Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Lyon (suite)

Les problèmes d’urbanisme sont débattus à la fin du siècle : deux grands projets prévoient l’extension de la ville, sur la rive gauche du Rhône et au sud de la presqu’île. Dans les deux cas, des quartiers au tracé régulier devaient être desservis par des canaux de dérivation et agrémentés de jardins. Mais ces entreprises dépassaient les possibilités financières de la ville, et l’extension anarchique les remplaça. Un projet peu connu de palais impérial, dans le quartier Perrache, eut le même sort que celui de Chaillot à Paris.

La « fabrique » occupait de nombreux peintres-dessinateurs en soierie ; l’éducation artistique, d’ailleurs, étaient souvent conçue à Lyon dans une optique utilitaire. Mais la réussite esthétique de Philippe de La Salle, rénovateur du tissage des soies brochées (1723-1804), et surtout celle du peintre Jean Pillement (1728-1808) marquèrent le xviiie s. lyonnais.

Destructeurs de maisons et de couvents, les Révolutionnaires eurent le mérite de créer dans l’ancien monastère de Saint-Pierre le musée des Beaux-Arts, qui s’y trouve encore. Cette fondation put influencer les peintres lyonnais du xixe s. En tout cas, c’est à la tradition davidienne que se rattache le double courant préraphaélite (Victor Orsel [1795-1850], Jean-Louis Janmot [1814-1892]) et ingriste (les frères Auguste [1804-1842], Hyppolyte [1809-1864] et Jean-Paul [1811-1902] Flandrin). Si l’on y ajoute le symbolisme de Puvis de Chavannes* ainsi que les œuvres d’Auguste Ravier (1814-1895) et de Louis Carrand (1821-1899), qui décrivent la lumière extérieure à l’écart de l’impressionnisme et sans aucun esprit d’école, on perçoit l’existence d’un milieu riche, encore peu connu.

En architecture, la richesse de la ville et sa piété firent se multiplier les pastiches religieux, dont le plus notoire est la basilique de Fourvière. Au début du xxe s., Tony Garnier (1869-1948), guidé par une réflexion sociale, créa des édifices fonctionnels (hôpital Édouard-Herriot, stade, abattoirs...). Après la tentative urbanistique de la Duchère, le Centre directionnel de la Part-Dieu rachètera-t-il la médiocrité de certaines réalisations municipales contemporaines ? L’hôpital cardiologique est une œuvre qui retient l’attention.

La centralisation parisienne dans le domaine des arts plastiques joue au détriment de Lyon comme d’autres villes de province, qu’elle maintient à l’écart du circuit des grandes expositions. Cependant, elle n’a pu empêcher la création de remarquables musées spécialisés : après celui des Tissus (seconde moitié du xixe s.), ceux des Arts décoratifs, de la Marionnette et surtout de l’Imprimerie. Plus encore, et surtout depuis le second après-guerre, se multiplient les galeries exposant de nombreux peintres et sculpteurs, lyonnais ou non. Des tendances très variées sont représentées, avec la persistance d’un caractère commun : le goût du beau métier. Et certains de ces artistes prêtent leur concours au renouveau théâtral qui se manifeste au même moment dans la région lyonnaise.

E. P.

 Visages du Lyonnais (Horizons de France, 1953). / R. Jullian, Lyon (Laurens, 1960). / V.-H. Debidour et M. Laferrère, Lyon et ses environs (Arthaud, 1969). / H. Hours, Présence de la Renaissance (Éd. Réalisation, Lyon, 1971).

lyophilisation

Méthode particulière de déshydratation à basse température.



Principe

Dans la lyophilisation, encore appelée cryodessiccation, on congèle la matière à traiter, puis on la place sous une pression réduite telle que la glace formée au premier stade se sublime. La substance se dessèche ainsi en conservant au mieux ses diverses qualités ; en outre, la sublimation des cristaux de glace laisse une structure finement poreuse qui facilite la réhydratation : ce sont là les deux avantages essentiels qu’offre la lyophilisation sur les autres techniques de séchage. Introduite dès 1906 par Arsène d’Arsonval (1851-1940) et Bordas, cette méthode a été utilisée à partir de 1935 pour préparer des substances biologiques à usage médical ; son domaine s’est étendu aux aliments vers 1955, puis à certains secteurs de l’industrie chimique.


Techniques de mise en œuvre

La lyophilisation associe deux techniques (froid et vide), qu’on met en œuvre avec d’autant plus de rigueur que la substance traitée est plus fragile et que la qualité finale du produit lyophilisé doit être plus élevée. La congélation doit réaliser la solidification totale de la substance (– 40 à – 60 °C). La dessiccation s’effectue sous une pression de l’ordre de 1 à 0,1 millibar. À ce stade, l’air est enlevé en général par des pompes à vide rotatives, et la vapeur d’eau est condensée sur un « piège froid » (à – 50 ou – 60 °C). Il faut fournir de la chaleur au produit pour sublimer la glace (ce qu’on obtient en le plaçant sur des plaques chauffantes ou encore par effet diélectrique), mais sans atteindre la température de fusion de la substance. Lorsque toute la glace est sublimée, le produit contient encore de l’eau « liée », qu’on élimine en grande partie au cours de la phase de dessiccation complémentaire (ou désorption) en continuant à chauffer le produit, qui, à ce stade, supporte sans dommage une température plus élevée. D’une façon générale, le produit lyophilisé est d’autant plus stable que l’humidité résiduelle est plus faible.

La durée du cycle de séchage varie beaucoup (de quelques minutes à plus de dix heures) en fonction de la nature et des dimensions du produit. Pour des raisons économiques évidentes, on s’efforce de réduire cette durée par une régulation coordonnée de la température et de la pression, par l’agitation ou la « fluidisation » des granulés à sécher, etc. Pour les mêmes raisons, on met au point des installations fonctionnant « en continu ».

Les substances lyophilisées sont très hygroscopiques : elles doivent donc être conservées à l’abri de l’humidité et aussi de l’oxygène ; elles sont en général emballées sous vide ou sous atmosphère inerte (azote).