Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Maine (suite)

À l’ère classique appartient le prytanée militaire de La Flèche — ancien collège des Jésuites installé par Henri IV dans un château du xvie s., augmenté d’une chapelle du père Martellange et de nouveaux bâtiments — et le couvent de la Visitation de Mamers, d’une architecture simple (1634), où sont aujourd’hui groupés les services édilitaires de la ville. Reconstruite au xviiie s. (qui voit s’élever aussi la maison claustrale d’Evron), l’ancienne abbaye de Solesmes observe la même sobriété. Mais sa chapelle conserve, parmi d’autres groupes, deux chefs-d’œuvre de la statuaire française : une Mise au tombeau du Christ, qui date de la fin du xve s., et l’Ensevelissement de la Vierge, sans doute postérieur d’un demi-siècle. Le style des figures dérive de celui de Michel Colombe*.

G. J.

 R. Latouche, Maine et Perche et leurs châteaux (Arthaud, 1962).

Maine de Biran

Philosophe français (Bergerac 1766 - Paris 1824).


Marie François Pierre Gonthier de Biran, fils de médecin, était un grand nerveux, inquiet des moindres manifestations de sa vie physiologique. Il fit pourtant une brillante carrière politique (administrateur du département de la Dordogne en 1795, membre du Conseil des Cinq-Cents en 1797, sous-préfet de Bergerac en 1806, député en 1809, questeur de la Chambre en 1815 et conseiller d’État en 1816), mais « en somnambule », comme il l’écrit dans son Journal intime.

Il avait vécu la tourmente révolutionnaire dans une complète indifférence, retiré dans son domaine de Grateloup, près de Bergerac ; c’est sous le Directoire qu’il entra dans la politique. Mais, après la journée du 18 fructidor, son élection aux Cinq-Cents ayant été annulée, il put se retirer dans sa province et se consacrer tout à son aise à sa « vie intérieure ».

De 1802 à 1812, il y écrivit ses principales œuvres : les Mémoires, puis l’Essai sur les fondements de la psychologie et sur ses rapports avec l’étude de la nature, qui est son œuvre la plus importante.

Lorsque son rôle politique le força a s’installer définitivement à Paris (1816), il poursuivit sa vie philosophique, principalement en réunissant chez lui une petite société qui comprenait Royer-Collard, Victor Cousin, Ampère, Cuvier, Guizot... Sa santé lui rendant tout travail difficile, sa dernière œuvre (Nouveaux Essais d’anthropologie), commencée en 1823, n’était pas achevée lorsqu’il mourut.

Il ne fut guère plus à l’aise dans sa vie privée. Il avait épousé sa cousine, une créole, dont le premier mari, émigré, était considéré comme mort ; les Biran avaient déjà trois enfants lorsqu’en 1802 le premier mari réapparut inopinément. Mme de Biran succomba peu après d’une fièvre cérébrale ; Maine de Biran faillit se suicider.

Il peut être considéré comme le fondateur de la psychologie pour avoir affirmé avec force que les « faits primitifs du sens intime » sont une réalité sui generis et ne se réduisent pas à quelque entité abstraite.

Contrairement à Descartes, qui ramène le « cogito » à la « res cogitans », le « je pense » à la « substance pensante », Maine de Biran envisage, lui, et pour la première fois, la pensée sous la forme du « moi » individuel.

Dans l’Essai, il décrit ces « faits primitifs » comme des efforts moteurs volontaires qui, à un moment donné de notre vie organique, assument le commandement de notre corps, transformant des actes seulement réflexes en une motilité autonome ; ainsi, l’effort est comme un pont jeté entre le corps, la matière et l’esprit. En en faisant la réalité intérieure « primitive », Maine de Biran dépasse définitivement le dualisme des philosophies traditionnelles et annonce des pensées très modernes (Freud notamment).

Mais son enquête reste de caractère essentiellement éthique. À une morale d’inspiration stoïcienne (n’attendons rien de l’extérieur), cet inquiet, ce nerveux joint la recherche d’un « point d’appui », au-delà de la trop fluctuante réalité intérieure ; il le trouve dans la puissance divine, et, dans les dernières années de sa vie, il retourne intégralement au christianisme traditionnel.

D. C.

 V. Delbos, Maine de Biran et son œuvre philosophique (Vrin, 1931). / G. Le Roy, l’Expérience de l’effort et de la grâce chez Maine de Biran (Boivin, 1937). / G. Fessard, la Méthode de réflexion chez Maine de Biran (Bloud et Gay, 1938). / R. Vaucourt, la Théorie de la connaissance chez Maine de Biran (Aubier, 1944). / H. Gouhier, les Conversions de Maine de Biran (Vrin, 1948). / J. Lassaigne, Maine de Biran, homme politique (la Colombe, 1958). / D. Voutsinas, la Psychologie de Maine de Biran (Éd. S. I. P. E., 1964). / R. Lacroze, Maine de Biran (P. U. F., 1970). / F. C. T. Moore, The Psychology of Maine de Biran (Oxford, 1970).

Quelques œuvres

1792

débuts de son Journal intime.

1801

Mémoire sur l’influence de l’habitude sur la faculté de penser (couronné par l’Institut).

1805

Mémoire sur la décomposition de la pensée.

1807

Mémoire sur l’aperception immédiate.

1812

Essai sur les fondements de la psychologie et sur ses rapports avec l’étude de la nature.

1823

début de la rédaction des Nouveaux Essais d’anthropologie.

Maine-et-Loire. 49

Départ. de la Région Pays de la Loire* ; 7 131 km2 ; 629 849 hab. Ch.-l. Angers*. S.-pr. Cholet, Saumur*, Segré.


Le département de Maine-et-Loire a hérité en 1790, à quelques bordures près, de l’ancienne province d’Anjou*. Sur une trame orthogonale commandée par le contact Massif armoricain-Bassin parisien et le cours de la Loire, il en reflète la dissymétrie. À l’ouest, sur le massif ancien, des schistes décomposés, interrompus au nord de rides gréseuses appalachiennes (Anjou noir ou Segréen), tombant au sud en glacis sur la faille du Layon (Mauges ou Choletais), portent un dense bocage herbager, plus extensif au nord (veaux maigres, lait), plus intensif au sud (charolais à l’embouche), assorti d’élevages florissants de porcs (race craonnaise) et de basses-cours (poulets, oies, dindes).