Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Macédoine (suite)

 A. Belitch, la Macédoine, études ethnographiques et politiques (Bloud et Gay, 1919). / S. Casson, Macedonia, Thrace and Illyria (Oxford, 1926). / J. Ancel, la Macédoine, étude de colonisation contemporaine (Delagrave, 1930). / C. J. Christides, The Macedonian Camouflage in the Light of Facts and Figures (Athènes, 1949 ; trad. fr. le Camouflage macédonien à la lumière des faits et des chiffres, Athènes, 1949). / E. Barker, Macedonia, its Place in Balkan Power Politics (Londres et New York, 1950).

Macédoine

En serbo-croate Makedonija, république fédérée de Yougoslavie ; 25 713 km2 ; 1 730 000 hab. Capit. Skopje.


La population s’est accrue d’environ 600 000 habitants (plus de 40 p. 100) depuis 1948. Le taux annuel moyen de croissance a avoisiné 1,6 p. 100 dans le courant des années 60 ; il est inférieur à 1’excédent naturel, qui compte parmi les plus élevés de Yougoslavie (2 p. 100) ; la Macédoine est une région d’émigration définitive en direction de la Serbie du Nord ou temporaire de travailleurs vers l’Allemagne occidentale et la France. Bien que l’indice de la production industrielle ait sextuplé depuis 1957, les investissements affectés à l’industrialisation n’ont pas encore donné de résultats satisfaisants. La république ne produit pas de charbon et moins de 1 TWh par an ; 240 000 t de minerai de fer et 45 000 t de minerai de chrome sont extraites. Cependant, l’aciérie de Skopje (ou Skoplje) fournit plus de 1,5 Mt. La république se compose de 30 communes de taille très variable, de 9 000 à près de 400 000 habitants chacune. Skopje, la capitale, en rassemble 387 000, comprenant la ville de Skopje proprement dite et de nombreuses localités des environs. Les communes de Tetovo (131 000 hab.), de Bitola (ou Bitolj) [124 000 hab.] et de Kumanovo (113 000 hab.) sont formées autour d’autres villes moins importantes.

La vallée du Vardar forme l’axe de la Macédoine. Elle ouvre des défilés dans les seuils montagneux et s’élargit dans de beaux bassins tectoniques remplis de dépôts néogènes, comme le Tikveš, aux hivers doux, grande région de la culture du pavot, du coton et du riz ; le bassin de Titov Veles, spécialisé dans le tabac ; celui de Djevdjelija, à la frontière grecque. Le plus vaste et le plus peuplé est le bassin de Skopje, où les réformes agraires ont découpé les grands domaines ottomans, les çiftlik, et où quelques exploitations d’État ont assaini les marais, développé l’irrigation et propagé des cultures et des élevages industriels. Grand bazar turc, Skopje a été ravagée par le séisme de 1963 et reconstruite sur une très vaste étendue. Le nouveau combinat sidérurgique, occupant plus de 6 000 salariés, est en passe de rénover complètement la structure socio-professionnelle et l’activité de la ville. Outre ses fonctions de capitale de la république, qui en font un centre administratif et culturel d’université compte plus de 10 000 étudiants), la ville est le centre de passage et de redistribution d’un demi-million de touristes (dont le tiers d’étrangers) visitant la Macédoine.

La partie occidentale de la république est la plus peuplée. Des massifs élevés s’opposent à des bassins profonds. Les hauts sommets dépassent 2 700 m. Les alpages, étendus sur des plates-formes schisteuses ou calcaires, sont encore fréquentés par des troupeaux d’ovins ; regroupés en coopérative, les éleveurs pratiquent la transhumance et fabriquent le fromage traditionnel des Balkans, le katchaval. Les bassins, limités par de beaux escarpements de faille, sont des foyers d’agriculture riche et d’artisanal traditionnel rénové par le tourisme : ainsi le Polog (en partie irrigué, aux gros villages groupés, centre d’industries alimentaires et du cuir), les bassins de Prespa et d’Ohrid, occupés par les lacs. Le bassin de Prespa souffre dans son développement de la proximité des deux frontières grecque et albanaise. Celui d’Ohrid devient, avec la bourgade pittoresque du même nom, un des plus célèbres centres touristiques des Balkans. Enfin, la Pélagonie représente un fond de lac asséché, où un beau réseau d’irrigation a permis le développement des cultures subtropicales (coton, riz), de la culture de la betterave à sucre et d’un élevage intensif fondé sur la production de fourrages. Bitola reste la capitale de la soie, alors que Prilep est celle du tabac.

La Macédoine orientale, plus isolée, moins peuplée, est également moins développée sur le plan économique. L’élevage transhumant décline, et l’activité minière traditionnelle a été rénovée près de Kratovo (plomb et zinc). La vallée de la Bregalnica exploite la rizière la plus étendue des Balkans. Les combinats textiles assurent l’activité de la ville de Stip. Mais les montagnes, le bassin du lac de Dojran, la vallée supérieure de la Strumica souffrent de la proximité des frontières fermées séparant la république des Macédoines grecque et bulgare.

La Macédoine fait partie des régions sous-développées de la Fédération, recevant à ce titre un supplément d’investissements. Elle semble avoir réussi son décollage économique, et le taux de croissance annuel moyen s’élève à 12 p. 100. Mais ses chances seraient plus grandes si l’axe Morava-Vardar était valorisé par des communications et un trafic plus considérables. À cet égard, la construction d’un oléoduc Thessalonique-Skopje représente une chance nouvelle.

A. B.

Macédoine (campagnes de) [1915-1918]

Ensemble des opérations militaires qui opposèrent, en Macédoine, les forces alliées aux Austro-Germano-Bulgares.


À l’automne de 1915, après deux années d’une relative tranquillité, les Balkans sont de nouveau replongés dans la guerre. Pour répondre à la menace alliée sur les Dardanelles, les Allemands gagnent en effet à leur cause la Bulgarie, dont ils exploitent les rancœurs laissées par son échec dans la deuxième guerre balkanique de 1913. Pour Berlin, l’intervention bulgare fait coup double : d’une part, elle assure la liaison avec Constantinople ; de l’autre, elle doit permettre d’éliminer l’abcès du front serbe, que les Autrichiens ne parviennent pas à liquider.