Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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machinisme agricole (suite)

La préparation du terrain en vue d’une culture

De façon courante, la préparation d’un terrain agricole en vue de l’implantation d’une culture comporte trois opérations élémentaires, auxquelles correspondaient trois grands groupes de machines :
— le travail du sol → matériels aratoires ;
— la fertilisation → épandeurs ;
— le semis → semoirs.

Sur les matériels modernes, on tend à regrouper les opérations sur des machines uniques complexes.

Toutes ces opérations ont pour but de placer la culture dans les conditions les meilleures pour que les graines germent, lèvent et poussent ; elles sont toutes mécanisées en grande culture.

• Le travail du sol
Ce secteur est l’un des plus importants de l’agriculture. En France, il se vend tous les ans plus de 50 000 charrues, soit un peu moins d’une charrue par tracteur vendu.

Le travail du sol est un domaine traditionnel que l’on croyait parfaitement stable jusqu’à ces toutes dernières années. L’évolution récente des tracteurs (augmentation de la puissance) et des techniques culturales (recherche de la simplification) remet en cause les solutions traditionnelles.

Les objectifs généraux du travail du sol sont les suivants :
— créer un état structural (dimension et disposition des agrégats de terre) favorable au développement des plantes ;
— éliminer les plantes adventices (mauvaises herbes) ;
— enfouir la végétation, le fumier, les engrais, etc. ;
— faciliter la circulation de l’air et de l’eau.

Pour atteindre ces objectifs, l’agriculteur dispose de nombreux matériels, mais surtout des agents naturels (pluie, froid, chaleur), et tout l’art de la préparation du sol consiste à combiner au mieux tous ces facteurs, dont les plus importants sont aléatoires.

On classe souvent les matériels en deux grandes catégories, correspondant, en gros, à deux types de travaux :
— le travail profond de toute la couche arable, et en particulier son retournement (labour) ;
— le travail superficiel concernant surtout la zone de premier développement de la graine et de la plantule (préparation du lit de semence).

• Labour.
Définition de l’opération. On découpe une bande de terre que l’on retourne plus ou moins, afin de soumettre les parties profondes aux agents atmosphériques. Le sol est ameubli, la végétation de surface est enfouie. Les caractéristiques recherchées sont très variables selon les sols et les climats.

Formes et dimensions des labours. La charrue ouvre un « sillon » dont la partie inférieure, généralement horizontale, constitue le « fond de raie », et la partie verticale, « la muraille ». La partie non labourée est souvent appelée guéret. Les bandes de terre retournées s’appuient les unes sur les autres, en s’inclinant plus ou moins, selon le rapport entre la profondeur et la largeur du labour ; par exemple, un labour « normal » a un rapport largeur/profondeur voisin de 1,4 ; les bandes sont alors inclinées à 45°. La profondeur du labour est choisie en fonction de la culture envisagée, du sol, et du climat. Le labour moyen s’effectue à 20-25 cm environ. L’intensité de l’émiettement de la terre, qui est fonction de la forme des pièces travaillantes et de la vitesse d’avancement, est très variable et permet la distinction entre plusieurs formes extérieures de labour (labour jeté, arrondi, anguleux, moulé, etc.). Par exemple, dans une terre sensible à la « battance » (action brutale d’une chute de pluie sur les éléments fins de certains sols), on réalisera un labour d’hiver dressé, anguleux, conservant les grosses mottes.

Une autre distinction à propos des labours concerne le mode de travail : si la charrue verse toujours du même côté, on est obligé de tourner pour réaliser une « planche » ; si, au contraire, la charrue peut verser la terre à droite ou à gauche, on effectue un « labour à plat ». Généralement, le labour en planche est fait avec une charrue simple, et le labour à plat, plus courant, est fait avec une charrue réversible dont les corps sont disposés symétriquement par rapport à un axe de rotation.

Les charrues à socs et versoirs. Les types de charrues sont assez divers, mais toutes les charrues comportent les mêmes éléments de base, en un ou plusieurs exemplaires. On distingue des pièces supports et des pièces travaillantes :
— pièces supports : longeron horizontal et étançon vertical, constituant l’âge ; sep, contresep et talon ;
— pièces travaillantes : soc et versoir, constituant le corps de charrue ; rasette et coutre.

Les pièces travaillantes se fixent sur les pièces supports.

Le soc découpe horizontalement et soulève la bande de terre. Son plan est incliné par rapport à l’horizontale, et son taillant est oblique par rapport à la muraille. Il travaille comme un rabot, et son usure peut être rapide en terrain siliceux.

Le versoir prolonge le soc sans rupture de pente. C’est une surface métallique plus ou moins gauche qui assure le retournement et la dislocation de la bande de terre découpée. On distingue des versoirs cylindriques (découpés dans une surface cylindrique), des versoirs hélicoïdaux (découpés dans une surface gauche voisine de l’hélicoïde) et des versoirs mixtes, dits « versoirs américains », dont la partie avant est cylindrique et la partie arrière plus ou moins déformée en hélice. En outre, ces versoirs sont plus ou moins longs, plus ou moins hauts, et ils s’écartent plus ou moins du plan vertical de la muraille. Ils peuvent être allongés par des pièces amovibles dites « rallonges de versoir ». Leur action sur le sol est très variable selon la nature et l’état d’humidité des sols. En terre meuble, peu argileuse, peu humide, le maximum d’émottage s’obtiendra avec un versoir cylindrique à angle important d’écartement. Mais, dans une terre argileuse et humide ayant tendance à se recompacter, il est possible que le même versoir cylindrique effectue un labour motteux et très dressé. Le labour est donc un art qui demande beaucoup de pratique et un vif esprit d’observation.

Le coutre est une lame verticale fixée sur l’âge par une bride. Il découpe verticalement la terre, légèrement en avant du soc, et forme ainsi la muraille.

Cette lame est parfois remplacée par un disque vertical rotatif qui découpe plus facilement les débris végétaux à enfouir.

La rasette, sorte de corps de charrue miniature, découpe une petite bande de terre (quelques centimètres de profondeur) en avant de la bande principale. Son rôle est de mieux enfouir la végétation.

La disposition et la nature de ces pièces travaillantes sont restées identiques depuis l’invention de la charrue, dont l’araire est l’ancêtre.

Les évolutions récentes sont surtout des conséquences de l’augmentation de la puissance disponible.