Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Madagascar (suite)

La combinaison des données relatives à la pluviométrie et aux températures permet de distinguer cinq grandes régions climatiques :
1o la côte orientale, à forte pluviométrie, forte humidité relative et saison sèche peu marquée (les températures moyennes sont élevées et décroissent vers le sud) ;
2o l’Ouest, moins arrosé, à saison sèche très marquée, possédant au point de vue des températures une nuance maritime et une nuance continentale ;
3o la région du bas Sambirano, à pluviosité élevée, saison sèche marquée et moyenne des températures élevée ;
4o l’extrême Sud et l’extrême Sud-Ouest, peu arrosés, mais avec des pluies régulièrement réparties dans l’année, une moyenne des températures moins élevée qu’ailleurs et une amplitude annuelle plus forte ;
5o les Hautes Terres, à climat tropical de montagne, avec une pluviosité comprise entre 1,3 et 2 m, et une saison sèche bien marquée.

Les grands domaines végétaux sont déterminés essentiellement par ces données climatiques. Le versant oriental de l’île, ainsi que la région du bas Sambirano, sont le domaine de la grande forêt tropicale humide. Celle-ci passe progressivement vers l’ouest à une forêt tropophile, de plus en plus sèche vers l’ouest et le sud-ouest. La végétation naturelle de l’extrême Sud et de l’extrême Sud-Ouest est un bush xérophile.

La végétation originelle forestière a été toutefois très dégradée par l’homme. Actuellement, la grande forêt humide ne demeure plus qu’en certaines parties du Grand Escarpement, remplacée ailleurs par une forêt secondaire à bambous et ravenala, appelée savoka. De même, la forêt tropophile a entièrement disparu des Hautes Terres et du Moyen Ouest, laissant la place à une prairie pauvre, et ne demeure plus, en lambeaux résiduels, que sur certains revers de cuestas de la zone sédimentaire.

R. B.


L’histoire


Les débuts

L’arrivée des premiers habitants de l’île, de même que leur provenance, n’a pu être située avec précision. Sur les origines du peuplement malgache, les hypothèses les plus diverses ont été émises, mais toutes se ramènent à une constatation essentielle : la population actuelle de l’île résulte du mélange, à des degrés différents, d’un peuple négro-africain et d’un peuplement malayo-polynésien originaire, selon toute vraisemblance, d’Indonésie.

Les peuples bantous n’ayant jamais été des navigateurs éprouvés, il est exclu qu’ils aient gagné l’île par leurs propres moyens. La thèse la plus communément admise aujourd’hui, notamment par Hubert Deschamps, est que le contact des deux populations s’est produit sur la côte orientale d’Afrique, qui aurait vu transiter les Proto-Malgaches en route vers Madagascar. Ainsi s’explique la double appartenance linguistique et culturelle de l’île au monde indonésien et au monde africain noir.

La date du ive s. apr. J.-C., qui est généralement avancée comme celle du débarquement des premiers immigrants, n’est que le résultat d’une moyenne à partir de données purement conjecturales.

Rien ne permet d’affirmer que les Anciens aient eu connaissance de Madagascar. Le Périple de la mer Érythrée, traité de navigation marchande rédigé en grec par un navigateur alexandrin, donne une description assez détaillée de la côte orientale d’Afrique vers le ier s. apr. J.-C. Toutefois, il est impossible de déduire avec certitude l’identité de Madagascar et de l’île Menouthias du Périple.

Par contre, Madagascar reçut probablement à mainte reprise la visite des navigateurs arabo-persans qui avaient fondé une série de comptoirs marchands sur la côte orientale d’Afrique. Au xiie s., ces villes sont au nombre d’une douzaine, dont les principales sont Pate (Patta), Malindi, Mombasa, Quiloa (Kilwa) et Sofala. Elles étaient des centres d’un commerce actif portant surtout sur l’exportation d’ivoire et d’esclaves. Les géographes arabes al-Idrīsī, Sulaymān al-Mahrī et ibn Mādjid connaissent Madagascar, qu’ils désignent sous le nom de Qumr. C’est probablement de cette époque que date l’islamisation des îles Comores et l’installation sur la côte occidentale de la Grande Île d’un peuplement composite, mélange d’Arabes, de Malgaches et d’Africains, les Antalotes (ou Antalaotes). Ceux-ci, qui étaient superficiellement islamisés, étaient soumis à une aristocratie arabe dépendant elle-même de la cité de Quiloa. Les Antalotes possédaient quelques petits comptoirs sur la côte nord-ouest de l’île, en relation avec les Comores. Des influences musulmanes se firent également jour sur la côte orientale où s’était établi le peuple antemoro, qui revendique des origines arabes.


Les navigateurs européens (1500-1810)

L’île fut reconnue pour la première fois en 1500 par un capitaine portugais de la flotte de Pedro Álvares Cabral. Dans les années qui suivirent, d’autres navigateurs portugais approchèrent des côtes de l’île et lui donnèrent le nom d’île Saint-Laurent, sous lequel elle est représentée avec une relative précision sur la carte de Pedro Reinel, dessinée en 1517. Tout au long du xvie s., l’île reçut la visite d’un certain nombre de navigateurs portugais, dont quelques-uns furent jetés à la côte par un naufrage (1527), mais ils semblent avoir assez peu influencé les populations locales.

Au début du xviie s., les Portugais envisagèrent de procéder à une reconnaissance systématique de l’île en vue d’une tentative de colonisation et de prosélytisme religieux. Cette tentative a été relatée par un jésuite, le R. P. Luis Mariano, qui a laissé l’une des premières descriptions de Madagascar. Bien que quelques traités d’amitié aient été passés avec des chefs côtiers, l’entreprise se solda rapidement par un échec, tant en raison de l’hostilité de certaines populations que de l’indifférence religieuse des Malgaches (1613-1619).

À partir de la fin du xvie s., Madagascar fut également visitée par d’autres navigateurs européens, des Hollandais — dont l’un, Frederik de Houtman, rédigea le premier dictionnaire malgache (1603) — et des Anglais, qui fondèrent en 1644 dans la baie de Saint-Augustin un établissement qui périclita rapidement.