La population est essentiellement rurale : la population urbaine ne dépassait pas 10 p. 100 du total, en 1965, et, en dehors de la capitale, Bamako, deux villes seulement, Kayes et Ségou, dépassaient à cette date 30 000 habitants. Neuf autres villes dépassaient 10 000 habitants.


L’économie


Les productions et les transports

La médiocrité des ressources des savanes soudaniennes, mais surtout la continentalité, l’insuffisance des voies d’évacuation et le coût des transports ont maintenu au Mali une économie agricole de subsistance ; seules les régions les mieux desservies par les moyens de communication disposaient d’excédents exportés par le commerce de traite européen ou par les commerçants traditionnels (dioulas). Il convient de noter les progrès rapides de la culture attelée dans les vallées du Sénégal et du Niger.

Les céréales d’autoconsommation traditionnelle sont le mil (800 000 t par an) et le riz (200 000 t). Cultivé dans les vallées inondables du Niger et du Bani, le riz fait l’objet d’une culture traditionnelle, mais aussi d’une culture moderne dans les secteurs du delta intérieur du Niger aménagés depuis 1932 par l’Office du Niger, organisme d’État, qui fournit à lui seul environ 45 000 t de riz par an.

Les deux seules cultures d’exportation notables sont l’arachide et le coton. La culture commercialisée de l’arachide s’est développée aux abords des voies d’évacuation (chemin de fer de Kayes à Bamako). Après avoir atteint près de 100 000 t en 1958, la production commercialisée est tombée à 26 000 t en 1969, découragée par la baisse des prix, et est remontée à 56 000 t en 1970. Le coton est au contraire en voie de développement rapide. La culture moderne irriguée du coton, tâche initiale impartie à l’Office du Niger, est aujourd’hui abandonnée (10 000 t de coton-graine en 1963 ; 2 000 t en 1969). En revanche, la culture sèche en milieu traditionnel, encadrée par la C. F. D. T. (Compagnie française de développement des textiles : organisme semi-public français), est en progrès rapide (6 000 t de coton-graine en 1962 ; 41 000 t en 1970). Le coton est de loin le premier produit d’exportation.

Le karité, oléagineux de cueillette, alimente, outre la consommation locale, quelques exportations (un millier de tonnes). La culture de la tomate (1 250 t en 1968) alimente la conserverie locale de Baguineda ; celle de la canne à sucre (5 000 t), la sucrerie locale.

L’élevage et la pêche tiennent d’autre part une place importante dans l’économie locale et permettent les exportations « traditionnelles » des commerçants spécialisés maliens. Le cheptel malien est évalué à 5 millions de bovins et 10 millions d’ovins et caprins, autorisant des exportations, notamment vers la Côte-d’Ivoire. La pêche fluviale sur le Niger (env. 50 000 t par an) donne lieu à d’importantes exportations de poissons séchés ou fumés (15 000 t par an) à partir de Mopti et Ségou, en direction notamment de la Côte-d’Ivoire.

L’activité industrielle reste modeste. En dehors du sel gemme saharien de Taoudeni, objet d’une exploitation traditionnelle, aucun gisement minéral n’a été à ce jour mis en exploitation, en raison des difficultés d’évacuation.

La production d’énergie électrique est limitée, représentée essentiellement par des centrales urbaines alimentées au fuel importé et de fonctionnement onéreux : les petites centrales hydro-électriques de Kayes et Sotuba (cette dernière entrée en service en 1966) n’apportent qu’une contribution modeste.