Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Mac-Mahon (Edme Patrice Maurice, comte de) (suite)

Il participe à la guerre franco-allemande en qualité de commandant du 1er corps. La défaite de Froeschwiller (6 août 1870) oblige son corps d’armée à une retraite sur Châlons. Là Mac-Mahon reçoit l’ordre de se porter sur Metz, où Bazaine s’est laissé enfermer. Sans nouvelles de ce dernier, il tente de franchir la Meuse, mais, craignant d’être encerclé, il fait retraite sur Sedan. Blessé dès le début de l’investissement, Mac-Mahon est étranger à la capitulation (2 sept.). Prisonnier à Wiesbaden, il suit avec attention les opérations de défense nationale.

Cette carrière militaire, Mac-Mahon la termine, comme commandant de l’armée de Versailles, en reprenant Paris aux communards (1871). Thiers lui a confié trois corps d’armée avec lesquels il attaque les forts du sud de la capitale. Dépourvu de haine, il se montre humain à l’égard des insurgés et se déclare hostile à la terrible répression qui s’exerce malgré ses ordres.


Le gouverneur de l’Algérie (1864-1870)

Ce sens de l’humain, Mac-Mahon l’a déjà déployé en Algérie lorsqu’il en a été le deuxième gouverneur (1864-1870). Il y a reçu Napoléon III en 1865. L’empereur rêvait alors d’un royaume arabe autonome : craignant une réaction des colons, le maréchal dissuade l’empereur de son projet ; il estime que la pénétration française doit être encouragée tout en respectant les intérêts des indigènes. Il s’attache à favoriser la petite propriété des Arabes (cadastre) et donne à l’Algérie les structures d’une économie moderne (ports, routes, voies ferrées). Selon lui, c’est une sage administration qui favorisera à longue échéance la fusion des deux communautés.

Mais l’œuvre française est encore très fragile, comme le révèlent la famine et les épidémies de 1867-68, au cours desquelles le gouverneur porte secours aux populations éprouvées. Ces fléaux sont aussi l’occasion d’une querelle avec l’archevêque d’Alger, Mgr Lavigerie*, qui prétend convertir au christianisme les enfants qu’il a secourus lors de la famine.


Le président de la République (1873-1879) ; le septennat

Très représentatif, mais effacé, légitimiste, mais dénué d’ambition politique, Mac-Mahon apparaît à la droite monarchiste de l’Assemblée nationale élue au début de 1871 comme l’homme susceptible de remplacer Thiers, décidément trop républicain, à la tête de l’État.

Le 24 mai 1873, Thiers est renversé, et le maréchal est élu président le soir même. Il accepte, par devoir, la charge suprême. La réalité du pouvoir, c’est le duc de Broglie*, chef de la droite, qui l’exerce, en instaurant un régime d’« ordre moral » clérical pour préparer le retour au trône du comte de Chambord.

Mac-Mahon, secrètement favorable à cette éventualité, respecte cependant la neutralité présidentielle et refuse même de rencontrer le prétendant (9-21 nov. 1873). Après l’échec de la restauration, il laisse les chambres proroger ses pouvoirs et instaurer le septennat. Mac-Mahon décide alors de stabiliser le régime républicain en engageant le Parlement à rédiger les lois constitutionnelles de 1875.

Le septennat de Mac-Mahon marque le redressement définitif de la France après la guerre de 1870. Les origines aristocratiques du président facilitent les relations avec les cours d’Europe. Ses voyages le rendent populaire. Il parle aux paysans de leurs travaux et aux soldats de leurs campagnes. L’armée française retrouve un moral. En 1878, une Exposition universelle témoigne de l’effort accompli.

Après les élections de 1876, favorables aux républicains, le maréchal doit appeler un ministère de gauche présidé par Jules Simon. La campagne cléricale en faveur du pouvoir temporel du pape met Jules Simon en difficulté, l’obligeant à accepter l’ordre du jour de la gauche « contre l’agitation antipatriotique » du clergé.

Froissé dans ses sentiments religieux, Mac-Mahon contraint Jules Simon à démissionner (16 mai 1877) et le remplace par de Broglie. La question de la responsabilité présidentielle est posée. La Chambre ayant été dissoute après la protestation des 363, les élections sont l’occasion d’un combat où le président, partie prenante, parcourt les provinces tandis que Gambetta* le somme « de se soumettre ou de se démettre » (oct. 1877).

Mac-Mahon se soumet devant la majorité républicaine (13 déc. 1877, ministère Dufaure). Sorti vaincu de l’épreuve, il trouve dans la mise à la retraite de cinq généraux âgés le prétexte d’une démission que beaucoup souhaitaient (30 janv. 1879).

Retiré de la vie active, le maréchal partagera désormais son temps entre son hôtel parisien et son domaine du Loiret. Il sera inhumé aux Invalides.

P. M.

➙ Algérie / Franco-allemande (guerre) / République (IIIe).

 L. Grandin, les Gloires de la patrie française, le maréchal de Mac-Mahon (R. Haton, 1893, 2 vol.). / G. Hanotaux, Histoire de la France contemporaine, t. II : la Présidence du maréchal de Mac-Mahon (Combet, 1904). / J. Silvestre de Sacy, le Maréchal de Mac-Mahon, duc de Magenta, 1808-1893 (Éd. internationales, 1960). / F. Pisani-Ferry, le Coup d’État manqué du 16 mai 1877 (Laffont, 1965).

Macmillan (Harold)

Homme d’État britannique (Londres 1894).



L’ascension

Le père de Harold Macmillan était un pur Écossais, fils d’un pauvre paysan de l’île d’Arran venu tenter sa chance à Londres (où il s’établit comme libraire et prospéra après avoir fondé la célèbre maison d’édition du même nom). Sa mère était américaine.

Harold Macmillan grandit dans une atmosphère alliant le respect des affaires à celui de la culture. Toute sa vie, il gardera un double caractère d’intellectuel et de businessman. Grâce à la fortune et aux relations de sa famille, il est en contact dès ses plus jeunes années avec la haute société et le monde des lettres. En même temps que le goût des livres, il acquiert une vaste culture, des qualités originales d’expression, l’art des formules et des bons mots. Après de brillantes études à Eton, il devient étudiant du Balliol College à Oxford. Oxford, dont il a célébré la « douceur de vivre » en ces années 1912-1914, restera pour lui une sorte de patrie intellectuelle et sentimentale (aucun honneur ne lui tiendra plus à cœur que d’être élu en 1960 chancelier de l’université). Il termine la Première Guerre mondiale comme capitaine. En 1920, il épouse lady Dorothy Cavendish, fille du duc de Devonshire.