Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

antibiotiques (suite)

Dérivés du naphtacène ou cyclines

Ce groupe très homogène comprend des antibiotiques de propriétés voisines, et il est facile de passer de l’un à l’autre par hémisynthèse. La tétracycline demeure l’un des plus utilisés ; c’est une base, d’abord prescrite à l’état de chlorhydrate ; l’étendue de son spectre et sa mauvaise absorption par les muqueuses digestives pouvant provoquer des désordres intestinaux, on tend à la salifier par des complexes minéraux — comme l’hexamétaphosphate de sodium —, qui favorisent l’assimilation en évitant ces inconvénients.


Antibiotiques ne se rattachant à aucun groupe

Parmi ces derniers, le chloramphénicol, composé relativement simple, antibiotique à large spectre particulièrement actif sur le bacille d’Eberth, est obtenu facilement par synthèse, de même que son dérivé méthane sulfané, le thiamphénicol.


Toxicologie des antibiotiques

Les antibiotiques sont administrés soit par la voie orale, soit par la voie parentérale ou intrarachidienne, soit par la voie locale (pommades, collyres, instillations). En général non toxiques, ils peuvent, néanmoins, provoquer certains accidents d’ordre allergique (pénicilline) ou intestinal (par inhibition de la flore normale). Cependant, la streptomycine, par atteinte de la VIIIe paire crânienne (nerf auditif), peut provoquer les vertiges symptomatiques de la surdité ; le chloramphénicol, à fortes doses, peut provoquer des désordres hématologiques graves (agranulocytose). L’administration des antibiotiques doit donc être strictement surveillée par le prescripteur. Pour ces raisons, ils sont souvent prescrits en association : avec un autre antibiotique, dans un but synergique ; avec un antibiotique antifongique (tétracycline + nystatine) ; avec un micro-organisme résistant (Bacillus subtilis, bacilles lactiques, levures).

R. D.

 M. M. Janot et J. Keufer, Mécanismes biochimiques de l’activité des antibiotiques (Masson, 1953). / I. Rosen, les Associations d’antibiotiques (Imprimerie populaire, Genève, 1958). / M. Finchelstein, Allergies provoquées par les antibiotiques, les hormones et les tranquillisants (thèse, Paris, 1960). / J. D. A. Gray, Antibiotics in Medicine (Édimbourg, 1963). / P. E. Baldry, The Battle against Bacteria, a History of the Development of Antibacterial Drugs (Cambridge, 1965). / M. Neumann, les Antibiotiques (Éd. Heures de France, 1968).

anticoagulants

Substances capables de s’opposer à la coagulation du sang. Les anticoagulants sont employés systématiquement dans un certain nombre de maladies ou d’états graves, dont ils améliorent considérablement le pronostic.



Affections justiciables des anticoagulants

Ce sont essentiellement les affections des artères, des veines, ou du cœur, qui peuvent entraîner une thrombose, c’est-à-dire une coagulation du sang dans le vaisseau, suivie de son obstruction et de redoutables complications (gangrène, embolies, etc.). [V. artère et veine.] L’athérosclérose vient au premier plan, notamment celle des artères coronaires, où le traitement anticoagulant est le meilleur moyen d’éviter l’infarctus du myocarde. Les atteintes des membres inférieurs sont également justiciables du traitement. Les phlébites (inflammations des veines) représentent une autre grande indication : le traitement peut être curatif (si la phlébite est déclarée) ou, surtout, préventif, quand on est fondé à craindre la phlébite après les accouchements, après les interventions chirurgicales, en cas d’immobilisation prolongée d’un membre ou de tout le corps (fractures, plâtres). Le troisième groupe est constitué par certaines affections du cœur, prédisposant à la thrombose (rétrécissement mitral) même après la période postopératoire ; le port de prothèses vasculaires (valve de Starr) exige l’emploi d’anticoagulants. Enfin, certains anticoagulants, tels l’héparine et les héparinoïdes, sont employés en raison de leur action sur les graisses du sang, dont ils diminuent l’action nocive.


Produits employés et modalités des traitements

Selon la nature et la dose du produit, on rendra le sang incoagulable ou seulement moins coagulable, ou encore, à un moindre degré, on se contentera de neutraliser la tendance d’un sang qui coagule trop vite. Certains produits ne peuvent être utilisés qu’au laboratoire : ce sont le fluor de calcium ou l’oxalate de sodium, employés pour empêcher le sang de coaguler quand on le recueille en vue d’analyse. Le citrate de sodium peut être utilisé aussi bien au laboratoire qu’in vivo : c’est lui qui permet la conservation du sang en flacon en vue de la transfusion*.

Les anticoagulants utilisés chez l’homme se divisent en deux groupes : 1o l’héparine et les héparinoïdes ; 2o les antiprothrombiques (ou, mieux, antivitamine-K), desquels il faut rapprocher les fibrinolytiques. Ces derniers ne sont pas des anticoagulants, mais ils s’attaquent au caillot et méritent d’être cités à côté des anticoagulants pour le traitement de certaines thromboses* ou embolies.


L’héparine

C’est un mucopolysaccharide naturel existant à l’état normal dans de nombreux tissus de l’organisme. Sa formule est imparfaitement connue, et les produits de synthèse n’ont jamais eu l’action anticoagulante de l’héparine extractive. L’héparine a été extraite du foie (d’où son nom) en 1916 par Jay McLean. En 1933 commença l’extraction industrielle à partir du poumon de bœuf, ce qui permit, deux ans plus tard, les premières utilisations en pathologie humaine. L’héparine doit être administrée par voie intraveineuse. Elle agit très vite : le maximum d’action est obtenu en 30 à 60 minutes. Par contre, l’effet s’estompe en 2 à 4 heures. Plus la dose injectée est forte, plus longue sera la durée d’action, mais plus grands seront les risques hémorragiques, car la diminution de coagulabilité immédiate est alors excessive. On est amené à faire soit des injections discontinues de petites doses répétées toutes les 3 ou 4 heures, soit des perfusions continues. Quoi qu’il en soit, pour une même dose, l’action anticoagulante ne sera pas toujours identique d’un sujet à l’autre. Très vite après l’injection, une certaine quantité du produit est neutralisée par une héparinase (une enzyme). Une autre fraction va être éliminée par le rein en fonction de l’état rénal. À dose fixe, il n’y a donc pas d’effet « standard », et cela explique qu’un traitement par l’héparine nécessite une surveillance étroite.