Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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machinisme agricole (suite)

Ainsi, le nombre de corps montés sur la même charrue a augmenté, et également la largeur de travail de chaque soc. On trouve couramment des charrues réversibles à 3 ou 4 corps et des charrues simples à 5 ou 6 corps, la limite étant donnée, d’une part, par les disponibilités de puissance et d’efforts et, d’autre part, par le poids et l’encombrement de la charrue. Il est difficile de réaliser des charrues réversibles portées de plus de 4 corps pour des raisons d’équilibre du tracteur. Etant limité en encombrement, on en arrive à supprimer les rasettes et à les remplacer par des déflecteurs cintrés, placés en haut du versoir, et à incorporer le coutre au corps de charrue pour constituer une « étrave » en avant du versoir.

L’accroissement des puissances permet l’approfondissement des labours, mais cet approfondissement présente rarement un intérêt agronomique. Par contre, l’accroissement possible de la vitesse d’avancement serait économiquement intéressant s’il ne risquait pas, simultanément, de faire des labours trop émiettés, déconseillés en terres fragiles.

Actuellement, des recherches sont entreprises pour améliorer les performances des charrues en conservant la qualité de leur travail ou pour remplacer ce travail coûteux en énergie et en temps par d’autres opérations culturales.

Les charrues à disques. Sur quelques charrues, soc, versoir et coutre sont remplacés par une calotte sphérique à bord tranchant couramment appelée disque. Ce disque tourne autour d’un axe fixe, et le plan de la calotte est doublement incliné par rapport à la direction d’avancement (angle d’attaque) et par rapport à la verticale (angle d’entrure). L’action du disque est souvent complétée par un déflecteur, parfois appelé versoir de disque. Le retournement de la bande à section elliptique est très partiel, et l’émiettement est souvent beaucoup plus poussé que sur les charrues à socs et versoirs. L’usage des charrues à disques est réservé soit à certains défrichements, soit à un travail dans des terres caillouteuses et très usantes. En France, les ventes de charrues à disques n’atteignent pas 2 p. 100 du total des ventes de charrues.

• Travail profond sans retournement. Dans le dessein de supprimer les labours, on a tenté par divers moyens de travailler profondément le sol sans faire appel à la charrue.

La sous-solease comporte un châssis très robuste portant un coutre-étançon muni à sa base d’un soc plan. Elle pénètre à 60 ou 80 cm de profondeur et ébranle la masse de terre qui l’entoure sur une largeur du même ordre de part et d’autre de la saignée. Son efficacité est plus grande en terre sèche. Munie d’un soc arrondi coupé en sifflet et prolongé par un obus oblong, une telle machine permet de faire des galeries de drainage. Il faut alors passer l’outil en terre humide et suffisamment plastique ; l’appareil est alors appelé charrue-taupe. La sous-soleuse est surtout un engin utilisé en travaux préculturaux (destruction d’un sous-sol très dur) et en assainissement (drainage-taupe).

Le chisel est un appareil à dents, dérivé du cultivateur qui sera évoqué plus loin dans les appareils pour façons superficielles. Un fort bâti à 2 ou 3 poutres transversales porte des dents, souvent cintrées et vibrantes, comportant à la partie inférieure des pièces travaillantes de formes variées appelées socs. Le dégagement sous le bâti est supérieur à 60 cm, et l’écartement de deux dents traçant des sillons voisins est de l’ordre de 30 cm. L’appareil est prévu pour travailler à plus de 20 cm de profondeur et à grande vitesse d’avancement (10 à 12 km/h). Le passage du soc provoque un ébranlement en profondeur, variable avec la nature et l’humidité du sol, et la forte vitesse d’avancement projette la terre en une trajectoire courbe, ce qui provoque un certain retournement et un certain mélange superficiel. Cette action du chisel, que l’on peut accentuer en croisant les passages, est différente d’un labour, mais permet dans certains cas de ne pas faire de labour avant le semis.

La puissance absorbée est importante, de l’ordre de 15 ch par dents, mais la vitesse rapide d’avancement permet de tirer profit des chevaux des tracteurs puissants, qui sont, en général, trop légers pour pouvoir exercer des efforts très élevés (manque d’adhérence). Le chisel est aussi employé de façon courante à profondeur plus faible et avec des dents vrillées pour faire du déchaumage (mélange préalable des pailles à enfouir avec la terre de surface) juste après la moisson et avant le labour.

Les instruments commandés par la prise de force du tracteur permettent, si l’on dispose d’une forte puissance, de travailler une épaisseur notable de terre.

L’appareil commandé le plus courant comporte des bêches coudées disposées sur des flasques en rotation autour d’un arbre transversal par rapport à la direction d’avancement. On le désigne souvent par un nom de marque : le Rotavator. La commande de l’arbre se fait par renvoi d’angle à partir de la prise de force du tracteur. La puissance absorbée est importante, mais la rotation du rotor à bêches dans le même sens que les roues du tracteur atténue les problèmes d’adhérence puisque l’outil pousse le tracteur. L’ameublissement du sol est plus important que sur les appareils non commandés. Les matières végétales et le fumier sont mélangés à la terre sans véritable retournement. L’intensité du travail dépend de la vitesse de rotation du rotor, de la vitesse d’avancement, du nombre de bêches par flasque et de l’inclinaison du tablier-déflecteur monté à l’arrière de la machine. Ces divers facteurs étant réglables, l’emploi judicieux d’un appareil rotatif commandé demande une expérience encore plus grande que celui de la charrue.

Le Rotavator est très employé en maraîchage, en terres stables, très humifères. En grande culture, il est très rare de le voir utiliser en remplacement de la charrue. Son usage courant concerne certains types de reprise de labour.

Il existe d’autres types d’instruments commandés, rotatifs à axes verticaux, ou à mouvements alternatifs, mais qui correspondent surtout à des travaux de reprise de labour.